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Le quatrième Masters de Joachim Gérard : "Reste à débloquer le compteur en Grand Chelem l'an prochain"

C'est une performance exceptionnelle qu'a réalisée Joachim Gérard mardi à Orlando. Un seul autre joueur, dans l'histoire du Masters, l'officieux championnat du monde, est parvenu à aligner plus de titres, le Hollandais Robin Ammerlaan qui en a remporté six lors de la décennie précédente. 

Aucun tennisman en fauteuil aujourd'hui en activité n'en a gagné quatre comme Joachim, qui plus est en cinq saisons, même pas le Japonais Kunieda lequel a dominé outrageusement la discipline durant plusieurs années et avait d'ailleurs battu notre compatriote lors de sa première finale en 2013.

"Une surprise, agréable cela va sans dire"

C'est peu dire qu'en ralliant la Floride le Brabançon et son coach Damien Martinquet ont échappé à notre redoutable climat d'automne. Soleil, chaleur, ciel bleu azur immaculé, cela faisait clairement envie. En revanche, sur le plan de l'assistance et de l'ambiance, on était vraiment très loin de celle que l'on a connue indoor à Londres durant quatre ans. On exagère à peine en écrivant que s'il y avait dix personnes autour du court pour la finale c'est beaucoup, pareils champions méritent tellement mieux. "Le complexe où se déroulait les matches était un peu à l'écart de la ville, et l'événement n'était pas hyper médiatisé, il l'était plus en Angleterre avec Gordon Reid et Alfie Hewett", dit Martinquet. Ce dernier n'a en tout cas pas trop à se plaindre des résultats après les six semaines de préparation intensive effectuées depuis sa prise de fonction. "Je n'ai pas changé d'avis, ce Masters n'était pas un objectif en soi, en septembre il fallait trouver des solutions et on a travaillé en fonction de 2020, pour moi le fait qu'il se soit imposé ici est une surprise, agréable cela va sans dire." "Je suis content et fier d'avoir su aller chercher, dans un tournoi de cette envergure, mon seul titre d'une saison largement en demi-teinte", confirme Joachim, "mais mon niveau n'a pas été pour autant exceptionnel tout au long de la semaine, je suis arrivé sans avoir le rythme des matches et il reste des points noirs à travailler avant le 10 janvier, jour de notre départ pour l'Australie, j'en suis bien conscient."

"Le match référence en demi-finale"

Dans une compétition qui démarre en poules, notre compatriote n'a pourtant perdu qu'un match, contre le Japonais Kunieda (2e mondial) que le Britannique Alfie Hewett (6e) élimina ensuite en demi-finale. Une bonne chose pour Joachim ? "Pas forcément, j'avais plutôt envie d'une revanche." Durant cette compétition, il aura donc battu le 5e (le Français Peifer), le 7e (Gordon Reid), et le numéro un mondial (l'Argentin Fernandez) sur un double 6-3, avant de dominer le 6e, Alfie Hewett, en deux sets (6-3, 6-2) lors de la finale. Une finale au cours de laquelle la nervosité a semblé manifeste des deux côtés, "mais j'étais peut-être moins tendu, j'ai su mieux contrôler mes émotions", note le Brabançon, "je savais ce que je devais faire pour prendre le dessus, et j'ai su le réaliser même si la partie n'a pas atteint des sommets." En effet, de ce point de vue, s'il fallait retenir un match de la campagne floridienne, ce serait plutôt la demi-finale face au numéro un mondial, Gustavo Fernandez, "mon match référence de la semaine", confirme le Brabançon, "sa prestation la plus aboutie, celle qui lui a (re)prouvé qu'il a le top niveau en lui", continue Damien Martinquet, "même si être capable de gagner un match quand on est moins bien c'est aussi une qualité."

"Valider l'Open d'Australie"

Finalement, le moment le plus stressant de la semaine - et on sait qu'il ne s'agit pas du contexte que Joachim maîtrise généralement le mieux - fut le troisième match de poule contre Gordon Reid lors duquel le pensionnaire du club Justine Henin devait s'assurer un set pour être demi-finaliste. "Plus que ça, avec les points de sa victoire l'an dernier qu'il avait à défendre, il lui fallait sortir de la poule pour valider sa place dans le Top 7 mondial et sa participation au prochain Open d'Australie", dit son coach. "Il a mis un set, le premier, qu'il a perdu, à digérer l'enjeu du match, avant de dérouler 6-0, 6-1. Il y a donc du mieux au niveau mental, il a su se ressaisir, se remettre en question, se libérer, mais cette inconstance s'est manifestée de la même manière à d'autres moments, avec des séquences de très bon niveau, et d'autres moins bonnes, même si cette fois il a su saisir les moments importants, il reste donc du travail, du progrès à faire et de la matière à analyser, pour être là tout un match et toute une saison."

"Pourquoi le Masters ? Aucune explication"

La question que l'on se pose forcément à la lecture d'un tel palmarès c'est pourquoi le Masters réussit si bien à notre "numéro un", avec cinq finales en sept ans, alors qu'il n'a atteint qu'une fois la finale en Grand Chelem, à l'Open d'Australie 2016. "Aucune explication", lâche-t-il. Est-ce la formule de poules - permettant de perdre un match sans hypothéquer toute chance de demi-finale, on l'a bien vu cette année - qui lui convient mieux ? "Je ne vois pas pourquoi", insiste-t-il, "il y avait plus de stress dans le dernier match de groupe cette année qu'en Grand Chelem, et j'ai déjà remporté le Masters sans perdre une rencontre. Ici on joue cinq matches avec les meilleurs, c'est plus dur qu'en Grand Chelem où si on va en finale on joue trois matches, c'est vrai qu'il faut y être de suite, que l'on n'a pas droit à l'erreur, mais, me connaissant, la clé c'est avant tout de faire sauter le verrou mental, de débloquer le compteur comme au Masters lors de ma première victoire en 2015, de me libérer de la même manière en Grand Chelem, c'est définitivement mon grand objectif pour l'an prochain avec les Jeux Paralympiques."

- Joachim Gérard aurait en plus aimé réussir le doublé, mais, associé au Suédois Stefan Olsson, il a dû s'incliner (6-1, 6-2) comme l'an passé en finale du double face aux Français Stéphane Houdet et Nicolas Peifer.
 

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