Responsive menu

Trois Francophones en qualifications à Roland Garros

Dès ce lundi pour les messieurs (Bemelmans, Coppejans, De Greef, Darcis) et mardi pour les dames (Bonaventure, Minnen, Wickmayer), c'est parti pour Roland Garros 2019 avec le tournoi de qualification qui concernera une joueuse et deux joueurs francophones dans un contexte bien différent.
 

Ysaline avec l'entraîneur de Steve

A 24 ans, Ysaline Bonaventure, 115e mondiale, réalise la meilleure saison de sa carrière, en route, espérons-le, vers son objectif de toujours, le Top 100, où on s'accorde à dire qu'elle a tennistiquement sa place. Après son quart de finale à Rabat, elle n'a pas disputé le tournoi 60.000 dollars en Espagne initialement prévu. Après la rencontre de Fed Cup face à l'Espagne, qui lui a laissé un souvenir incroyable mais lui a coûté beaucoup physiquement et mentalement, puis les six matches disputés au Maroc, elle était un peu "grillée". "J'ai beaucoup joué, j'avais besoin de souffler, de me retrouver un peu chez moi tout en continuant à travailler physiquement", dit-elle.

Elle aborde donc les qualifications de Roland Garros, peut-être les plus lourdes en Grand Chelem vu la surface, avec une certaine fraîcheur, mais sans coach tennis. La relation de travail avec Martijn Belgraver, le mari de Noëlle Van Lottum, le couple ayant également en charge leur Académie en Hollande, est en effet terminée. "Il s'est lui-même rendu compte qu'il ne pouvait s'occuper suffisamment de moi, qui ai besoin d'énormément d'attention (sourire), quinze jours sur trois mois ce n'était pas faisable." D'autant que le préparateur physique Patrick Meur, dont l'expertise et l'expérience l'ont aidée à (re)ssortir la tête hors de l'eau, est Namurois, ce qui ne facilitait pas la tâche. "Le grand chantier chez moi est physique et mental, comme tout le monde je n'ai pas toujours envie d'aller au boulot quand je suis cassée, mais avec Patrick je me sens comprise, même quand je m'énerve, on se dit tout, le respect est là de part et d'autre, la notoriété ne l'intéresse pas."

Trouver un entraîneur, celui qui convient au tempérament qui est le sien même si elle y travaille, n'est pas chose aisée, on s'en est déjà rendu compte, d'autant que si elle gagne un peu mieux sa vie, surtout grâce à ses résultats à l'Australian Open et à Indian Wells, elle ne roule toujours pas sur l'or, loin s'en faut. "Cela me permet de rembourser mes dettes, mais je ne peux pas encore en vivre", dit-elle. En plus de son préparateur physique, elle peut compter à Roland Garros sur les conseils de Yannis Demeroutis qui combine donc le job avec le coaching de Steve Darcis. "Pour la suite, on avisera". Ysaline est à une soixantaine de points de la 100e place à la WTA, elle en a 30 à défendre Porte d'Auteuil où elle avait été éliminée au troisième tour des qualifs l'an dernier. 

Steve Darcis assume son erreur

Steve Darcis a préféré essayer de tourner la page au plus vite, il valait mieux parce qu'en y (re)pensant il y a de quoi se mordre les doigts. Après la saison "out" qu'il a connue l'an dernier, le Liégeois avait le droit d'utiliser cette saison un classement protégé dans le Top 100 qu'il réservait notamment pour entrer dans le tableau final des quatre Grands Chelems. "Ce n'était pas automatique, je devais cocher une case pour m'inscrire dans le tableau final, et j'ai oublié de le faire pour Roland Garros, c'est 100 % de ma faute. Pour Wimbledon et l'US Open c'est déjà fait, mais pour Paris il n'y avait plus moyen de changer quoi que ce soit, il faut que je passe par les qualifications", convient-il. Des matches de qualifs toujours difficiles, on l'a dit, et, qui plus est, envolée la garantie de toucher les 46.000 euros attribués aux joueurs disputant le premier tour en tableau final, soit à peu près la moitié du prize money gagné par Steve depuis le début de la saison. Bien sûr, rien n'est perdu, mais il lui faudra se farcir un parcours du combattant dont il se serait bien passé à 35 ans.

