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Roland Garros : David Goffin de nouveau face au piège transalpin

Tout le monde le sait,  le tennis belge a connu des moments d'une autre plénitude qu'aujourd'hui où seuls quatre de nos compatriotes sont qualifié(e)s au tableau final du Grand Chelem le plus proche de la maison. En même temps, dans un contexte de plus en plus relevé chez les filles comme chez les garçons, deux d'entre eux (elles) figurent dans le Top 20 mondial, l'une ayant joué cette année une finale WTA 250 à Istanbul et l'autre s'étant imposé dans un ATP 250 à Montpellier. Si l'on est aussi parfois resté sur notre faim, ce n'est quand même pas rien.

On commence avec David Goffin. Il ne faut pas avoir une mémoire d'éléphant pour se souvenir de la manière désolante dont il a quitté tête basse le Roland Garros automnal 2020 dans la triste grisaille d'octobre. Il venait de s'incliner sans discussion face à Yannick Sinner, le jeune prodige italien auquel on promet le plus bel avenir. Il arrive que l'histoire repasse les plats, même si on ne préférerait pas. Le tirage au sort lui a, en effet, attribué cette année au premier tour l'autre petite merveille en devenir du tennis transalpin en plein boum. Lorenzo Musetti, 19 ans, 76e mondial, a manifestement l'avenir devant lui et l'invincible insouciance de la jeunesse. Dernièrement à Lyon, il a été demi-finaliste en prenant un set à Tsitsipas, après avoir battu Auger-Allassime, Korda... et Bedene qui venait tout juste de battre David. En mars, il avait aussi atteint les demi-finales, sur dur, à Acapulco en sortant des qualifications. Bref, c'est le piège italien dans toute sa splendeur, le Liégeois, qui ne l'a jamais affronté sur le circuit, en est bien conscient.

"Il est clairement à l'aise sur la terre battue"

"C'est vrai que Musetti est très doué, pour son âge il est déjà bon physiquement et assez confortable sur la surface", dit David Goffin, "on voit tout de suite qu'avec sa technique, la manière dont il joue, de bonnes frappes un peu plus hautes, lourdes et liftées, il est clairement à l'aise sur la terre battue. Il va falloir lui couper les trajectoires, prendre la balle tôt, jouer plus vite que lui parce que s'il a le temps, il sera dans un fauteuil. C'est clair que pour un premier tour il sera dur à battre. D'un autre côté, il n'a jamais disputé un match au meilleur des cinq manches, et je sais que, quand je joue bien, je peux ennuyer ce genre de joueur, avec beaucoup de concentration, de jeu de jambes, de créativité pour l'agresser." Cette manière de (bien) jouer David l'a déjà retrouvée à l'une ou l'autre reprise cette année, comme lors de la remarquable finale de Montpellier contre Bautista Agut, mais il n'est jamais parvenu à faire réellement décoller la machine sur un plus long terme. 

"Je ne suis pas en mode où je me dis que mon jeu est en place"

On sent encore clairement pointer le doute qui mine la confiance de notre compatriote. "Je cherche toujours ce relâchement qui permet de jouer plus longtemps avec une bonne intensité, qui fait en sorte que la balle aille vite. Parfois, je crois l'avoir (re)trouvé, il y a eu de très bons passages cette saison, mais je n'arrive pas à enchaîner, peut-être par ce que j'arrive alors un peu trop confiant, convaincu que j'ai le match dans la raquette. La blessure de Barcelone est aussi vraiment mal tombée. Bref, au lieu de faire grandir la confiance, cela remet des doutes dans la tête, et il faut à nouveau recommencer, puiser mentalement, retravailler, se relancer. Clairement, je ne suis toujours pas en mode où je me dis que mon jeu est en place, où je suis dans la spontanéité, où tout coule de source, mais encore dans la rigueur et l'application pour que, petit à petit, la confiance augmente."

"Roger... je suis sûr qu'il a Wimbledon en tête"

Après la déception de Lyon, "on a essayé de bien préparer Roland, et je crois vraiment qu'on a bien travaillé, je me sens mieux sur le court, plus en confiance à l'entraînement." David sortait justement vendredi de deux heures de séance sur le Central avec un certain Roger Federer, et on se doute que le sujet est venu sur la table. "Cela m'a fait plaisir, il y avait longtemps que cela ne nous était plus arrivé", appréciait-il, "l'ambiance était bonne et j'ai trouvé Roger plutôt en forme, affûté, à 100 %. Maintenant il doit pouvoir enchaîner sept matches pour espérer gagner un Grand Chelem. J'espère pour lui qu'il en sera capable... et qu'il pourra encore jouer dix ans (grand sourire). En tout cas, on était tous les deux bien en jambes, cela allait vite, il fait désormais un peu plus chaud, la terre est plus sèche et plus rapide. A cet âge, quasi 40 ans, il doit évidemment jouer un peu différemment, abréger les points, avec des objectifs ciblés. Il a dit que le premier c'était Wimbledon, qu'il vient ici pour prendre de la confiance, et je suis sûr que c'est bien Wimbledon qu'il a en tête."


