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La reprise sur le circuit : à la recherche des sensations perdues...

Ceux qui rêvaient d'un calendrier tennistique à peu près normal en 2021 ont été rattrapés d'entrée par la réalité sanitaire. La saison reprend cette semaine, mais selon un canevas complètement bousculé par l'Open d'Australie repoussé de trois semaines et contraint à une quarantaine préalable de quinze jours. L'ATP et la WTA ont même été jusqu'à mettre sur pied elles-mêmes des tournois en ce début de janvier.

D'habitude, à cette époque de l'année, on joue à Doha, Auckland, Perth, Sydney, Shenzhen, Noumea, Adelaïde ou Hobart durant les trois semaines qui précèdent l'Open d'Australie. En 2021, rien de tout ça. Les difficiles négociations avec les autorités australiennes de l'Etat de Victoria ont contraint celles du tennis à reporter le Grand Chelem de Melbourne au 8 février, à instaurer une quarantaine de deux semaines aux dates initiales de l'événement (avec possibilité de s'entraîner en couple puis en quatuor, selon des modalités très strictes), à organiser plusieurs tournois préparatoires sur place, et à délocaliser les qualifications au Moyen Orient (Dubaï pour les dames/Doha pour les messieurs) un mois avant l'Open. Pour que les joueuses et joueurs du Top 100 aient quand même des matches à se mettre sous la raquette avant la quarantaine australienne, l'ATP et la WTA ont organisé elles-mêmes, du 6 au 13 janvier, les tournois d'Antalya pour les hommes et d'Abu Dhabi chez les dames, tandis que celui de Delray Beach était avancé d'un mois et demi. Une cascade de défections de dernière minute (Sinner, Coric, Paire, Murray, Ostapenko, Bencic, Garcia...) laisse néanmoins penser que certain(e)s ont finalement préféré ne rien risquer avant Melbourne.

Goffin pour se retrouver, Mertens sur son élan

Ce n'est pas le cas de David Goffin qui a rallié Antalya dimanche en compagnie de son coach Germain Gigounon et de son préparateur physique Fabien Bertrand, lesquels seront également à ses côtés en Australie. Au moment des fêtes, le Liégeois a bouclé en Belgique une préparation au cours de laquelle, comme prévu, l'accent, mentalement comme tennistiquement, a été placé sur ses fondamentaux, "ce que je fais bien, ce qui fait que je suis David Goffin", résume-t-il. A cette occasion, il a d'ailleurs frappé la balle avec les meilleurs Belges, jeunes ou moins jeunes, francophones ou néerlandophones, ce que ces derniers ont particulièrement apprécié, et le tournoi d'Antalya est un peu considéré comme un prolongement de cette période préparatoire, à la différence qu'il permet d'aligner quelques matches officiels. A la recherche des sensations perdues après une année 2020 à oublier... ou plutôt à méditer, il s'agit maintenant pour lui de transformer l'essai sur le court. Certes, des pointures comme Berretini, Fognini ou De Minaur font partie d'un tableau dont David est tête de série numéro deux. Mais, vu tous les forfaits, on y retrouve aussi des joueurs classés très loin au ranking mondial. L'occasion paraît donc belle de se refaire les dents et les jambes en Turquie, en espérant qu'avec une température autour de 15/20 degrés et pas mal de pluie à cette époque de l'année, on ne doive pas trop passer entre les gouttes. A l'inverse de David Goffin, Elise Mertens a conclu 2020 sur une belle lancée, et même le plus grand nombre de victoires de l'année sur le circuit WTA (34). 7e tête de série d'un tableau relevé à Abu Dhabi (Kenin, Svitolina, Pliskova, Sabalenka, Muguruza...), elle ne pense qu'à poursuivre sur son élan. Kirsten Flipkens sera dans la "bulle" des Emirats elle aussi - une partie d'un hôtel est réservée aux joueuses, qu'elles ne peuvent quitter, elles sont testées deux ou trois fois par semaine - ce qui n'est pas le cas d'Alison Van Uytvanck qui s'est plainte de pépins physiques.

Rentrée pour le Team Pro

Un échelon plus bas, du 10 au 13 janvier, plusieurs de nos compatriotes vont tâcher de se qualifier pour l'Open d'Australie, et pour deux filles il s'agira d'une première, Lara Salden (WTA 246) et Marie Benoit (WTA 237). Greet Minnen (WTA 110) et Ysaline Bonaventure (WTA 122) en revanche sont des habituées de l'exercice, ce qui est également le cas de Kimmer Coppejans (ATP 155), Ruben Bemelmans (ATP 225) et Arthur De Greef (ATP 338, classement protégé 239) côté masculin. De son côté, Maryna Zanevska (WTA 252) sera la première tête de série du 25.000 dollars d'Hambourg disputé la semaine prochaine. Quant aux jeunes pros francophones, ils rentrent eux aussi dans la danse. Romain Faucon, qui n'a pas arrêté de jouer, à la recherche de ses premiers points ATP, et qui, dépanné par son ancien coach David Leveaux, se trouve toujours en manque de structure (et d'heures) d'entraînement, est déjà au Caire où il joue un 15.000 dollars, comme Simon Beaupain. Jeudi, Arnaud Bovy, Raphaël Collignon et leur coach Ananda Vandendoren rallieront Monastir où ils disputeront également un 15.000 dollars tunisien, rejoints huit jours plus tard par Gauthier Onclin (retardé la semaine passée par une douleur aux ischios), Louis Herman et Steve Darcis. Comme on dit, c'est reparti.

