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Ysaline Bonaventure à Palerme pour la reprise WTA, avec les meilleures joueuses belges

Un peu comme le championnat d'Allemagne pour le foot, le tournoi féminin de Palerme a le redoutable honneur de rouvrir en cette fin de semaine le circuit mondial de tennis. 

C'est peu dire que, dans un contexte de rebond épidémique, on n'y a pas droit à l'erreur et que le monde entier aura les yeux fixés sur un tournoi dont on ne parle guère d'habitude mais dont le plateau aura cette fois fière allure, même si Simona Halep a finalement renoncé.

Que ce soit en qualifications ou directement en tableau final, les Belges seront toutes là en Sicile, l'ensemble de notre équipe de Fed Cup effectue le déplacement, d'Elise Mertens à Yanina Wickmayer en passant par Alison Van Uytvanck, Kirsten Flipkens, Greet Minnen et Ysaline Bonaventure. Cette dernière, comme à peu près toutes les autres, manquera de compétition, forcément, mais elle n'a pas perdu son temps entretemps. Même si ce n'est pas la seule, et si en tennis aussi il y a la tête et les jambes, le côté physique a toujours représenté une valeur d'ajustement essentielle dans le jeu de la Stavelotaine. Ces derniers temps, sur les réseaux sociaux, on l'avait trouvée non seulement souriante mais apparemment affinée, affutée. Et pour cause. "J'ai travaillé dur avec Alexandre Blairvacq, le préparateur physique de l'AFT, et le résultat c'est que j'ai perdu sept kilos", confirme-t-elle, "idéalement je peux encore en perdre trois ou quatre et la vérité viendra des matches comme toujours, mais je suis contente parce que, sans me plaindre, j'ai tenu le choc, ce qui n'était pas évident surtout seule durant le confinement." Depuis que le Team Pro de l'AFT a retrouvé les courts, on l'a vue aussi intégrer quelques entraînements avec les garçons de Steve Darcis, ou croiser la raquette avec Van Uytvanck, Flipkens et Minnen à Anvers ou à Liège. Pour se faire quelques matches, elle aurait pu jouer la semaine dernière au Bercuit où les finalistes (la championne junior de l'Australian Open, Clara Tauson, et Maryna Zanevska) ne manquaient pas d'allure, mais il était prévu de longue date - au moment où elle pensait reprendre la compétition aux USA début août - qu'elle change d'air quelques jours dans le sud de la France où elle a d'ailleurs continué de s'entraîner. "On vit dans l'incertitude, sans savoir où on va depuis des mois, et on n'est toujours sûr de rien, j'en avais besoin", glisse-t-elle.

Plusieurs Top 100 en qualifs

Comme on peut l'imaginer, c'est une plongée dans l'inconnu qui l'attend à Palerme où l'on est sur le qui-vive et où parler de conditions d'accueil strictes est un euphémisme. Comme son coach Germain Gigounon, elle n'a pas encore été testée au coronavirus, mais elle n'y coupera pas dès qu'elle mettra le pied en Sicile ce mercredi (elle joue samedi). "Et le plus vite sera le mieux, parce que tant qu'on n'a pas le résultat on n'a pas accès au club, on ne peut pas s'entraîner, on doit rester à l'hôtel, aucune accréditation sans test négatif, et si on est positif c'est la quarantaine à nos frais... un peu flippant quand même ", soulignent-ils. "La distanciation sera stricte, on sera sous surveillance permanente, testés tous les trois jours, on devra tout faire à l'hôtel, le masque sera obligatoire pour tout le monde, sauf pour celle qui joue quand elle est sur le court." Malgré tout, après une telle période de frustrante inactivité, elles sont nombreuses à accepter cette situation bizarre pour regoûter au haut niveau, du moins celles qui peuvent voyager. "C'est fort comme tournoi", dit Ysaline, "il y a plusieurs Top 100 en qualifications." "On a bien travaillé, le confinement n'a pas servi à rien, elle n'a pas lâché, mais on n'a pas pu faire de matches" résume son entraîneur Germain Gigounon. "Ce que j'aimerais vraiment c'est qu'Ysa se rende compte de ce qu'elle est capable de faire, elle a parfois du mal à se montrer positive envers elle-même. J'aurais préféré la surface dure américaine pour elle, elle convient mieux à son jeu, mais en l'état actuel des choses c'était trop risqué, on a opté pour la moins mauvaise des solutions. Après ce serait Prague toujours sur terre battue... si tout va bien parce que c'est un peu comme un défi d'une semaine à l'autre. Avec les désistements, qui sait, elle pourrait même être "tableau" à l'US Open s'il a lieu (elle est 122e mondiale, ndlr), mais dans quelles conditions, voyage, quarantaine... ?"

350 personnes

Contrairement à d'autres, les organisateurs du tournoi de Palerme n'ont pas fait le choix du huis clos mais d'un nombre réduit de spectateurs. Le court central, dont la capacité est de 1500 places, accueillera ainsi un maximum de 350 personnes. La responsabilité sera d'autant plus grande. "Nous n'avons pas le droit à l'échec", confirme le directeur Oliviero Palma, "on sait qu'on va perdre de l'argent, mais c'est le premier tournoi du monde à reprendre et il doit montrer que notre sport peut revenir. On fera les comptes en 2021, en attendant le virus est encore là, nous devons être sur nos gardes."  On parlait de participation haut de gamme, il y aura sept membres du Top 25, citons pêle mêle Johanna Konta, Petra Martic, Anett Kontaveit, Élise Mertens bien sûr, Maria Sakkari, Marketa Vondrousova, Donna Vekic, Jelena Ostapenko, Daria Kasatkina, Kristina Mladenovic. Il aurait surtout dû y avoir la numéro deux mondiale Simona Halep, mais celle-ci s'est finalement désistée en raison des mesures anti-covid imposant une période d'isolement en Italie pour les ressortissants roumains, la possibilité d'une dérogation clairement évoquée n'y a rien changé, elle - qui a déjà décidé de renoncer à l'US Open - a donc choisi de rester solidaire de ses compatriotes. 

Quels points ?

Outre 34.677 euros, la gagnante du tournoi de Palerme empochera 280 points, les premiers accordés depuis mars. Reste que vis-à-vis des rankings mondiaux, bloqués depuis cinq mois, les incertitudes actuelles sont évidemment susceptibles de poser problème et de causer des inégalités. A la base, les classements ATP et WTA sont calculés à partir des résultats obtenus sur les 52 dernières semaines. Les deux instances ont dès lors décidé d'innover et de définir une période courant sur 22 mois, de mars 2019 à décembre 2020, durant laquelle les 18 meilleurs résultats de chacun seront pris en compte, à ceci près que l'on ne pourra compter deux fois le même tournoi parmi ses 18 résultats, on ne gardera que le meilleur des deux. En gros, le joueur ne peut rien perdre, il ne peut que gagner. Ainsi si Rafael Nadal gagne Roland Garros 2020, il ne comptera toujours à son actif que les 2000 points remportés en 2019. A l'inverse, s'il ne participe pas à l'US Open début septembre il conservera les 2000 points conquis à New York l'an dernier. L'ATP et la WTA se réservent la possibilité de modifier à nouveau le système (valable aussi pour les joueurs hors top 100), au cas où, en 2021, la saison serait à nouveau impactée par le coronavirus.
 

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