Elise Mertens vise les huitièmes de finale...

Le cas d'Elise Mertens est différent. Déjà, son premier tour, face à la qualifiée australienne Storm Sanders 161e mondiale, n'a rien à voir avec la difficulté qui attend David d'entrée. Ensuite, elle est la régularité même, ce qui en fait une Top 10 mondiale (7e exactement) à la Race qui ne comptabilise que les résultats de l'année. Elle joue beaucoup, simple et double, elle adore ça, et bien sûr cela gonfle le compte en banque. Un statisticien WTA a fait les comptes depuis 2017 : tout compris, c'est largement elle qui a disputé le plus de matches sur le circuit ces quatre dernières années. Bien sûr, on peut se demander si sa carrière en simple ne gagnerait pas, comme celle de son ex-équipière Sabalenka, à mettre le double (où elle est numéro deux mondiale) entre parenthèses. Il arrive d'ailleurs que son corps manifeste ouvertement son mécontentement... pectoraux, dos, adducteurs... Elise, après avoir magnifiquement battu Simona Halep à Madrid, a ainsi dû convenir que son organisme avait un urgent besoin de repos. "Cela m'a fait du bien d'être à la maison, de faire un break avant de retravailler ma condition, je n'ai refrappé pour la première fois la balle dans des conditions de match que jeudi, et je me sens bien, beaucoup mieux qu'il y a trois semaines", dit-elle. "Ces deux dernières années, j'ai chaque fois atteint le troisième tour ici, je me dois donc viser au minimum les huitièmes de finale - qui sait, en quart, la Limbourgeoise pourrait jouer un grand match contre Iga Swiatek, la lauréate de l'an dernier, ndlr". 

... Et voit Sabalenka gagner le tournoi

Lorsqu'on lui demande où elle se situe dans la hiérarchie sur terre battue, notre compatriote ne sait trop quoi répondre. "J'ai déjà battu de bonnes joueuses, je ne me situerais pas parmi les grandes favorites, mais pas non plus parmi celles qui ne peuvent pas gagner", sourit-elle. "Une chose est sûre, le tennis féminin est plus fort qu'avant. Je me souviens de ma première victoire à Hobart, avec le niveau de jeu qui était le mien à l'époque, je ne gagnerais certainement plus aujourd'hui." Quant à savoir qui elle voit soulever la Coupe Suzanne Lenglen dans deux semaines, la réponse fuse : "Je m'attends à ce que Sabalenka soit tout tout près, elle a gagné Madrid avec un tennis hyper agressif; si elle arrive à reproduire un tel niveau de jeu je ne vois pas trop ce que l'on peut faire contre elle." Selon son habitude, Elise jouera donc aussi en double. Avec sa nouvelle partenaire, la Taïwanaise Hsieh Su-Wei. "On n'a encore pu jouer que deux matches ensemble, on va voir ce que cela donnera ici, puis sur herbe, ensuite on avisera", dit-elle. Quant à son équipière belge pour les Jeux de Tokyo, sans surprise il s'agira soit de Kirsten Flipkens, soit d'Alison Van Uytvanck. "Je leur en ai parlé, Kirsten est blessée pour l'instant, et il faut voir comment elle va se remettre, mais j'aimerais être fixée au plus vite.

Dommage pour Kimmer, dur dur pour Greet

On a bien cru que Kimmer Coppejans serait le cinquième Belge dans le tableau final parisien, il en avait le niveau. Face au Colombien Daniel Elahi Galan, 106e mondial et tête de série N2, il a en effet mené un set zéro (7-5) et servi pour la victoire à 5-4 dans la deuxième manche, gâchant notamment un smash facile qui lui aurait donné balle de match. Malheureusement, il n'est pas arrivé à conclure, et en a payé le prix, son adversaire a saisi l'occasion d'égaliser dans le tie-break avant de réussir un break nécessaire et suffisant au début du set décisif (4-6). Quant à Greet Minnen, qui s'était qualifiée la veille, elle a hérité d'un tout gros morceau au tirage au sort en la personne de Petra Kvitova, 12e mondiale, qui l'a déjà battue au premier tour de l'Open d'Australie. On sait qu'Alison Van Uytvanck, qui n'a pas gagné un match depuis son opération au genou en février, débutera, quant à elle, contre l'Italienne Martina Trevisan (WTA 97). A noter qu'aucun(e) Belge ne figure au programme de dimanche.
 

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