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Deuxième quart pour Goffin : "Cela peut tourner dans tous les sens ce tournoi"

David a remarquablement négocié son huitième de finale de l'Open d'Australie contre son copain Dominic Thiem (5-7, 7-6/4, 6-2, 6-2), il affronte mercredi matin un des hommes en forme du moment, le Bulgare Grigor Dimitrov.

David espérait s'être concocté un programme idéal pour arriver dans les meilleures conditions au premier Grand Chelem de l'année, l'Australian Open. On en avait déjà eu une petite idée lors du tournoi exhibition d'Abu Dhabi où il avait été le premier à battre Andy Murray qui restait sur 24 rencontres victorieuses, même si cela ne comptait pas vraiment. On a pu avoir un petit doute ensuite lorsqu'il s'est fait éliminer au deuxième tour à Doha, des oeuvres d'un Verdasco ressuscité. Pour compléter le tableau, comme l'an dernier, il a choisi de disputer le Kooyong Classic, un autre rendez-vous exhibition, mais cette fois sur place, à Melbourne, juste avant l'Open d'Australie. "Jouer Kooyong (l'ancien emplacement de l'Open avant Melbourne Park, ndlr) est la meilleure manière de préparer l'évènement", disait Pat Cash, "les conditions sont les mêmes, soleil, vent, chaleur, et disputer l'un ou l'autre match "semi-officiel" contre de bons joueurs deux ou trois jours avant c'est bien mieux que d'aller jouer le tournoi de Sydney, par exemple. Sur le plan sportif, je ne comprends pas pourquoi les grands ténors du circuit n'y vont plus." Effectivement, Goffin n'y a trouvé ni Federer, ni Nadal, ni Djokovic, ni Raonic sur sa route, mais Tomic d'abord et Karlovic en finale, finale d'ailleurs tronquée par la pluie mais qui lui a suffi pour prendre la mesure du grand serveur croate.

Préparation sans accroc

Notre compatriote avait sans doute programmé un ou deux matches de plus à Doha, mais pour le reste ce fut une préparation sans accroc... même s'il a fallu un premier tour plus qu'accroché, et qui aurait pu mal tourner, face au jeune frappeur américain Opelka en pleine bourre, pour que cela se concrétise. Stepanek et Karlovic passés à la moulinette, les retrouvailles très ouvertes avec Dominic Thiem, 8e mondial, ajoutaient du piment à son deuxième huitième de finale australien d'affilée, vu qu'ils n'ont aucun secret l'un pour l'autre et que leurs rencontres de l'an dernier, victoire de David au 3e tour à Melbourne et de Dominic en quart à Roland Garros, chaque fois en quatre sets, avaient été accrochées et spectaculaires. 

Des pointes à 224 km/h

A Paris, Goffin avait manqué une première demi-finale en Grand Chelem alors qu'il aurait pu mener deux sets à zéro, ce qui n'avait pas été si facile à digérer, même face à quelqu'un qui allait finir la saison dans le Top 8 mondial. Et il faut bien dire que pratiquement durant les deux premiers sets mardi on a eu l'impression que la puissance du jeune (et doué) rouleau compresseur autrichien, avec ses premières balles à 224 km/h et ses coups de massue en coup droit, était vraiment passée au dessus, malgré la capacité de résistance et de résilience de David. Il y a des moments où il paraît injouable. Après un premier set chahuté, marqué par cinq breaks et gagné 5-7 par Thiem, le Liégeois n'en a pas moins refait surface à la fin du deuxième set - "la clé du match", résumait-il - lors de laquelle l'Autrichien sauva quatre balles de set sur des services monumentaux, mais où notre compatriote finit par s'imposer au tie-break qu'il a conduit de bout en bout. S'il avait été mené deux sets à zéro par un tel gaillard, cela n'aurait évidemment pas été la même chanson.

