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Fin de carrière en Australie pour Steve Darcis : "Le corps et la tête ne répondent plus"

La semaine anversoise qui s'annonce belle a débuté dès samedi par une annonce certes attendue mais qui, après les départs de Malisse et des frères Rochus, tourne définitivement une page dans l'histoire de notre tennis. Steve Darcis n'a plus le coeur à tergiverser, au bout du chemin après tant de tracas physiques, il a décidé de jeter l'éponge à 35 ans, l'Australie 2020 sera sa tournée d'adieu.
 

Une autre fissure au coude

En marge du tirage au sort de l'European Open d'Anvers, Steve Darcis avait rendez-vous avec les journalistes, une rencontre indispensable mais dont il se serait bien passé. "C'est dur d'arriver ici devant vous et de remercier tous les gens qui m'ont aidé à devenir ce que je suis, à commencer par mes parents et mon entraîneur, je ne pourrais d'ailleurs les citer tous", lance-t-il, "mais il faut bien se rendre à l'évidence, je ne me sens plus la force de revenir une fois encore de je ne sais où, on en a beaucoup discuté avec mon entourage et les médecins, le message corporel est clair. En 2017 - l'année où il a atteint le meilleur classement de sa carrière, 38e mondial, ndlr -, j'ai tiré jusqu'à la fin de l'année une blessure au coude (jusqu'à la finale de la Coupe Davis en fait, ndlr), avant de décider d'une année "off" en 2018 dans l'espoir de m'offrir ensuite une dernière chance sur le circuit. Plutôt une bonne idée, puisque j'ai de suite atteint les demi-finales au tournoi de Pune, en Inde. En revanche, ma saison sur terre battue n'a pas été bonne du tout, et sur le gazon le mal au coude a immédiatement refait surface, les examens ont malheureusement montré qu'il s'agissait à nouveau d'une fissure, mais d'un autre tendon."

"Plus d'essence"

"Mon corps m'avait déjà envoyé pas mal de signes d'usure, je ne pouvais plus les ignorer", continue le Liégeois. "Il n'en pouvait plus, et je n'en pouvais plus non plus. L'envie de jouer est toujours là, plus la force de se faire mal continuellement sur un terrain. La tête ne répond plus, mentalement je suis fatigué, il n'y a plus d'essence dans le moteur." Partira-t-il frustré ou fier ? "Les deux", dit-il, "parce que j'aime toujours jouer au tennis et que ce n'est plus possible, et parce que je suis fier du niveau que j'ai pu atteindre, mais aussi de la manière dont j'ai tant de fois refait surface, alors que pas mal de gens m'avaient déjà enterré." Une carrière à la fois pleine, exemplaire, et n'ayant pas atteint la plénitude qu'elle aurait pu avoir sans la scoumoune physique qui l'a si souvent accablé, comme le soulignait son coach et ami Yannis Demeroutis. Y a-t-il un moment dont il se souviendra plus particulièrement ? "Je sais que les gens me parleront toujours de ma victoire sur Nadal à Wimbledon, voire sur Berdych aux Jeux olympiques, mais pour moi, entre les succès ATP (Amersfoort 2007, Memphis 2008), ceux en Challenger, les épopées de Coupe Davis, je ne fais guère de différence, en sortir un du lot ne m'est pas facile. Il y a eu énormément de belles choses, et les moins belles resteront pour de bon dans un tiroir fermé à double tour."

Coupe Davis et ATP Cup

Forcément, la question à laquelle il ne peut dès lors échapper c'est : quid de la suite, à 35 ans il s'agit d'une sorte de "petite mort" pour un sportif mais on n'est pas vieux pour autant ? "Je n'en aurai fini que début 2020", précise le 177e mondial qui bénéficie toujours de son classement protégé (90e), "j'ai Anvers au programme, plus deux tournois Challenger en Allemagne (Eckental et Hambourg)... du moins si je suis repris pour la phase finale de la Coupe Davis en novembre à Madrid (sélection cette semaine, ndlr). Ensuite, je participerai au stage Hope and Spirit à Abou Dabi, et l'Australie sera mon dernier tour de piste. L'ATP  m'a désigné avec David (Goffin) pour former l'équipe belge à l'ATP Cup début janvier, puis j'irai à Melbourne disputer les qualifications de mon Grand Chelem préféré, mais aucune chance de jouer les prolongations, je n'ai plus l'énergie, même si je suis demi-finaliste à l'Australian (sourire), ma décision est prise." Plus sérieusement, qu'attendre encore de cet ultime baroud ? "Je n'ai pas pu faire beaucoup d'entraînement tennis, c'est clair, mais j'ai bossé physiquement, j'ai été très bien suivi, le risque est que la douleur empire, mais il y a les anti-inflammatoires, et contrairement à 2017 je sais que c'est fini, que cela ne sera plus très long. En lui-même le circuit ne me manquera pas, en revanche la compétition, le stress avant un match, c'est différent." On sait qu'il a déjà entamé une formation d'initiateur, où en est-il de sa désormais inévitable reconversion ? "Là, je pense encore à terminer l'année sans trop y penser", insiste-t-il, "maintenant que tout le monde sait que joueur ce sera terminé des propositions vont peut-être arriver, jusqu'ici il n'y a rien de concret."

Darcis contre Simon, Goffin face à Humbert ou Kovalik

Pour son premier tour à Anvers, Steve Darcis a hérité du Français Gilles Simon, 49e mondial, "un joueur de mon âge, que je connais très bien", s'est-il contenté de constater. Quant à David Goffin, bye au premier tour, il affrontera soit le jeune Français Ugo Humbert, 65e mondial, soit le Slovaque Jozef Kovalik (ATP 175). Ensuite, s'il passe, il pourrait jouer Gasquet ou Pella en quart, et Schwartzman, Cuevas ou Murray en demi, Murray qui croisera la route de... Kimmer Coppejans mardi au premier tour. Le tournoi - "qui avec un tableau pareil proposera de bons matches tous les jours", confirme son directeur Dick Norman - a perdu en route Raonic et Paire forfaits, mais a récupéré in extremis son vainqueur de l'an dernier le Britannique Kyle Edmund, 42e mondial, contraint néanmoins de passer par les qualifications, tout comme nos compatriotes Ruben Bemelmans (contre Marius Copil) et Arnaud Bovy, bénéficiaire d'une wild card et confronté à Paolo Lorenzi, belle expérience. Trois paires belges sont aussi engagées en double, Vliegen et Gille bien sûr, mais aussi Darcis/Bovy, duo 100% liégeois, et Bemelmans/Coppejans.

Fête surprise

Après sa conférence de presse, Steve Darcis a été convié par ses amis et sa famille à une petite fête surprise, au coeur même de la Lotto Arena, qui lui a fait chaud au coeur. Dans une ambiance super conviviale, le Liégeois a reconnu pas mal de visages venus lui rendre hommage, certains connus de tous comme Maxime Monfort, Philippe Saive, Johan Van Herck, Christophe Van Garsse ou Olivier Rochus pour n'en citer que quelques uns, et d'autres qui le sont moins mais comptent au moins autant à ses yeux. Outre un superbe gâteau, et un objet d'art original, en forme de balle de tennis, retraçant l'essentiel de sa carrière, il a déjà reçu quelques cadeaux, d'autres suivront.
 

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