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Joachim Gérard : une bonne surprise au Masters pour finir la saison ?

On ne peut pas dire que l'année 2019 figurera en haut de liste parmi les meilleurs souvenirs de Joachim Gérard, notre champion de tennis en fauteuil, pour l'heure 4e mondial. Au moment où, peu après la mi-novembre, l'équipe belge de Coupe Davis disputera la phase finale new look à Madrid, c'est à Orlando que le Brabançon clôturera sa saison avec le Masters, la grande compétition internationale qui lui réussit le mieux puisqu'il l'a remportée à trois reprises en quatre ans. Une bonne surprise pour finir ?

14e titre national

Si l'on fait le compte des résultats à la veille de l'ultime tour de piste floridien, on ne peut effectivement conclure que Joachim Gérard reste sur une bonne année, année d'ailleurs entamée sur une note particulièrement dramatique, quoique malheureusement attendue, avec le décès en février de son entraîneur, quasiment un deuxième père, Marc Grandjean, des suites de la maladie de Charcot. "Le moment le plus triste de ma vie, je ne m'imaginais pas à quel point", explique le champion. On se doute que ces semaines traumatisantes ont influencé le parcours sportif du joueur que son mentor a continué de suivre de loin tant qu'il l'a pu, tandis que Laurent Dessart prenait le relais sur le court. Pas évident à vivre, d'autant que si Joachim affiche une personnalité forte dans l'existence de tous les jours, paradoxalement le mental n'est pas toujours son point fort sur le terrain. Physiquement et tennistiquement, ce ne fut pas sa meilleure période alors que le sommet du tennis en fauteuil ne cesse de progresser, il n'a pas remporté un tournoi en 2019, disputant quatre finales, à Rotterdam, Séoul, Genève et Amiens. Lui qui ambitionne d'y réussir enfin, il a été éliminé quatre fois lors de son premier tour en Grand Chelem, deux fois par son équipier de double le Suédois Stefan Olsson avec lequel il a, en revanche, remporté deux titres majeurs en double, à l'Australian Open et à Wimbledon. Une consolation, "mais c'est en simple que je veux d'abord gagner des titres, et de ce point de vue c'est très moyen, le niveau de jeu n'a pas toujours été là", reconnaît-il. Pour la 14e fois, le Brabançon de 31 ans n'en a pas moins été sacré champion de Belgique dimanche dernier à Woluwe-Saint-Pierre, mais sa victoire sur le grand espoir Jeff Van Dorpe, 18 ans et déjà 15e mondial, "fut un peu à l'image de mon année", convient-il. "Jeff se rapproche, il évolue bien, c'est un très bon joueur, qui sera capable de grandes choses, mais logiquement un peu jeune et inconstant, à mon top je dois pouvoir encore gagner en deux sets, là je me suis imposé en trois grâce à mon expérience (7-5, 4-6, 6-1)." On n'a pas oublié - Joachim le premier - que Van Dorpe lui a infligé une cruelle et historique défaite "à domicile" en demi-finale du Belgian Open de Géronsart cet été. Soit dit en passant, 27 participants étaient inscrits à ces championnats de Belgique, un record, alors qu'on recense 450 pratiquants dans notre pays où le handisport se développe de plus en plus (le nombre d'affilés a doublé par rapport à 2014), les performances médiatisées de Joachim, et d'autres dans diverses disciplines, n'y sont pas pour rien.

Damien Martinguet

On en arrive donc au Masters qui se profile à l'horizon, mais aussi à un certain Damien Martinquet, entraîneur à l'académie Justine Henin durant deux ans qui, au moment de renouveler son contrat, a préféré relever un nouveau challenge aux côtés de notre numéro un en fauteuil. "J'avais eu l'occasion de côtoyer Joachim à Limelette pendant toute cette période, et le courant était de suite passé", dit-il. "Lorsqu'un choix s'est présenté à moi, j'ai été séduit par le projet, à la fois par le défi sportif et le côté humain, je l'ai accompagné aux Etats-Unis, notamment à l'US Open, j'ai vu qu'il y avait du travail à faire, et je me suis lancé. Je n'étais pas là durant les mois précédents, je n'ai pas suivi ses matches en direct, je ne peux donc pas juger. Je sais tout ce que Marc (Grandjean) a apporté à Jo, et qu'il est toujours présent quelque part, mais je ne suis pas du genre à regarder derrière moi, c'est le passé, il faut qu'on avance." "Damien a la même vision que Marc", souligne Joachim Gérard. "Depuis septembre, on a effectué beaucoup travail durant huit à dix semaines, il fallait mettre les choses au clair, j'avais malheureusement un peu perdu avec le temps, je sais que je dois vouloir et aller chercher plus." "Après tout ce qui s'est passé, les situations compliquées rencontrées, sa période sans entraîneur pendant l'été, il y avait certainement un travail mental à effectuer, mais également sur le plan physique, au niveau tactique, ou de la qualité de ses coups", continue Damien Martinguet. "On peut réellement parler d'une grosse préparation, dont l'objectif est clairement 2020, une année (para)olympique au cours de laquelle - c'est l'avantage de cette campagne 2019 en demi-teinte - il aura peu de points à défendre.

Rester dans le Top 7

Des points à défendre Joachim en aura en revanche à foison du 19 au 26 novembre, puisqu'il avait remporté le Masters l'an dernier, déjà à Orlando, comme il l'avait fait en 2015 et 2016 à Londres. C'est manifestement une formule (les huit meilleurs mondiaux en poules de quatre, demi-finales, finale) et des conditions qui lui conviennent, que ce soit en terre anglaise ou américaine. Lors de ses trois victoires, il a ainsi battu deux fois en finale la star nippone Kunieda, et une fois le Britannique Reid sur son sol. "Idéalement, par rapport à la préparation effectuée, le Masters arrive un peu tôt, ce sera peut-être juste", dit son coach, "en même temps c'est un rendez-vous qui lui réussit, et quand il est bien il vaut les deux ou trois meilleurs au monde." Pour l'heure, le classement l'indique 4e, ce qui n'est pas si mal après une saison plus laborieuse. Mais le Masters peut encore tout changer dans la mesure où si les trois premiers (l'Argentin Fernandez, le Japonais Kunieda et le Français Houdet) sont à l'abri au ranking, entre la quatrième place de Joachim et la huitième de Reid (en passant par le Français Peifer, l'Anglais Hewett et le Suédois Olsson) il y a moins de 200 points d'écart. Or un Top 7 est quasi indispensable pour avoir accès à l'Australian Open où généralement le huitième qualifié est un bénéficiaire (australien) de wild card. Tout dépendra donc des résultats des uns et des autres, cette année et par rapport à l'an dernier, mais l'enjeu ne sera pas mince.
 

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