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Roland Garros : David Goffin naufragé, Elise Mertens trempée mais qualifiée

Deux Belges avaient le redoutable honneur d'ouvrir l'étrange et automnal Roland Garros 2020 par un temps trop frais (11°C) accompagné de pluies éparses et de rafales de vent. Malgré le toit du Chatrier relativement protecteur, David Goffin a été complètement noyé face à Jannik Sinner, tandis qu'Elise Mertens bravait les éléments avec succès contre la Russe Gasparyan.
 

"Fatigué, démotivé..."

On savait que ce serait difficile pour David Goffin que le tirage au sort n'avait pas gâté, il faut le reconnaître. Mais il nous avait annoncé un retour en forme après cinq jours de grosse préparation sur la terre battue, il se disait prêt à cinq sets de haute intensité dans des conditions de jeu plus lentes qui pouvaient l'avantager, ajoutant même qu'il faudrait livrer un match énorme pour le battre. Le jeune et prometteur Italien Jannik Sinner, 74e mondial à 19 ans, que le Liégeois présente comme un potentiel vainqueur de Grand Chelem dans le futur, s'est certes montré stable dans son tennis mais n'a pas vraiment dû forcer son talent pour s'imposer en trois sets secs, alignant même dix jeux d'affilée entre la fin du premier et le début du troisième. David, qui, sur quelques balles, aurait tout aussi bien pu prétendre à une première manche gagnée 5-7 par le Transalpin après un défilé de breaks, s'est complètement liquéfié par la suite, un peu perdu, sans l'ombre d'un geste de révolte (0-6, 6-3). On trouvait plutôt là confirmation du problème de motivation que notre compatriote évoquait également avant ce tournoi... et on ne tardait pas à en savoir plus : "Je sais le niveau que Jannik est capable d'atteindre, mais, surtout, ce n'était pas un bon match de ma part, je n'étais pas là, pas présent, vide, pas de rythme, pas de matches sur terre dans les jambes", disait celui qui avait déjà pointé aux abonnés absents contre Cilic à Rome. "A l'entraînement le tennis était là, j'ai essayé de me motiver à fond durant cinq jours, de retrouver une force dans les frappes, les derniers matches n'étaient pas top, il fallait que je fasse quelque chose, mais sur le court je n'étais pas frais mentalement, c'est un état général, il ne m'a pas donné beaucoup d'occasions mais je n'avais pas l'énergie pour m'accrocher, il y avait comme un refus de passer l'obstacle, je me sentais fatigué, démotivé, et s'il n'y a pas cette flamme cela se voit directement, puissance 1000, dans mon jeu, je ne peux pas compenser par autre chose."

"Sans le plaisir de jouer..."

Même s'il ne faut sans doute pas réduire l'équation uniquement à ça, David, qui avait déjà soufflé le chaud et le froid à New York (victoires contre Coric et Krajinovic, défaites face à Struff et Shapovalov), a apparemment de plus en plus de mal avec le programme tennistique bricolé et bousculé en catastrophe cette année, sans transition entre les surfaces et sans perte de points au ranking, ainsi qu'avec l'organisation extrêmement contraignante qu'impose la situation sanitaire. On a l'impression qu'à ses yeux cela n'a guère de sens - y compris un Roland Garros en automne ? -, qu'il y a laissé ses repères et son envie, c'est en tout cas ce qu'il laisse entendre : "Est-ce que cela participe de la déprime générale due au Covid ? C'est peut-être un grand mot, mais il y a un peu de ça. Ils font ce qu'ils peuvent, mais il y a plein d'inquiétudes et d'incertitudes, qui impactent même la vie privée, quand on voyage, quand on se fait tester, certains sont disqualifiés sans raison pour un faux test positif, on prie pour que ça ne nous tombe pas dessus, on ne peut pas sortir, les règles sont strictes même pour s'entraîner, elles sont différentes toutes les semaines, la terre est lourde, humide, tout ça pèse quand on essaie d'un petit peu retrouver ses sensations, et contre un joueur comme lui, au premier tour, s'il y a une petite démotivation... Je suis conscient que, dans une telle situation, la fin de saison risque d'être longue... Il reste trois ou quatre rendez-vous, dont Anvers, qui est toujours spécial, pour une fois qu’on a un tournoi à la maison, c’est bien de le jouer. On va voir. Il y a peut-être des décisions à prendre, quelques minutes après le match ce n'est pas le bon moment, mais il faut que je retrouve des objectifs, il ne sert à rien de retourner en tournoi si je ne suis pas dans le bon état d'esprit, si je n'ai pas envie de faire l'effort, de m'accrocher, si je n'ai pas le plaisir de jouer.

