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Fed Cup, Belgique-Espagne 2-3 : Ysaline qui rit, qui pleure, qui n'oubliera jamais...

Alors que l'on ne s'y attendait pas particulièrement après le forfait d'Elise Mertens, le week-end de Fed Cup à Courtrai fut une véritable propagande pour le tennis féminin. Malheureusement, il a manqué le bouquet final sur l'ouvrage côté belge, ce qu'auraient largement mérité Kirsten Flipkens et Ysaline Bonaventure, héroïnes inattendues, à deux doigts d'un exploit retentissant. On perd notre place parmi les huit meilleures nations mondiales... vraiment dommage... mais un grand bravo tout de même !

L'image était édifiante. Alors que, de l'autre côté du filet, Ysaline Bonaventure éclatait en sanglots, la frustration - teintée là d'une pointe de soulagement - se lisait paradoxalement aussi sur le visage de l'Espagnole Garbine Muguruza, 19e mondiale, lauréate de deux Grands Chelems et ancienne numéro une mondiale, même après la victoire décisive remportée en double avec Carla Suarez Navarro, 27e mondiale, qui a propulsé à elle toute seule l'Espagne parmi les huit meilleures nations mondiales. Muguruza n'avait sûrement jamais imaginé pareil week-end pascal qui la verrait s'incliner en simple, non seulement face à Flipkens mais également contre Bonaventure, 122e à la WTA. Quand elles alignent leurs premières joueuses les Espagnoles ont évidemment leur place dans le groupe mondial, mais la Belgique tout autant si l'on en juge par les quelques performances réalisées sur le court courtraisien en l'absence de notre 18e mondiale. Et forcément, lorsqu'on perd de si peu, la question de savoir si avec Elise Mertens, qui joue cette semaine sur terre battue à Stuttgart, on ne l'aurait pas emporté finit par s'imposer sur toutes les lèvres. Ni le capitaine Johan Van Herck, ni les joueuses qui étaient là ce week-end, n'ont semblé livrer vraiment le fond de leur pensée, tout le monde a adroitement éludé le sujet. "Celles qui ont joué ont tout donné, c'est ce qui compte", a-t-on entendu diplomatiquement. On est évidemment plus fort et on a plus de chances de s'imposer quand on peut présenter une équipe au complet, avec une jeune Top 20 qui plus est, mais si Elise - qui a perdu ses deux matches contre la France à Liège en février ne l'oublions pas non plus - avait été là, est-on sûr que Kirsten aurait joué en simple le samedi et Ysaline le dimanche ? Or, ce sont justement ces deux-là qui ont remarquablement maintenu l'équipe dans la rencontre jusqu'à la dernière balle... 

Bonaventure... malgré une contracture

Pour résumer, on ne réécrit pas l'histoire, et dans celle qui nous occupe la grande petite bonne femme du week-end s'appelle Carla Suarez Navarro, elle a largement dominé Alison Van Uytvanck et Yanina Wickmayer - qui sont passées à côté du sujet et n'ont pas eu voix au chapitre il faut le dire aussi - avant de tenir un double acharné d'une poigne de fer, "un double qui sans elle n'aurait eu aucune raison d'être" reconnaissait Muguruza sans même esquisser un sourire. Derrière elle, Kirsten Flipkens et Ysaline Bonaventure ont crevé l'écran chacune à leur manière. La première samedi avec une inespérée démonstration tennistique d'un autre temps qui, au delà du résultat, fait tant plaisir à l'oeil, il y avait là tous les coups du tennis exécutés à la perfection. Et la seconde dimanche en réussissant une "perf" improbable, qu'elle ne croyait pas elle-même possible. "C'est vrai, je ne me voyais pas battre Muguruza, j'étais un peu nerveuse depuis que le capitaine m'avait avertie que je jouerais, je voulais tellement bien faire, c'est pour ça que j'ai commis quelques erreurs dans les premiers jeux (0-3), mais ensuite j'ai su me donner à 100 %, me battre sur chaque point", souriait la Stavelotaine. "D'accord, le deuxième set (0-6, ndlr) est à oublier, j'avais laissé trop de forces dans la première manche, mais Johan m'a toujours soutenue, cadrée, et j'ai su réagir, renverser la tendance, ce n'est pas la première fois que cela m'arrive cette année, c'est la preuve que j'ai bien bossé. C'était la première fois que je jouais un match de Fed Cup qui compte, je crois que je n'oublierai jamais." Elle ne l'a pas moins terminé avec une contracture naissante dans le haut de la jambe droite... qui ne l'a pas empêchée de disputer le double dans la foulée. "C'est pas grave", disait son préparateur physique Patrick Meur, "vous avez vu qu'elle sait enchaîner des matches de haut niveau maintenant, et elle a encore une sérieuse marge de progression."

