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Wimbledon : un match énorme pour un Goffin monumental

4 h 36. Le match le plus long, jusqu'ici, de Wimbledon 2022. Du début à la fin, un combat indécis, acharné, avec au bout du compte un David Goffin se sortant des situations les plus délicates pour émerger d'un 5e set haletant. "Par moments, ce match avait le niveau Top 10", a lâché son adversaire américain Frances Tiafoe. Un grand moment. Mardi, David affrontera le Britannique Cameron Norrie (12e mondial)... et tout le public de l'Old England.

La partition complète

David Goffin est bien de retour, le monde du tennis en a eu la confirmation en ce premier dimanche de juillet. Et tous ceux qui ont mis en cause son caractère lors des saisons décevantes qu'il a traversées entre blessures, doutes et méforme, n'ont pas dû en croire leurs yeux - pour ce qu'ils ont pu en voir à la télé malheureusement. Après avoir remporté au tie-break un premier set de plus d'une heure, le Liégeois s'est, en effet, retrouvé mené deux sets à un (deux fois 5-7), alors qu'il avait pourtant breaké le premier dans la troisième manche. "Frances jouait vraiment très bien", disait notre compatriote, "je me suis dit que je devais me battre pour rester dans le match aussi longtemps que possible, physiquement et mentalement. Je me suis retrouvé ainsi à 5-1 dans le quatrième set et j'ai quand même éprouvé des difficultés à finir." Tiafoe est en effet revenu à 5-4, avec quatre balles de 5-5, comme il a obtenu plus tard deux balles de 5-6 à 15/40 sur le service de David dans la manche décisive. Mais à chaque fois notre compatriote s'est montré extrêmement solide sur ces points cruciaux, peut-être un peu plus frais et lucide que l'Américain qui abandonnait son dernier jeu de service, juste après avoir lui-même manqué le break. Bien sûr, il fallait un vainqueur entre deux gars qui ont régalé le public, et tant mieux que la pièce soit tombée du bon côté. Mais les gens, eux, ne voulaient pas que cela finisse. Quelle ambiance sur la fin ! Goffin en arrivait même à afficher plus d'aces (18/16) que le gros serveur américain, s'en approchant au nombre de coups gagnants (59/68) et des volées réussies (28/33), avec évidemment moins de fautes directes (44/61). Bref voyez le niveau, tout y est passé, une partition complète.

"On se serait presque cru sur la terre battue"

"Quel match incroyable !", résumait Frances Tiafoe, "j'aurais certes pu prolonger le 4e set avec ces quatre balles de 5-5, mais pour le reste, rien à dire, ce fut une fameuse bataille d'un bout à l'autre, et du grand tennis, à une cadence folle, calibre Top 10 par moments, on se serait presque cru sur la terre battue tant les échanges étaient longs, David bouge si bien, il est si bon lorsqu'il s'agit d'allonger les points, c'est dingue. Et manifestement j'ai fait comme lui, je n'ai pas arrêté de courir, c'était à celui qui cèderait le premier. Je devrais penser "fuck that guy !" puisqu'il m'a éliminé lors des deux derniers Grands Chelems, mais non c'est juste qu'il joue si bien depuis qu'il a amorcé son come back, et c'est quelqu'un que j'apprécie, un mec bien, je lui souhaite de continuer ainsi." Tout le monde a donc bien retrouvé David Goffin, ce qui ne veut évidemment pas dire qu'il va tout gagner. "L'ambiance sur le court et autour était vraiment chouette", racontait-il, "il y a des joueurs avec lesquels c'est comme ça, et le public le sent. Nous étions prêts tous les deux à rester cinq ou six heures sur le gazon s'il le fallait, je suis d'autant plus heureux d'avoir finalement pu gagner."

Xavier Malisse et... Willy de Warzée

On le sait peu, mais aucun Belge avant lui ne s'était qualifié deux fois pour les quarts de finale masculins à Wimbledon (2019/2022). Du moins dans l'ère moderne... parce que Willy le Maire de Warzée d'Hermalle l'avait déjà fait en 1904 et 1908, mais on ne va évidemment pas comparer. En revanche, le parcours de Xavier Malisse est plus récent, et s'il n'a atteint qu'une fois les quarts sur le gazon londonien, il est allé cette année-là (2002) jusqu'en demi-finale, stade que David n'a jamais atteint en Grand Chelem. Pour y arriver, le Liégeois va devoir battre un de ceux qui a pris la place qu'il a longtemps occupée au classement mondial, soit Cameron Norrie, 12e mondial. C'est la première fois que le gaucher britannique disputait un 1/8e de finale en Grand Chelem, et il a dépensé largement moins d'énergie que son futur adversaire, dominant un autre Américain, Tommy Paul, en trois sets (6-4, 7-5, 6-4) et 2 h 21. 

"Jouer contre tout un stade, toute une nation"

Face à un opposant qui ne lui est certainement pas inaccessible, le premier challenge de David Goffin sera de récupérer des immenses efforts fournis dimanche. Le deuxième consistera à affronter non pas seulement un joueur de 26 ans qui doit avoir l'impression que c'est la chance de sa vie, mais aussi tout le stade acquis à la cause de son compatriote. Norrie a beau être né en Afrique du sud, avoir grandi en Nouvelle Zélande et étudié aux Etats-Unis, il est naturalisé et défend les couleurs britanniques depuis 2013. "Je sais que je vais jouer contre toute une nation", conclut David, "mais être ici signifie aussi beaucoup pour moi. En 2020 il y a eu la Covid; en 2021 je n'ai pas joué. J'ai donc un peu l'impression d'atteindre les quarts de finale de mon tournoi favori pour la deuxième fois d'affilée après 2019, tout en y retrouvant mon meilleur tennis. J'ai une troisième fois l'opportunité de jouer sur le Central pour y remporter une victoire, les deux premières j'avais peu de chances, c'était contre Murray et Djokovic (sourire)". Goffin et Norrie se sont joués une fois, à Barcelone sur terre battue l'an dernier, David s'était retiré sur blessure alors qu'il menait dans le deuxième set 5-3, après avoir perdu le premier 0-6. Rien à voir avec ce qui les attend, donc. 

Elise Mertens éliminée malgré cinq balles de set

Plus tard dans la soirée, Elise Mertens n'a pu imiter le Liégeois. Elle a pourtant donné du fil à retordre à la numéro deux mondiale, désormais favorite du tournoi féminin, Ons Jabeur, victorieuse 7-6(11-9), 6-4. Lors du premier set, la Limbourgeoise, qui a mené 6-3 dans le tie-break, s'est octroyée la bagatelle de cinq balles de set sans parvenir à les convertir. Certainement le tournant du match, même si elle n'a pas lâché non plus au deuxième, où la Tunisienne s'est montrée légèrement supérieure. "Je n'ai pas vraiment de regrets", disait-elle, "je sais que je n'ai pas joué un mauvais match du tout, que mon niveau est allé crescendo dans le tournoi, et je ne me souviens pas d'avoir manqué un coup facile sur mes balles de set, c'est elle qui est en pleine ascension et difficile à battre." Elise se concentre dès ce lundi sur le double avec sa partenaire chinoise Zhang Shuai. 

 Gilles-Arnaud Bailly qualifié
 
Chez les juniors, Giles-Arnaud Bailly n'a guère été inquiété pour ses débuts sur le gazon. Il a dominé l'Américain Godsick 6-2, 6-0.

 

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