"Le contraire de Roland Garros"

"David a un jeu très dérangeant, en tout cas pour moi, il m'a en quelque sorte "cassé" en gagnant ce tie-break", a confirmé Thiem, "1-1 ou 2-0 ce n'est pas vraiment la même chose dans un match en cinq sets, il y a encore beaucoup de domaines que je dois améliorer dans mon jeu". L'Autrichien n'a plus jamais été aussi autoritaire par la suite et s'est même perdu en route, finissant avec une statistique de 58 fautes directes pour 45 coups gagnants. "J'ai vraiment très bien servi au deuxième set, c'est ce qui m'a permis de rester dans le match", continuait Goffin, "parce que Dominic jouait avec une telle intensité, c'était très difficile, il est impossible de frapper plus fort que lui, j'essaie de jouer plus vite, de couper les trajectoires." Quand les balles de l'Autrichien (23 ans) rentrent, comme c'était le cas au début, il est très impressionnant. Mais mentalement le coup sur la tête qu'il cherchait à asséner à son adversaire, c'est lui qui l'a pris. Et malgré un pourcentage de premières balles à 40 % (mais 65% de points sur sa deuxième) c'est bien David Goffin qui a progressivement pris les commandes du match. "J'ai été très solide, j'ai réussi à jouer plus long, à être plus agressif, à le faire plus rater", disait-il, "et à la fin... il a même beaucoup raté. Contrairement à ce qui s'était passé à Roland Garros, c'est moi qui ai retourné la situation et lui qui a lâché. Quand on gagne un match comme ça, surtout par une température aussi lourde - il faisait quoi 36, 37 degrés ? - tout se relâche, on est fatigué mais super content d'être de nouveau en quart de finale, aujourd'hui je vais tout simplement savourer."

"J'espère qu'il y aura encore des surprises"

Avec un service filant en moyenne 25 km/h moins vite et puissant que celui de l'Autrichien, notre compatriote a finalement réussi plus d'aces (15 contre 12) et moins de doubles fautes (2 contre 5) que son opposant, n'est-il pas là au meilleur niveau qu'il ait jamais atteint en tournoi majeur ? "J'ai déjà fourni de belles prestations, mais je pense avoir bien travaillé et je suis certainement plus fort physiquement que par le passé." L'autre question concerne cet Open d'Australie devenu "cimetière des éléphants" au fil des jours, cela lui ouvre-t-il des perspectives à lui aussi ? "Je ne sais pas, le niveau est tellement haut, pas mal de joueurs essaient de se rapprocher du top, et il y a beaucoup de surprises, j'espère qu'il y en aura encore (sourire). C'est ouvert, on a un peu l'impression qu'il peut tourner dans tous les sens ce tournoi !"

Dixième mondial

Le Bulgare Grigor Dimitrov, qui a éliminé Istomin le tombeur de Djokovic en quatre sets et que David affrontera en quart de finale est un des joueurs les plus talentueux de sa génération, un de ceux que l'on voyait un jour remporter un Grand Chelem... ce qu'il n'a pas encore confirmé à ce jour, mais peut-être est-ce la bonne année ? Il réalise en tout cas un début de saison remarquable, marqué par une victoire à Brisbane après avoir sorti dans l'ordre Thiem, Raonic et Nishikori. Il est en pleine forme et en confiance. Les deux joueurs se sont rencontrés une fois en Grand Chelem, à l'US Open 2014, où Goffin avait pulvérisé le Bulgare au premier set (6-0) mais avait perdu les trois autres. Dimitrov a lui aussi déjà atteint une fois les quart de finale en tournoi majeur, battu par Nadal à Melbourne en 2014. Quelles sont les chances de David d'accrocher cette demi-finale qui s'était refusée à lui à Paris, dans ce contexte où il ne part pas favori même si son adversaire est Top 15 aujourd'hui et si lui-même, en l'état actuel des choses, serait 10e mondial au sortir de cet Open d'Australie. "La tâche va devenir de plus en plus difficile, mais s'il continue à si bien jouer il n'y a pas de raison qu'il ne puisse aller plus loin", a (bien) résumé Dominic Thiem."
 

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