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Phase finale de la Coupe Davis : sans Kimmer Coppejans nous n'en serions pas là

La semaine prochaine, la Coupe Davis vivra sa révolution. Pour la plupart des gens, l'appellation n'a plus de raison d'être. La nouvelle phase finale de la compétition, concentrée sur une semaine à Madrid et opposant 18 nations, n'a plus rien à voir avec la vénérable institution génératrice de tant d'émotions fortes. 

Le tennis belge ne s'en est pas moins félicité de pouvoir y prendre part grâce, en début d'année, à une "perf" au Brésil digne des exploits d'antan. Avant les trois coups historiques, lundi, il est donc bon de rappeler qu'au delà d'une paire de double qui continue de monter en puissance, nous devons notre présence à un magnifique Kimmer Coppejans qui a dominé les Brésiliens sur leur terre. "Le Kimmer que l'on espérait depuis des années", s'était alors exclamé le président André Stein.

"La part qu'ils méritent"

Au lendemain de l'Open d'Australie, ce qu'il restait de l'équipe belge s'était ainsi lancée dans un voyage au long cours (20 h) que l'on imaginait sans espoir en l'absence des têtes d'affiche David Goffin et Steve Darcis. Affronter les Brésiliens chez eux, sur la terre battue indoor d'Uberlandia, ressemblait à une mission impossible. Que nos compatriotes s'y soient imposés, sans même que l'on doive disputer le cinquième simple, représente "un des plus beaux souvenirs de ma carrière qui en compte quelques uns", rappelle André Stein. "Ce qu'ils ont réalisé, aussi bien le double Gillé/Vliegen que Coppejans, qui avait les larmes aux yeux en pensant à son père (décédé l'hiver précédent, ndlr), est tout bonnement fantastique. C'est grâce à eux que la Belgique se retrouve en phase finale et reste dans le groupe mondial, mais ils n'ont pas fait le voyage pour rien, nous fonctionnons désormais avec un système de points obtenus durant la saison et ils auront la part qu'ils méritent dans le prize money distribué en phase finale."

Douze Top 20

En l'absence de points ATP, on sait que ce prize money est la grande attraction de la nouvelle formule puisque 600.000 dollars (par équipe) iront aux joueurs en phase de poule, les sommes augmentant ensuite en quart, demi et finale, jusqu'à 2,4 millions à se partager pour la nation victorieuse. Les organisateurs de Kosmos, la société du défenseur de Barcelone Gerard Piqué (qui avoue ne plus dormir que quatre ou cinq heures par nuit entre le foot et l'organisation d'une épreuve que tout le monde attend au tournant), espéraient ainsi attirer le plus de cadors possible, leur absence répétée étant un des griefs faits à l'ancienne formule. Le pari de l'argent et de la curiosité est dans une certaine mesure gagné, même s'il manquera huit membres du Top 20 - soit Federer, Wawrinka, Tsitsipas, Thiem, Dimitrov dont le pays n'est pas qualifié, Isner qui attend un heureux événement, Nishikori blessé et Zverev... qui disputera plutôt une exhibition contre Federer à Mexico dans une arène de 41.000 places. Reste à savoir de quelle manière on parviendra à remplir les trois stades aménagés pour la circonstance - les rencontres s'y disputeront en parallèle - au sein du vaste complexe indoor madrilène Caja Majica, et quelle ambiance il y régnera... quand l'Espagne de Nadal ne jouera pas. A moins de deux semaines du début de l'événement, la progression des ventes de tickets ne s'annonçait pas spécialement rassurante. On jugera sur pièces.

"Financer un coach"

Si, en remportant glorieusement les trois points de la qualification au Brésil, Kimmer Coppejans, Sander Gillé et Joran Vliegen se sont offert un bel "extra" au sommet du tennis mondial, ils ont également rendu un fier service à la fédération belge (et à ses deux ailes linguistiques) assurée de toucher elle aussi sa quote-part (un minimum de 300.000 dollars) à l'issue de la semaine madrilène. Bien sûr, lors d'une telle expédition, les frais à assumer ne sont pas minces, mais au regard des rencontres déficitaires qu'elles ont parfois dû éponger, et d'un barrage pour éviter la relégation qui leur pendait au nez, nos instances fédérales peuvent d'autant plus afficher un sourire satisfait... qu'elles s'étaient auparavant vues privées d'une "wild card" méritée. Pour Kimmer Coppejans, outre l'expérience sportive que représentent de telles joutes, il s'agit aussi d'une opportunité d'accroître sensiblement son prize money de l'année (169.802 $ exactement), on est chez les pros, des pros qui ont du mal à nouer les deux bouts à ce niveau (158e mondial). "Je suis souvent seul", confie Kimmer, dont le frère Olivier entretient le physique, "je m'entraîne pour moitié à Ostende, dont je suis originaire, avec mon tout premier entraîneur, Michael Lynch, un Australien qui vit en Belgique depuis 20 ans, et pour moitié à Bree, chez Kim Clijsters, avec Carl Maes. Mais, sans support, il est dur de financer un coach qui m'accompagne sur le circuit. J'ai été un moment au centre fédéral de Wilrijk mais je n'y ai pas vraiment trouvé ma place. Ces rentrées d'argent bienvenues tombent à pic pour me permettre d'investir et d'avancer la saison prochaine, je cherche encore le bon plan mais j'ai 25 ans, le moment est venu de (re)passer dans le Top 100 (il a été 97e en 2015, ndlr)".

