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Coupe Davis : les Belges "trop courts" face à l'Australie

On savait que la rencontre face aux Australiens, capitale pour la qualification directe en quart de finale de la Coupe Davis new look, serait compliquée.

Qu'il faudrait, comme souvent, un David Goffin au mieux de ses possibilités pour tenir le bateau à flots, en espérant que le double Vliegen/Gillé puisse ensuite couronner l'ouvrage. Le Goffin de Madrid, en cette fin de saison, n'a malheureusement pas été en mesure de faire tomber le 18e mondial Alex de Minaur, tandis que Steve Darcis a quitté l'équipe belge la tête haute, mais n'avait pas les moyens de mettre à mal un Nick Kyrgios qui lui a passé 22 aces. On est tombé "trop court". C'est l'Australie qui affrontera le Canada en quart de finale.

Le double pour un jeu

Quant on soulevait avec le capitaine Johan Van Herck la question de la programmation de cette semaine madrilène, à l'étroit avec ses dix-huit équipes, les rencontres fixées à 18 h pouvant se terminer bien au delà de minuit alors que l'on est parfois obligé de rejouer dès le lendemain, on ne pensait pas si bien dire. Mardi soir, l'affrontement entre l'Espagne et la Russie s'est conclu quelques minutes avant deux heures du matin. C'est peu dire que même le maître des lieux, Rafael Nadal, n'a pas apprécié, à deux doigts de parler d'inconscience. Pire encore, mercredi, le match opposant l'Italie aux Etats-Unis s'est terminé à 4 h du matin, la deuxième fin de rencontre la plus tardive de l'histoire du tennis. Et quand la dernière balle de la confrontation entre la Grande Bretagne et les Pays Bas, qui commençait à 11 h du matin et à laquelle Belgique-Australie devait succéder, a été jouée sur le coup de 19 h 45, ce qui retarda encore notre coup d'envoi de plus de deux heures, on s'est dit que la même chose pouvait nous pendre au nez. Deux heures durant lesquelles, soit dit en passant, les valeureux supporters belges, dont l'inaltérable enthousiasme tranchait dans un paysage trop souvent glacial, ont dû patienter dehors, par un froid de canard. Si on ajoute ça à la polémique née du forfait la veille du Canada (déjà qualifié) en double face aux Etats-Unis qui ont bénéficié dès lors d'un score de 6-0, 6-0 - alors que les sets et les jeux entrent en ligne de compte pour les deux places de meilleurs deuxièmes - sans que le règlement y puisse quelque chose, on voit bien que cette "première" déjà controversée, où seule l'Espagne fait vraiment recette, ne se passe pas tout-à-fait comme le footballeur Gérard Piqué l'avait rêvé. Les Australiens, menant 2-0 contre nous, n'ont d'ailleurs pas manqué de s'engouffrer dans la même brèche, en montant sur le terrain pour le double... mais en jetant l'éponge après un jeu, eux qui en seront ce jeudi à leur troisième rencontre en soirée/nuit. De bonne guerre.

Steve Darcis avec les honneurs, mais cela n'a pas suffi

Notre capitaine avait prédit un Belgique-Australie sur le fil du rasoir, du genre de la demi-finale bruxelloise de 2017. Qui aurait donc pu facilement nous conduire jusqu'à 3 ou 4  heures du matin. Malheureusement pour nous, l'affaire tourna tout autrement, à l'avantage du team de Lleyton Hewitt, avec un David Goffin qui, malgré un ultime mais tardif sursaut, ne put à nouveau cacher qu'il termine l'année en mineur. Mais reprenons la soirée par le menu. Il était 20 h 30 lorsque Steve Darcis engagea sa première balle face à Nick Kyrgios, et se trouva breaké d'emblée par l'Australien dont on savait le service difficilement retournable pour le vétéran belge. Vraiment dommage ce coup dur à froid, qui mit en selle un 30e mondial valant évidemment mieux que ce ranking-là quand il joue sérieusement. Parce que, par la suite, spécialement lors du deuxième set, Steve soutint progressivement mieux la comparaison face au prodige australien qui réussit pourtant 22 aces, remporta 100% des points sur sa première balle passée à 74%, ne concédant aucune balle de break et seulement deux points sur son engagement dans le premier set. Que, dans ces conditions, Darcis, défait 2-6 en première manche, soit parvenu à garder son service sous la pression et à forcer le tie-break dans la deuxième, y obtenant même deux balles de set (toutes sauvées par un "ace" adverse), témoigne de la qualité de la réplique du Liégeois de 35 ans. A nos côtés, quelqu'un a même glissé qu'avec un Steve dans cet état-là on aurait gagné la Coupe Davis il y a deux ans. Sans aller jusque là, on a bien compris à sa réaction furieuse d'après match que notre compatriote avait senti un troisième set à sa portée. "Il m'a mis sous pression d'entrée et n'a rien laissé au hasard, en comparaison avec l'attitude qu'on lui a connu sur certains tournois c'était le jour et la nuit", convenait-il néanmoins après la partie. "Au deuxième set, j'étais mieux dans le match, et lui peut-être un peu moins, je me suis procuré quelques petites opportunités, mais je n'ai pas eu la chance de les saisir face à un tel serveur. J'ai perdu contre plus fort que moi."

