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David Goffin blessé à Cincinnati : "Il ne servait à rien de continuer"

Pas de chance, décidément, pour David Goffin, qui a dû abandonner en demi-finale du Masters 1000 de Cincinnati alors qu'il tenait tête à Roger Federer (6-7, 1-1, sans perdre son service). Espérons que le problème d'épaule et de bras qui l'a handicapé en fin de premier set ne soit plus qu'un mauvais souvenir lors de l'US Open qui commence dans une semaine.

"Je me sentais et je bougeais vraiment bien, j'avais un très bon feeling en coup droit, du fond c'était super". David Goffin résumait ainsi l'heure de jeu qu'il a disputée en demi-finale du tournoi Masters 1000 de Cincinnati face à un Roger Federer loin de dominer son sujet et son adversaire jusque là. Surtout en début de partie, le Suisse a commis pas mal de fautes directes, et lors de la première manche c'est surtout grâce à son service qu'il est parvenu à maintenir ses distances. Malgré un niveau de jeu élevé et le sentiment qu'il était capable de faire pencher la balance en sa faveur, David ne s'est en effet octroyé aucune balle de break, tandis que,  sur la lancée d'une semaine menée crescendo, il se montrait lui aussi autoritaire sur son engagement. Ce n'est qu'à son dernier jeu de service qu'il dut écarter trois balles de break, pour forcer le tie-break dans lequel il s'inclina 7-3. Sur le moment, on ne s'est pas rendu compte qu'il n'était plus alors à 100 % de ses capacités.

Une première balle à 160

"Déjà au premier set, j'avais mal au bras et à l'épaule", a en effet confié après coup le Liégeois qui appela le kiné durant l'interruption. La manipulation de l'épaule et du haut du dos ou l'anti-douleur qui lui furent administrés ne firent guère d'effet puisque deux jeux plus tard David jeta l'éponge. Par mesure de prudence, espérons-le. C'est surtout au service que notre compatriote payait la note, sa première balle ne dépassant plus les 160 km/h. "Après la perte du premier set, j'aurais dû remporter les deux suivants pour gagner, avec un problème pareil il ne servait à rien de continuer, cela n'avait plus de sens", concluait-il. Est-ce la conséquence de la folle épopée de vendredi où huitièmes et quarts de finale ont dû se disputer dans la même journée, fait rarissime dans un Masters 1000, une surcharge donc ?  "J'ai bien constaté que Goffin ne servait plus top", indiquait Federer, "mais cela pouvait être un choix de sa part pour passer plus de premières balles. Personne n'espère la blessure de quelqu'un, ou une fin de demi-finale comme celle-là pour le public, mais je ne vais pas cacher que je suis heureux et soulagé d'avoir pu économiser de l'énergie après un quart de finale très dur contre Stan (Wawrinka) qui a fini après minuit, je ne me suis pas couché avant 3 h 30 du matin, je ne sais si c'est à cause de ce "trop plein" que j'ai eu du mal à trouver mon rythme." Des retrouvailles en finale avec Novak Djokovic, qui a dû batailler avec Dimitrov, Raonic et Cilic, l'attendaient comme au bon vieux temps, tandis que David Goffin, initialement programmé à Winston Salem, sera rejoint cette semaine par son médecin et son préparateur physique dans la perspective du Grand Chelem new yorkais. 

Le David qu'on attend

La bonne nouvelle reste qu'on a retrouvé à Cincinnati le David Goffin que l'on espère et que l'on attend. S'il peut y avoir d'autres causes au creux qu'il a connu précédemment, on ne peut sous-estimer l'impact de ses trois énormes dernières (fin de) saisons, avec deux finales de Coupe Davis et un Masters, ni d'ailleurs les répercussions en terme de réactivité de sa blessure à l'oeil, à deux doigts du décollement de rétine. Même les super pros du tennis ne sont pas des machines. Une ébauche de "réveil" avait déjà été constatée à Washington, où David fut stoppé en quart de finale par Stefanos Tsitsipas qui allait atteindre la finale la semaine suivante face à Nadal à Toronto. Toronto où, en revanche, il ne donna jamais l'impression de pouvoir menacer Milos Raonic et ses missiles au service. Toujours est-il que tout s'est mieux mis à Cincinnati, malgré le fait qu'un nouveau face à face avec Tsitsipas au premier tour n'était pas en principe un cadeau du ciel. Mais le Grec sortait d'un gros match face à Rafa, et Goffin avait le goût pour une revanche. Comme un déclic ? 

Anderson et Del Potro dans la même journée

Le Liégeois a ensuite écoeuré Benoît Paire, puis dut ronger son frein une journée pluvieuse durant, avant comme d'autres de disputer le lendemain à la fois son huitième et son quart de finale. Face au 6e mondial et finaliste de Wimbledon, Kevin Anderson, il a quasi réalisé un cavalier seul, 6-2, 6-4 en 1 h 16, et surtout retrouvé une qualité de service qui change tout, 76% de premières balles, 86% de points sur cette première balle, aucune balle de break contre lui. Il a maintenu le cap quelques heures plus tard face à un autre géant, Juan Martin Del Potro, sauvant sept balles de break pour une à l'Argentin, mais remportant les deux manches au tie-break. Au tour précédent, il avait certes dû jouer une heure de moins que Del Potro, qui avait déjà bataillé face à Kyrgios, mais il apportait en tout cas la confirmation que ce n'est pas physiquement que le bat blessait. Deux victoires de cet acabit dans la même journée, cela n'arrive pas tous les jours.

"Frais mentalement"

David, qui retrouve ainsi sa place dans le Top 10, convenait que la première victoire contre Tsitsipas lui avait donné confiance, "c'est le match qu'il me fallait pour être plus confortable sur le court, je me sens de nouveau frais mentalement, je bouge bien, c'est la clé dans mon jeu, et cela a été de mieux en mieux. Contre Del Potro, ce fut une grosse bataille, d'une grande intensité, au terme d'une rude journée, il n'était pas toujours facile de trouver une solution tactiquement, mais, à la fin, remporter les deux tie-breaks contre un joueur et un serveur pareil ce n'est pas rien." En croisant les doigts pour que cela n'ait pas été une victoire à la Pyrrhus, faut-il le dire...
 

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