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Bonaventure et Flipkens à l'isolement complet

Après son troisième tour victorieux à l'US Open, David Goffin était évidemment au courant des derniers épisodes de la saga concernant les "isolés franco-belges" faisant suite au contrôle positif de Benoît Paire.

"Je suis proche d'eux, cela doit être dur de ne pas pouvoir rentrer chez soi, retrouver sa famille et préparer autre chose", dit-il. On le savait depuis la veille, le groupe ciblé, dans lequel figurent Kirsten Flipkens, Ysaline Bonaventure et son coach Germain Gigounon, était bloqué sur place en quarantaine jusqu'au 12 septembre, mais avec l’assurance au départ de pouvoir prendre l’air à Flushing Meadows dans des zones réservées et même de pouvoir "taper la balle" sur terre battue en vue de la tournée européenne. Sauf que, le matin même, une lettre du département de la santé new-yorkais a au contraire aggravé leur situation de manière à la fois extrême et inattendue : il leur était désormais interdit de quitter leur chambre. En découvrant une lettre datée en fait du 28 août, les intéressés ont pu, en même temps, mesurer ce à quoi ils ont échappé, c'est-à-dire ne pas pouvoir jouer le tournoi comme Guido Pella et Hugo Dellien la semaine précédente lors du tournoi de Cincinnati. Des négociations sportivo-politiques sans doute serrées ont dû être menées en coulisses pour éviter une hécatombe indigne dans les tableaux du tournoi, quitte à naviguer à vue et à accepter des incohérences manifestes dans une politique à géométrie variable.

Draps et nourriture sur le pas de la porte

Cette "reprise en mains" des "éliminés" par les autorités new-yorkaise a d'ailleurs subitement remis en question le match du dernier en lice, Adrian Mannarino, contre Alexander Zverev, retardé et finalement joué mais après des tractations qui ont fait dire au frère de Kiki Mladenovic sur les réseaux sociaux : "C'est une série Netflix, je vous jure !" Même si ceux qui ont choisi d'aller à New York savaient qu'un tel cas de figure pouvait se produire, on se demandera toujours en quoi - dans cet univers concentrationnaire hors normes - la situation sanitaire d'un joueur, traité et contrôlé de la même manière, peut être différente selon qu'il est, ou non, toujours qualifié dans le tournoi. On marche sur la tête. "Je ne suis pas ingrat, je suis content qu'Ysaline ait pu jouer, gagner des points et de l'argent", dit Germain Gigounon, "mais je ne comprends pas ce qui a pu changer aujourd'hui par rapport à hier, on est testés tous les jours, tous négatifs, je m'apprêtais à aller voir le match de David tout seul, dans mon coin, lorsque ça m'est tombé dessus. Pourquoi Medvedev, qui a joué à la Play Station avec Benoît Paire, peut-il continuer à circuler comme avant et pas nous ? Parce qu'il est 5e mondial et est capable de gagner le tournoi ? On ne peut même pas se voir avec Ysaline, je voudrais qu'elle ait au moins un petit balcon, un vélo d'appartement, elle ne peut pas rester sans rien faire physiquement durant huit jours, même si, de toute manière, elle ne pourra sans doute plus jouer de tournoi avant Roland Garros fin septembre. On nous dépose draps et nourriture devant la porte, il y a une ouverture de fenêtre de cinq centimètres dans la chambre pour avoir un peu d'air... et le paradoxe c'est que Benoît (Paire), testé positif, peut partir mardi, parce que dix jours suffisent, alors que nous c'est quatorze pour le temps d'incubation de la maladie. On en est réduit à compter les jours, à se parler par téléphone, à suivre des matches sur écran, à commander des livres sur Amazon, et à espérer, ou rêver, que les Français s'activent pour trouver une brèche parce que nous on ne pèse rien."
 

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