David Goffin n'avait jamais perdu un set 0-6 en Coupe Davis

Steve sortait avec les honneurs de sa dernière rencontre sous les couleurs belges en Coupe Davis (ou ce qu'il en reste), du moins en tant que joueur, mais cela ne suffisait pas à empêcher l'Australie de mener 1-0. Il revenait à David Goffin, puis au double Vliegen/Gillé, dont les matches s'annonçaient plus équilibrés, de remettre l'équipe sur la voie de la qualification. Malheureusement, on eut très vite la confirmation que ce n'est pas le meilleur David qui a débarqué à Madrid. Comme lundi, face à un adversaire qu'il n'avait jamais affronté mais d'un autre calibre, il a de nouveau très mal commencé son match, largué au point de "sacrifier le premier set" comme il l'a reconnu après coup. Reste que jamais auparavant notre numéro un n'avait subi un 0-6 en Coupe Davis. Certes, il y avait un excellent de Minaur, particulièrement décidé et se multipliant de l'autre côté du filet, mais quel Goffin avait-il en face de lui ? Lorsque l'Australien fit le break à 1-2 lors de la deuxième manche, on crut l'affaire définitivement entendue, mais alors que son adversaire servait pour le match à 4-5 David se mit subitement à lâcher ses coups et on crut vraiment à une troisième manche lorsqu'il s'octroya deux balles de set à 6-5, mais il finit par perdre au tie-break (4-7) "Trop de hauts et de bas", disait-il. "Le premier set c'était une petite catastrophe. J'ai essayé de me battre vraiment au deuxième quoiqu'il arrive, et je commençais à trouver plus mes marques sur la fin, j'ai deux balles de set comme Steve, cela n'a pas tourné en ma faveur, peut-être qu'au troisième j'aurais encore augmenté mon niveau de jeu, mais il a été solide aussi, au début il n'a rien raté, je ne trouvais pas vraiment les solutions pour l'attaquer. A la fin j'ai été plus agressif, quitte à rater, cela a un peu fonctionné, quand on arrive à le dépasser, à lui faire plus de coups gagnants son jeu devient plus neutre, je suis bien revenu, même en jouant "mal" je dirais je suis arrivé à avoir des opportunités, c'est passé contre la Colombie, ici c'était un autre joueur, il a réussi à bien finir. Il aurait fallu que je fasse ça dès le début, que je sois un peu mieux dans mon tennis."

"Jamais trouvé mon niveau durant toute cette semaine"

David reconnaissait l'évidence : "Je n'ai jamais vraiment trouvé mon niveau durant toute cette semaine. Peut-être n'étais-je pas bien préparé, pourtant j'ai essayé de faire le maximum, tout ce que je pouvais. Je ne suis pas contre cette nouvelle formule, mais la date n'est pas bonne, c'est mal situé, un peu plus de deux semaines après le dernier tournoi, il y a la fatigue d'une saison compliquée, dans un coin de la tête il y a l'idée que c'est terminé, et puis il faut relancer la machine, j'ai essayé de faire le maximum." Depuis une belle tournée asiatique, il n'avait plus remporté qu'un match, à Bâle contre Cilic, on peut donc parler d'une fin d'année plus difficile, et il ne lui restera pas beaucoup de temps pour préparer 2020 ? "Avec tout ce qui s'est passé début 2019, la saison s'est plus ou moins bien déroulée, j'aurais signé pour être 11e mondial, c'est une bonne base pour ce qui va suivre", insiste-t-il. Après la victoire de de Minaur qui qualifiait l'Australie, on eut donc droit à un simulacre de double au delà de minuit qui offrit le point du 2-1 et un double 6-0 - symbolique, même s'il nous restait une infime chance de finir parmi les meilleurs deuxièmes - à nos compatriotes, tandis que l'ensemble de l'équipe belge remerciait ses (formidables) supporters face aux tribunes. "Je comprends parfaitement les Australiens", concluait Johan Van Herck. "Ils ont déjà joué jusqu'à minuit mardi, le double contre nous les aurait conduits bien plus tard encore, et ils rejouent ce jeudi soir à la même heure, un planning pareil n'est pas sain. On aurait pu mieux faire, surtout dans les deux débuts de match où c'est allé trop vite, mais on a joué contre une très forte équipe qui, on doit le dire, aujourd'hui méritait peut-être de gagner. A chaud, il y a de la déception et plein de sentiments mêlés, de l'émotion aussi avec le dernier match de "Shark" (Steve Darcis)."

Les résultats

Australie-Belgique 2-1

Nick Kyrgios - Steve Darcis 6-2, 7-6 (11-9) Alex de Minaur - David Goffin 6-0, 7-6 (7-4) Peer/Thompson - Vliegen/Gillé (1-0, ret / 0-6, 0-6)

 

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