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Gaël Monfils : "David a dû être bon pour venir me chercher"

Qui plus est disputé sur deux jours, le troisième tour entre Gaël Monfils et David Goffin fut le match le plus intense et le plus spectaculaire de la première semaine de Roland Garros.

Peut-être pas au niveau de la qualité tennistique globale, il y eut beaucoup de hauts et de bas des deux côtés (60 fautes directes pour le Liégeois, 72 pour le Français), mais sur le plan du scénario, des émotions fortes, des retournements de situation, le tout agrémenté aussi de coups brillants et d'échanges de haut niveau. La chance de Monfils aurait été de gagner en quatre sets, il en a eu quatre fois l'occasion. Par la suite, il n'y a plus eu photo, Goffin, qui avait réussi à sauver ces quatre balles de match "au courage et aux tripes", était au dessus pour finir le match, ne fut-ce que physiquement.

"Vraiment chaud"

On les avait laissés vendredi soir dans la pluie à un set partout, 3-2, 30-0 Goffin au service, en craignant pour David que l'interruption ne coupe l'élan positif constaté depuis la perte de la première manche et qu'elle permette à son adversaire, apparemment de santé chancelante, de revenir le lendemain avec son tennis de début de match. Et c'est bien ce qui s'est produit. "J'avais vraiment chuté physiquement, le report m'a beaucoup aidé", reconnaît Monfils, avant de lancer une de ces phrases qui n'appartient qu'à lui : "Ici, même diminué, je suis à 100 %". Joignant le geste à la parole, il renversa à son tour le cours du match, en quelques minutes le léger avantage pris par notre compatriote, qui n'aurait sans doute fait que croître et embellir si le match s'était poursuivi vendredi, fut réduit à néant. "Je suis bien rentré dans la partie, j'ai réussi à imposer mon jeu et ma tactique", confirme le Français, qui n'a pas son pareil pour "chauffer" son public. "Il est revenu avec de grosses intentions", confirme Goffin. "Les conditions étaient différentes, avec la chaleur les balles étaient plus vives, plus lourdes, il jouait du très bon tennis, et je faisais de grosses fautes de cadrage, de précision." Se retrouvant finalement mené deux sets à un (4-6) et breaké (1-3) dans le quatrième, "j'ai essayé de rester calme, c'était vraiment chaud, un peu tendu même", sourit David.

"Je lui ai simplement dit de jouer"

Avec les fameuses quatre balles de match que s'est octroyées Gaël Monfils à 4-5 dans cette quatrième manche, on s'est retrouvé au tournant du match. Surtout que, comme la veille, on sentait toujours le Français incapable de soutenir ce niveau-là sur la longueur. Ces balles de match, malgré un coup droit long de ligne de son adversaire dans la bande du filet, c'est surtout David Goffin qui les a sauvées avec bravoure, avant de remporter le set 7-5. "J'ai essayé de les aborder chaque fois comme si c'était un point normal, tout en cherchant à être agressif, je savais que si je lui laissais la moindre opportunité il allait la prendre", dit-il. "Je sentais que si je revenais à 5-5 tout était possible." Plus le temps passait, plus le Français soufflait effectivement entre les échanges. "C'est ma façon de récupérer, je me baisse tout le temps, je m'appuie sur mes genoux", explique-t-il. Il a alors écopé d'un avertissement de l'arbitre de chaise pour avoir trop pris ses aises, et la discussion a même eu l'air de s'envenimer avec David. "Il ne pouvait pas prendre autant de temps à chaque fois, je n'entendais rien de ce qu'il disait de l'autre côté du court, on s'est expliqué au changement de côté, je lui ai simplement dit de jouer, il ne l'a pas trop mal pris", racontait le Liégeois. "Hier, on me dit que je vais trop vite, aujourd'hui trop lentement", ajoute Monfils. "C'est ce qui m'a énervé. Mais sur l'altercation, il n'y a rien. On est potes, avec David."

"On a l'impression que je suis impassible, mais ça bout à l'intérieur"

Jouer contre un garçon comme ça, un surdoué qui n'a pas l'air bien mais qui vous assène des grands coups quand vous le pensez "mort", qui vous retourne un jeu ou un public en quelques gestes, doit être une expérience particulièrement délicate et atypique, il n'est pas toujours évident de rester concentré alors que l'autre est capable de vous envoyer un missile dans les circonstances les plus chaotiques. David a su le faire. "Il fallait vraiment que je reste calme, j'ai fait le maximum pour ça, je me connais, c'est comme cela que je fonctionne, je dois consacrer le moins d'énergie possible à ce qui est en dehors du jeu", continue le Liégeois. "Parfois c'est dur, en fin de match, quand il faut conclure, j'essaie d'avoir l'air impassible, serein, mais à l'intérieur ça bout, on passe par toutes les émotions. Mentalement, j'ai laissé beaucoup d'énergie sur le court. Battre Gaël chez lui, avec le public contre soi, une interruption, des balles de match... il y a tout eu dans cette partie." 6-3 au cinquième, donc. "A ce moment-là, j'étais cramé", conclut le Français. "Mais, bizarrement, ici, à Roland Garros, j'ai toujours la capacité d'aller au delà de la douleur, de me surpasser, David il a vraiment été bon, il fallait venir me chercher, il est venu, chapeau à lui !" Pas mieux.

Contre l'Italien Cecchinato... toujours sur le Lenglen

David Goffin n'aura guère le temps de savourer, puisqu'il disputera son huitième de finale dès ce dimanche, en troisième match (à partir de 11 h, après Khatchanov-Zverev et Strycova-Putintseva), de nouveau sur le court Suzanne Lenglen, et face à l'invité surprise, l'Italien Marco Cecchinato, 72e mondial qui a déjà virtuellement gagné 20 place au ranking ATP grâce à sa campagne parisienne. Le Transalpin, qui n'aura rien à perdre et mettra tout son tempérament dans la bataille, a éliminé le 10e mondial Carreno Busta 2-6, 7-6 (5), 6-3, 6-1 en 2h19. Il ne doit plus douter de rien, lui qui n'avait jamais passé un tour en Grand Chelem jusque là, et sera d'autant plus dangereux. Match piège, David le sait, surtout avec un beau quart de finale face à Djokovic (ou Verdasco) en vue. Le mois dernier à Rome,  le Liégeois avait vécu un moment bizarre face à cet Italien, menant 5-1 avant de se sentir mal, de perdre le premier set et d'appeler le médecin, il avait quand même ensuite remporté les deux autres manches 6-2. "Physiquement, je me sens vraiment prêt et je suis prêt à jouer longtemps s'il le faut. C'est surtout nerveusement qu'il faudra récupérer", a-t-il confié.

 

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