"Plus sur dur"

L'impact d'un bon encadrement, c'est justement en Coupe Davis qu'il le ressent le plus. Le Coppejans d'Uberlandia jouait niveau Top 100, aucun doute là-dessus. "Je n'ai pas l'habitude d'être soigné ainsi tous les jours de la semaine, de manière aussi professionnelle, dans une atmosphère qui vous tire vers l'avant, il y a plus de pression, mais j'aime bien." A chaque fois on se dit que peut-être "c'est lancé", que c'est le déclic, mais on retrouve ensuite l'accumulation des tournois Challenger qui rapportent peu de points, les hôtels minables, la nourriture médiocre, la solitude, l'anonymat, la concurrence féroce. "Je suis content de ma saison", estime-t-il, "je pense avoir fait un bon pas vers l'avant (au classement de la 220e à la 157e place mondiale, ndlr), j'ai été consistant, il ne m'a sans doute manqué qu'un ou deux grands résultats - il s'est qualifié pour le tableau final à Roland Garros et a été deux fois finaliste en Challenger, ndlr." Champion junior Porte d'Auteuil, Kimmer Coppejans est surtout vu comme un spécialiste de terre battue, mais, à Anvers, Andy Murray, auquel il venait de mener la vie dure, a déclaré qu'il avait tort de ne pas jouer plus sur dur. "Mon entraîneur m'avait déjà dit la même chose six mois auparavant, et on a prévu que la saison prochaine mon programme collerait plus aux surfaces du calendrier ATP à chaque période de l'année", annonce-t-il.
  
"Regarder David"

On a parfois l'impression que ce qui manque dans le jeu de Kimmer c'est justement ce que David (Goffin) est parvenu à ajouter au sien. Bien sûr, tout le monde ne bénéficie pas du même talent ou du même entourage. En revanche, personne ne doute que le sympathique Ostendais soit un travailleur concerné et acharné. "C'est la raison pour laquelle je profite de chaque occasion pour observer David de près", souligne-t-il, "ce n'est pas seulement une "idole" pour moi mais quelqu'un dont je m'inspire, je regarde comment il fait, je sais que je manque un peu de force - j'y travaille -, qu'il manque quelques kilomètres/heure à ma vitesse de balle, spécialement au service, que je dois améliorer mon jeu vers l'avant, rendre mon tennis moins "monotone", ce qu'il a su faire." Pour en revenir à cette phase finale de Coupe Davis, que lui inspire la formule new look ? "Difficile à dire quand on ne l'a jamais jouée, quelque part c'est excitant, cela peut être super, je suis curieux de vivre ça. Il faut reconnaître que la formule d'avant, les cinq sets, le public chez soi, c'était vraiment top. Ici c'est un peu plus comme un championnat du monde de foot. Il y a aussi la question de la date, les matches commencent le lendemain de la finale du Masters, pour les 80 ou 90 joueurs présents la préparation à la saison 2020 se réduit presque à rien, j'ai d'ailleurs anticipé et commencé à faire beaucoup de physique depuis trois semaines. Bref, c'est à voir."

En direct sur Sporza

- Dans une poule à trois, l'équipe belge, composée de Goffin, Darcis, Coppejans, Gillé et Vliegen, jouera son premier match lundi dans le Stadium 3 à partir de 16 h, contre la Colombie dont le meilleur joueur de simple est 191e mondial mais qui présente la paire de double numéro une du monde (Farah/Cabal). Mercredi à 18 h, les Belges rencontreront l'Australie, sans doute pour désigner le premier du groupe (qualifié pour les quarts de finale, avec les deux meilleurs deuxièmes des six poules), des Australiens dirigés par Lleyton Hewitt qui alignent à Madrid une de leurs meilleures sélections des dernières années avec de Minaur, Kyrgios, Millman, Thompson et Peers. Les matches (chaque fois deux simples et un double) seront télévisés en direct, mais sur la VRT/Sporza uniquement.

250 supporters belges

- Une cinquantaine de membres des "Belgian Tennis Fans - Davis'et" seront là pour soutenir l'équipe et mettre l'ambiance, globalement on attend environ 250 supporters belges dans la capitale espagnole.

Darcis capitaine pour l'ATP Cup

- On sait que David Goffin et Steve Darcis représenteront la Belgique début janvier à l'ATP Cup, compétition internations qui fait en quelque sorte concurrence à la Coupe Davis. A Sydney, à partir du 3 janvier, ils feront face à la Moldavie, la Grande-Bretagne et la Bulgarie. La fédération belge n'étant pas concernée, c'était à David Goffin, numéro un belge, de désigner le capitaine d'équipe, il a choisi... Steve Darcis.
 

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