S'il n'en reste qu'une...

Tout le monde ne ressent pas les choses de la même manière. Le son de cloche chez Elise Mertens résonne de manière radicalement différente de celui de ceux ou celles qui se sentent mal à l'aise avec la tournure des événements - il n'y a pas que David Goffin. Et pourtant, même si elle ne s'est pas retrouvée face à un(e) adversaire du calibre de celui de David, Elise n'a pas connu un début de tournoi très confortable, avec trois interruptions en raison de la pluie et chaque fois un break contre elle en début de set. Elle ne s'en est pas moins imposée 6-2, 6-3 à la Russe Margarita Gasparyan, et c'est malheureusement notre seul(e) représentant(e) qualifié(e) parmi les quatre en lice dimanche. Voilà un Roland Garros qui ne restera pas gravé dans nos annales sportives... à moins que justement Elise... Demi-finaliste à Cincinnati, quart de finaliste à l'US Open et à Rome, éliminée seulement par des calibres comme Osaka, Azarenka ou Pliskova, elle regarde la situation actuelle de la manière la plus positive possible. "Je me plie à ce que l'on estime nécessaire, je reste dans ma bulle, je suis mentalement prête à me donner à 100% et motivée à jouer le plus de matches possibles", sourit-elle. "Je ne dirais quand même pas que je suis contente de mon niveau aujourd'hui, ce n'est pas celui que j'ambitionne pour les prochains tours, mais je ne sais pas si ce sera possible dans de telles conditions, là ça a suffi, ça glissait un peu mais tant que ce n'est pas dangereux... peut-être n'est-ce pas la meilleure joueuse qui gagnera le tournoi mais probablement la plus intelligente", continue celle qui s'est alignée dans la bruine en leggings et longues manches. Au prochain tour, mercredi, c'est une vieille connaissance qu'elle affrontera, Kaia Kanepi, 35 ans, 106e mondiale, 15e à la WTA il y a huit ans. A Charleston, l'an dernier, sur la terre battue américaine, l'Estonienne avait battu la Limbourgeoise lors de leur seule confrontation sur un score on ne peut plus bizarre, 0-6 6-0 7-5. "Elle frappe fort, elle a un gros premier service, elle est dangereuse, mais dans les conditions de jeu ici difficile de faire un coup gagnant, de faire le point sur les trois ou quatre premières frappes, ce sera peut-être un avantage pour moi... ou peut-être pas (sourire)."

Flipkens et Minnen éliminées

Kirsten Flipkens n’a, quant à elle, pas existé face à la Kazakhe Yulia Putintseva, 27e mondiale, 6/1-6/2. Elle n’a que très rarement donné l’impression d’être capable de se battre, ou d’avoir envie de le faire. Greet Minnen a subi une défaite pratiquement aussi sèche contre l’Argentine Nadia Podoroska, 6/2-6/1, une occasion manquée pour notre compatriote, 110e mondiale, qui était opposée à une adversaire classée 131e. Alison Van Uytvanck jouera son premier tour mardi contre la Suédoise Rebecca Peterson 50e mondiale.
 

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