Ce ne serait évidemment pas la première fois que Steve passerait l'obstacle. En 2011, en sortant des qualifications, il avait même atteint le troisième tour du tableau final, éliminé par Gaël Monfils, et en 2016 c'est Djokovic qui l'avait arrêté au deuxième tour. Mais cette année la saison sur terre battue ne lui a guère souri. Il vient seulement de remporter ses deux premiers matches à Lisbonne, y éliminant Adrian Mannarino, 50e mondial. "J'ai plutôt bien commencé l'année", dit-il, "mais j'ai de nouveau été écarté des courts durant un mois pour une blessure aux abdos encourue lors du tournoi Challenger de Pau que je me sentais capable de remporter. Passage du dur à la brique, changement de cordage, manque de repères, de confiance... cette saison sur terre est difficile pour moi, mais je suis déjà parvenu à m'en sortir, je vais encore faire le maximum, même si c'est une longue et dure semaine qui s'annonce je n'ai pas le choix."

Steve, qui a également dû gérer au quotidien une situation difficile sur le plan personnel, est aujourd'hui 244e mondial. Comme il n'a aucun point à défendre de 2018, chaque bonne performance représente un bonus au ranking ATP, mais pour l'instant il est le plus souvent "abonné" aux Challengers... du moins quand il peut y entrer en tableau final. S'il est aujourd'hui incapable de dire de quoi son avenir sera fait à l'horizon 2020, il sera certainement fonction, entre autres, des résultats obtenus d'ici là. "Quand ça ne va pas, il m'est déjà arrivé de me dire que "c'est bon ainsi" (sourire), mais cela ne dure jamais, il me reste sept mois pour ne rien regretter, et on verra où j'en suis, on fera le bilan."
 
Arthur De Greef en finale à Heilbronn avec un nouveau coach

Arthur De Greef est arrivé à Paris avec six matches dans les jambes, ceux qu'il a joués la semaine dernière lors du Challenger d'Heilbronn, en Allemagne, dont il a disputé la finale dimanche en début d'après-midi, face à Filip Krajinovic, 69e mondial, qui sortait déjà d'une finale à l'ATP 250 de Budapest et qui a battu deux fois David Goffin cette saison. Après avoir pris l'avantage en début de premier set (3-1, balle de break à 3-3 sauvée par le Serbe via la bande du filet), le Bruxellois a subi la loi de son excellent adversaire (3-6, 1-6). "Il n'avait pu trouver place in extremis dans les qualifications du Masters 1000 de Rome, c'est pourquoi il s'est rabattu sur ce Challenger", dit Arthur, "mais je pense que je n'étais pas en dessous de lui au premier set, cela n'a pas tourné pour moi, au deuxième en revanche j'ai subi un petit coup de mou." 

Physiquement, notre compatriote ne va-t-il pas justement payer ces six matches en une semaine face à des joueurs mieux classés que lui, dont celui contre... Thiago Monteiro, le Brésilien qui l'avait dominé en Coupe Davis et vis-à-vis duquel il a pris une belle revanche, marquée au sceau de la grinta. "Cela me tenait à coeur", sourit-il, au moment de rallier Paris en train à partir de l'Allemagne. "Je ne jouerai mon premier tour à Roland que mardi, je vais bien me soigner, quand on gagne des matches c'est toujours un bon problème." On se souvient qu'il y a deux ans, Arthur avait franchi le cap de ces qualifications, entrant dans le tableau final face à Richard Gasquet. Ce n'est pourtant pas son meilleur souvenir tennistique. "Ma victoire contre Cuevas c'était mieux", sourit-il.

Sur le début de saison, le Bruxellois pouvait revendiquer une progression encourageante de la 230e à la 179e place mondiale, surtout sur surface dure lui qui ne jurait que par la terre battue, mais il a perdu ensuite les points de sa victoire l'an dernier à Ostrava, ce qui l'a de nouveau fait rétrograder. Son parcours d'Heilbronn lui permet de pointer à nouveau 185e à l'ATP, et il n'a aucun point à défendre Porte d'Auteuil. S'étant séparé de Kristof Vliegen, son coach depuis le début 2019, il voyage désormais avec un autre Bruxellois, Maxime Halflants, 32 ans, juriste de formation et Série A au tennis qui a même tenté l'expérience pro mais a dû capituler en raison de blessures à répétition. "On se connaît bien", dit De Greef, "il y a un an que j'y pense, il connaît le tennis, il est surtout fort mentalement, et il va me suivre à plein temps." 
 

Retour à la liste