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Roland Garros : pas de happy end pour Vliegen/Gillé

Nos compatriotes n'ont pu rejoindre Olivier Rochus et Xavier Malisse au palmarès du double messieurs de Roland Garros. Se heurtant à la meilleure paire de l'année sur le circuit, Joran Vliegen et Sander Gillé se sont nettement inclinés en finale face à l'Américain Krajicek et au Croate Dodig 6-3, 6-1, cela n'enlève évidemment rien à leurs mérites lors d'une quinzaine parisienne qu'il ne sont pas près d'oublier.  

"Pas notre niveau"

C'est la déception qui prévalait chez notre paire de Coupe Davis, samedi en soirée, après une finale de double messieurs Porte d'Auteuil qu'ils avaient rêvée autrement. Le début de match ne laissait d'ailleurs pas augurer d'un tel score. C'est le break réalisé par Krajijek et Dodig à 3-3 dans le premier set qui a changé la donne. Par la suite, nos compatriotes n'ont plus fait qu'un jeu. La pilule était amère. Ont-ils touché leurs limites ? "A vrai dire, il y a deux sentiments. La fierté du parcours accompli et la grosse déception pour le match d’aujourd’hui, dommage de finir comme ça", disaient-ils. "C'était la première fois que l'on jouait avec le toit fermé en raison des risques d'orage. C'est différent, on voit la balle autrement, mais eux aussi, et on était tous d'accord. C’était difficile pour les quatre et je pense que le niveau était plus bas que la normale. On a joué contre une des meilleures et expérimentées paires du monde en ce moment, ils ne nous étaient pas supérieurs au début, mais après ce n'était pas notre niveau. Il nous reste plein de choses à apprendre, mais nos ambitions restent pareilles, on veut gagner des tournois, on veut progresser au top et jouer les Masters à la fin de l’année. Donc, au fait, cela ne change pas grand-chose, on va continuer à travailler"." 

Business school

Ces derniers jours, entre les étapes de leur belle aventure parisienne, Joran (29 ans) et Sander (32 ans) ont certainement plus d'une fois repensé au chemin parcouru depuis l'époque où ils ont commencé à jouer ensemble. L'un est d'Hasselt, l'autre de Maaseik, ils étaient dans le même club limbourgeois, avec au départ, comme souvent, des ambitions en simple. Intelligemment, ils n'ont pas pour autant négligé leurs études puisque, chacun à leur tour, ils sont partis dans une université américaine, l'un dans le Tennessee, l'autre à East Carolina, où l'on peut combiner tennis et business school. Avec un diplôme en économie en poche, ils étaient bien armés pour mesurer... la difficulté financière à vivre sur le circuit du simple quand on n'a pas toutes les qualités pour percer. Sander, le plus âgé, s'y était essayé et avait même lancé un crowdfunding pour tenter de couvrir les frais. "On a commencé à jouer le double pour toucher un peu d'argent supplémentaire parce qu'on n'en sortait pas", sourient-ils.

Airbnb

Petit à petit, depuis 2015, l'oiseau a fait son nid, loin des fortunes amassées par les champions ATP, mais en 2019 le savoir-faire qu'ils ont progressivement travaillé et développé a commencé à porter ses fruits, avec des titres à Bastad, Gstaad, Zhuhai en Chine, et avec une entrée dans le Top 50 de la discipline. La suite, on la connaît, avec ses hauts mais aussi ses bas, titularisation en Coupe Davis, sélection aux Jeux Olympiques de Tokyo, résultats en dents de scie, expérience ratée avec un entraîneur sud-africain, et cette année, en se coachant eux-mêmes, une série de performances encourageantes avec en point d'orgue cette quinzaine parisienne... qu'ils n'attendaient pas eux-mêmes puisqu'ils avaient réservé un Airbnb seulement pour une semaine.  A l'ATP Race - le ranking qui ne prend en compte que les résultats de l'année et détermine l'accès au Masters - la paire Dodig/Krajicek, leurs adversaires du jour déjà finalistes l'an dernier, pointe largement à la première place, c'est donc la meilleure équipe 2023. Pour l'heure, Vliegen/Gillé, eux, sont sixièmes, donc virtuellement parmi les huit qualifiés pour le Masters. En deux semaines, ils sont passés des 40 et 41e places aux 25 et 26es au classement mondial individuel en double. Ils ont aussi assuré 295.000 euros en prize money brut (à diviser par deux), de quoi un peu mieux respirer sur un circuit où ils n'ont pas eu l'habitude de rouler sur l'or.
 

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