"Demain je verrai le positif"

Johan Van Herck a décidé de la composition du double décisif en une dizaine de minutes, après le match de Yanina Wickmayer qui n'y était manifestement pas, il a opté pour les deux filles en forme qui lui ont donné raison sur le court... mais qui n'ont pas gagné. Elles ont pourtant mené 3-0 avant de perdre la première manche au tie-break, une déception qui ne les a pas empêchées de chercher les solutions et de se relancer au deuxième set qu'elles ont enlevé haut la main. Au troisième, malheureusement, après un début encore équilibré elles ont un peu lâché prise, sans démériter pour autant. Terminant sur un smash complètement raté, qui ne remettait évidemment pas en cause sa prestation du jour, Ysaline éclatait donc en sanglots, consolée par toute l'équipe : "Sans doute que demain je verrai le positif dans tout ça, et que j'y puiserai un surcroît de motivation pour continuer à travailler, mais là je suis toujours sous pression, j'ai épuisé beaucoup d'énergie durant ces deux jours, y compris en encourageant les autres le samedi, j'ai un peu mal à la jambe et mentalement finir le week-end comme ça, pour moi, pour l'équipe, c'est difficile à accepter. On y croyait."

"On a un peu gagné aussi"

Johan Van Herck ne pouvait qu'être terriblement déçu au vu de la tournure des évènements, mais il refusait toute pensée négative : "Il faut le dire comme c'est, si l'on regarde la liste des joueuses on affrontait un adversaire beaucoup plus fort que nous sur le papier, dont il faut d'ailleurs reconnaître les mérites, Suarez Navarro s'est montrée très forte tout au long du week-end. Je trouve quand même qu'on a grandi en tant qu'équipe cette semaine, qu'Ysaline a joué une très grosse partie contre Muguruza, et j'espère que cela lui servira pour la suite de sa carrière, que l'option prise était la meilleure en double et que les deux filles ont fait ce que l'on attendait d'elles, mais elles ne sont pas arrivées à s'imposer, c'est ça le sport au top, mais si les Espagnoles ont gagné, je trouve qu'on a un peu gagné aussi avec ce que l'on a montré face à une telle nation au grand complet. Notre place est également dans le groupe mondial, je compte que l'on y remontera très vite, je suis fier de notre équipe." On l'a dit, il n'est même pas sûr que la Belgique se retrouvera l'an prochain dans le groupe mondial 2, l'intention de la fédération internationale étant d'élargir le groupe mondial 1 à 16 pays comme en Coupe Davis. "Je sais qu'elle pense là aussi transformer l'épreuve, avec un premier tour classique et une phase finale (en avril, ndlr) sur une semaine en un même lieu, mais comme pour la Coupe Davis je n'y suis pas favorable, quand je vois ce que l'on vient de vivre à Courtrai, cette ambiance unique, l'occasion qu'ont les filles de jouer devant leur public, c'est tellement spécial, il faut garder ça..."

Les résultats

Samedi

Flipkens (WTA 59)-Muguruza (WTA 19) 6-3, 4-6, 6-4
Van Uytvanck (WTA 52)-Suarez Navarro (WTA 27) 3-6, 2-6

Dimanche

Bonaventure (WTA 122)- Muguruza 6-4, 0-6, 6-3
Wickmayer (WTA 127)-Suarez Navarro 2-6, 1-6
Flipkens/Bonaventure-Muguruza/Suarez Navarro 6-7, 6-2, 2-6
 

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