 

Entretien avec David Goffin : "J'espère qu'on commence à voir une petite lumière"


Notre 15e mondial a donc pris ses quartiers à Antalya, en Turquie, d'où il a livré quelques impressions à la veille de reprendre la compétition.

Q. Comment ça se passe là-bas ?

R. Très bien. Vous connaissez la chanson. Test en arrivant. 24 heures à attendre les résultats. Temps partagé entre terrains et hôtel... des terrains qui sont d'ailleurs dans l'hôtel, et bien sûr pas de public. Quant aux nombreux forfaits, peu importe - même si c'est assez spécial, j'ai croisé Julien Cagnina qui aurait même pu être tableau final avec son classement protégé -, il reste suffisamment de bons joueurs. 

Q. Ce sont des conditions qui vous ont plutôt tapé sur les nerfs l'an dernier.

R. Oui, mais, là, je sors de la plus longue période de préparation hivernale de ma carrière, on a pu faire tout ce qu'on voulait, même si on a dû s'adapter puisqu'initialement on pensait partir en Australie le 14 décembre. On a bien géré, j'ai pu passer les fêtes calmement avec mes parents, et j'ai rechargé les batteries pour être prêt à jouer dans ces conditions-là. Je me suis recentré sur ce qui faisait ma force, je ne me suis plus lancé dans des schémas que je contrôlais moins, j'ai une autre motivation, je me sens bien sur le court, plus en confiance. Qui sait, en Australie, on va peut-être même retrouver un peu de public, il y a les vaccins, j'espère qu'on commence à voir une petite lumière. En revanche, on est toujours dans l'incertitude quant à la manière dont on pourra rallier Melbourne dans dix jours; les lignes régulières il ne faut guère y penser, l'organisation a parlé de charters, notamment au départ de Dubaï à quatre heures de vol d'ici, mais depuis pas de nouvelles.  (NDLR : autre "souci" australien : 36 propriétaires d'appartements situés dans le même bâtiment que l'hôtel Westin qui doit accueillir la "bulle" des joueurs menacent d'entamer une procédure, craignant pour leur santé et reprochant à l'organisateur de ne pas les avoir correctement consultés. En catastrophe, les organisateurs se sont mis en quête d'un autre hôtel !)

Q. A Melbourne, vous avez prévu de faire équipe avec Grigor Dimitrov pour l'entraînement lors de la première semaine de quarantaine. Pourquoi ce choix ?

R. On est dans une situation où on doit se faire confiance, et c'est toujours mieux quand on s'entend bien, ce qui est le cas avec Grigor et son nouveau coach (l'Italien Dante Bottini, ex-entraîneur de Kei Nishikori). Dimitrov sait tout faire, et possède le physique qu'il faut pour tenir une semaine, ce qui, par exemple, n'est pas sûr avec quelqu'un comme Raonic qui a le dos fragile. En deuxième semaine, Edmund et Khatchanov pourront se joindre à nous, ce sont tous des joueurs au style différent. J'ai eu le Covid, et j'ai encore des anticorps selon un test récent, Dimitrov l'a eu aussi, mais on fera tous attention, on n'a pas le choix, et j'imagine que personne ne va se mettre à faire le mur. J'ai aussi demandé et obtenu de pouvoir partir à quatre en Australie, avec Germain (Gigounon), Fabien (Bertrand) et ma compagne Stéphanie. J'ai pu profiter d'un désistement dans l'entourage d'un autre joueur.  Je regrette de ne pas pouvoir participer à l'ATP Cup comme l'an dernier. On est tombé tout juste en dehors des douze nations sélectionnées à cause des classements protégés. Je participerai donc à un des tournois préparatoires organisés à Melbourne après la quarantaine.

Q. Déjà une idée sur la suite du programme ?

R. Il y aura sûrement Montpellier et Rotterdam en rentrant d'Australie. Après Doha, Dubaï, Miami ? Pas évident à placer, j'hésite encore. On ne peut pas perdre de points d'ici le mois de mars, et je ne pense pas pour l'instant en termes de ranking, mais de terrain, de technique, de tactique, tout en essayant de faire un programme pour être performant dans les gros tournois, mais avec les incertitudes ambiantes ce n'est toujours pas très facile.


 

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