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Omar Salman : "David Ferrer ne comprend pas mon classement"

Après Clément Geens, on est heureux d'avoir vu Omar Salman renouer avec la victoire. Cela se passait le week-end dernier lors du 15.000 dollars d'Odrimont. Les deux anciens pensionnaires du centre de formation fédéral ont dû voler de leurs propres ailes cette année, et il n'est pas évident de se prendre en mains quand on a été assisté en tout depuis l'âge de douze ans, mais Omar, désormais basé en Espagne, pense qu'il devait effectivement en passer par là.

Beau temps et beau tournoi lors du 15.000 dollars d'Odrimont qui a vu les Belges se mettre en évidence, avec une finale aux couleurs nationales entre Omar Salman et Germain Gigounon, remportée par le Bruxellois 7-6 (2), 6-1, un Bruxellois qui avait déjà joué cet été à Havré et à Arlon mais y avait été éliminé au premier tour. Cette fois, il a notamment battu Yannick Vandenbulcke 6-2, 6-0, en quart de finale, avant d'émerger en finale face au Binchois. "Une super semaine", sourit-il. Il s'agit de sa première victoire à ce niveau depuis 2016 (c'était en Tunisie). On en a profité pour prendre de ses nouvelles.

Q. Omar, qu'étiez-vous devenu ces derniers mois ?

R. Je n'étais plus vraiment en Belgique. En fin d'année dernière, je savais que je ne pourrais pas rester à la fédération. Les règles avaient changé, ma saison 2017 avait été catastrophique. Que l'on ne se méprenne pas, je remercie l'AFT pour tout ce qu'elle a fait pour moi durant ces années, j'ai d'ailleurs décidé moi-même de partir avant l'échéance, j'ai pris mes responsabilités, j'en ai fait part à Pierre Delahaye et Michaël Dermience lors d'une réunion tenue dans une atmosphère constructive. Quand on est 850e mondial, on n'a rien à revendiquer, il ne me semblait pas légitime de continuer à profiter du système, à gaspiller l'argent des gens, je n'étais pas heureux, j'avais été très gâté tout le temps, j'avais besoin de changer, je devais retrouver niveau, motivation, envie, maintenant je vois les choses différemment, il faut bosser si on veut réussir.

Q. Cela ne nous dit pas où vous étiez depuis lors ?

R. J'ai cherché un port d'attache, et via un ami espagnol j'ai trouvé cette petite académie à Javea, à mi-chemin entre Valence et Alicante, celle de David Ferrer. J'y suis allé en test une semaine, et cela s'est bien passé. Romain Barbosa y a été un moment avec moi, mais je crois qu'il ne veut plus voyager et qu'il arrête le circuit international. Germain Gigounon est également venu une dizaine de semaines, c'était d'autant plus compliqué de jouer contre un ami en finale à Odrimont. Regagner un tournoi de ce niveau était un peu bizarre, j'avais oublié l'effet que ça fait. J'ai vu que Clément (Geens) en avait remporté deux, plus une finale, dommage qu'il se soit blessé, il a dû se retirer lors du deuxième tour à Odrimont à cause d'une fracture de fatigue au bras gauche... alors qu'il est droitier.

Q. Vous avez eu l'occasion de croiser la raquette avec David Ferrer ? Qu'en a-t-il pensé ?

R. Il est quand même assez souvent là, je me suis déjà retrouvé une quinzaine de fois avec lui sur le court, il s'est dit surpris du fait que d'un côté je jouais très bien et que de l'autre j'étais si mal classé - j'ai un moment frôlé la 1000e place mondiale - il ne trouve pas ça normal (sourire). Je crois qu'il aime bien taper la balle avec moi parce que j'ai une qualité de frappe en coup droit qu'il trouve peu à l'académie où il y a pourtant pas mal de joueurs qui tournent autour du Top 500/600 ATP mais aussi le jeune Pedro Martinez, 21 ans, 250e mondial. Deux entraîneurs s'occupent du team pro, ils nous suivent quinze à vingt semaines sur les tournois, mais pas quand je reviens en Belgique. Là, je rentre en Espagne pour y disputer deux 25.000 dollars, je jouerai peut-être ensuite au Primerose, puis sûrement les 15.000 de Coxyde et de Huy, je vais tenter aussi d'entrer dans des qualifs de Challengers, avec la réforme qui s'annonce l'an prochain il n'y aura plus de points ATP en 15.000 dollars et peu en 25.000... si j'ai bien compris parce que ce n'est pas encore très clair. 

Q. Quel sont vos objectifs immédiats, en termes de classement et de jeu ?

R. Je joue bien cette année, et je n'ai pas toujours été payé en retour en tournoi. A Odrimont, j'ai trouvé cette régularité qui me faisait défaut, j'espère que ça va m'apporter la confiance pour la suite. Mon premier objectif est déjà de revenir à mon meilleur classement (488e il y a deux ans), je sais que j'ai beaucoup à apprendre, mais je n'ai que 22 ans et j'ai envie de réussir, disputer un Grand Chelem est mon rêve depuis tout petit. Je crois qu'on le sait mes points forts se situent en coup droit et au service, je dois progresser à tous niveaux mais surtout en revers et pour venir finir les points au filet. Mais je dirais que le plus important est de savoir exploiter mes meilleurs atouts, c'est seulement maintenant que je réalise comment je dois jouer tactiquement. Ils m'y aident là-bas, ils m'expliquent par exemple la meilleure manière de manoeuvrer dans l'échange pour pouvoir utiliser plus souvent mon coup droit, ils me mettent en confiance. Je n'ai peut-être pas ce qu'on appelle un grand talent, ni le génie de Federer (sourire), mais j'ai des qualités physiques et une frappe de balle, 

Q. Question forcément cruciale : comment vous en tirez-vous financièrement ?

R. Tout juste, puisque je n'ai plus aucune aide, sauf une petite du club TC Chalet près chez moi et de mes parents mais nous ne sommes pas une famille riche. Je ne suis sûrement pas en positif (sourire). Je joue les interclubs à Cologne et à Rouen, j'ai un appartement espagnol qui ne me coûte pas très cher, et l'académie fait un gros effort pour moi, parce que j'ai du potentiel mais pas de moyens (re-sourire), payer moins c'est impossible, alors qu'il y a tout sur place, tennis, physique, kiné...
 

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