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Trois questions à Germain Gigounon, coach de David Goffin, avant Roland Garros

"Il y a toujours de la tension au premier match d'un Grand Chelem"

N'étant plus tête de série, David Goffin pouvait aussi bien se prendre Djokovic ou Nadal au premier tour de Roland Garros. Qu'il se retrouve face au jeune Tchèque Jiri Lehecka, 77e mondial, qu'il a battu 6-4, 6-3 à Monte Carlo, ne peut donc qu'être considéré comme un bon tirage. Le cas échéant, Bonzi ou Tiafoe au deuxième tour (même si l'Américain, finaliste à Estoril, s'accommode fort bien de la terre battue), et ensuite, qui sait, des retrouvailles avec Hubert Hurkacz, 13e mondial, qu'il a aussi vaincu au premier tour à Rome, n'apparaissent pas non plus forcément insurmontables pour un Goffin régénéré. Bien sûr, pour l'heure, le Liégeois ne voit pas plus loin que le premier tour. Son coach Germain Gigounon non plus. On lui a posé trois questions avant les trois coups.

Q. Après avoir retrouvé sur terre battue le niveau dont on le sait capable, on a eu peur pour David quand il s'est plaint du dos à Rome, alors que Roland Garros se profilait à l'horizon. On n'en parle plus?

R. Il a souffert d'un petit blocage au niveau des côtes au début du match contre l'Américain Jenson Brooksby, il n'arrivait plus à servir ou à faire un revers normalement, même respirer posait problème. Il s'est accroché au deuxième set avec les médicaments, mais cela n'était pas suffisant. Ce n'était heureusement qu'une affaire de quatre ou cinq jours. On est à Paris depuis mercredi, et tout va bien. Ce qui est arrivé est un peu dommage parce qu'après avoir confirmé son superbe match contre Nadal en battant Hurkacz, on aurait aimé le voir poursuivre sur cette lancée, mais il n'y a rien de mal fait. Il faut dire qu'il avait aussi beaucoup joué depuis le début de saison sur terre battue. Je suis content que les gens aient pu revoir le David que l'on attend tous. Ceci dit, j'aimerais quand même rappeler qu'il a remporté deux ATP 250 en un peu plus d'un an - je ne connais aucun joueur belge qui l'ait fait -, alors qu'il vivait la plus mauvaise période de sa carrière, il faut remettre les choses à leur place.

Q. On se doute de ce que vous allez nous répondre, mais il serait quand même mal venu de se plaindre de son tirage parisien...

R. Il n'hérite pas d'une tête de série, c'est évidemment une bonne chose. Maintenant, rien n'est facile quand on entame un Grand Chelem par une rencontre que l'on sait à sa portée, il y aura de la tension, je le sais. David n'a plus gagné un match dans un tournoi majeur depuis septembre 2020, c'est quelque chose dont il n'avait pas l'habitude, et Jiri Lehecka a très bien joué à Monte Carlo. Il a 20 ans et de bonnes frappes, le match était plus serré que le score, il n'y a eu qu'un break dans chaque set. Maintenant, depuis Madrid et Nadal, tous les observateurs annoncent aussi que David était peut-être "le" joueur à éviter au premier tour pour n'importe quelle tête de série, et c'est là-dessus qu'il faut se focaliser, continuer à faire ce qu'il fait depuis le début de la terre battue, à s'exprimer avec son tennis, son caractère, son envie. Je ne vais pas lui mettre de pression inutile, il faut qu'il se sente tranquille dans son jeu, il aime bien cette surface, il peut y ennuyer beaucoup de monde.

Q. Plus que cette fameuse explication face Nadal, n'est-ce pas plutôt la suivante face à Hurkacz qui est jusqu'ici son match-référence, gagné sur deux tie-breaks face à un joueur classé à une place qu'il occupait lui-même il n'y a pas si longtemps ?

R. Je vois ce que vous voulez dire. Face au Polonais, il a su rester constant, maintenir ce caractère, cette mentalité, cette énergie, cette confiance tout au long du match, lors de deux sets un peu fous. Il a sauvé des balles de première manche, ne s'est pas démonté lorsqu'il n'a pas su conclure à 5-3 dans la deuxième, pour finir par un très bon tie-break. Il a confirmé que l'épisode Rafa n'était pas juste un coup d'éclat. Contre Nadal il avait pu se lâcher, c'est là qu'il a montré à beaucoup de monde que David Goffin n'est pas fini, voire même qu'il est de retour. Ceci dit, je vais peut-être vous étonner, mais le plus important à mes yeux ce sont peut-être les 8 matches en 9 jours qu'il a disputés à partir de Marrakech, les victoires sans gloire, à l'arraché, tellement précieuses, qu'il a pu enchaîner pour la première fois depuis très longtemps et qui lui manquaient tant, avec un titre ATP pour lui redonner un peu plus confiance. Il fallait en passer par là. Pour autant, ce ne sera pas toujours rose, mais il a montré qu'il peut le faire.

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