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Un été comme on n'en vivra sans doute plus

On ne se souviendra pas de 2020 comme d'une époque formidable, et on ne peut qu'espérer ne plus revivre un été comme celui-là, malgré le soleil. Le paradoxe veut que jamais les tournois belges haut de gamme ne l'ont été autant depuis que nos meilleures raquettes se sont internationalisées. Bilan de deux mois rares et chahutés, il est plutôt positif compte tenu des contraintes du moment.

Beaucoup de chance

On l'avait annoncé, l'arrêt des compétitions internationales ne pouvait que profiter aux tournois étoilés du Belgian Circuit. David Goffin mis à part, c'était l'occasion pour les meilleur(e)s Belges, ou pour nos jeunes promesses, de renouer avec la compétition et le cas échéant de bénéficier de l'une ou l'autre rentrée financière manquant cruellement depuis la mi-mars. Au moment où se dispute le dernier tournoi francophone de la série, à Ans dans les installations du Légia, on laisse le "boss" du Team Pro AFT résumer l'affaire : "Ce genre de rendez-vous "entre nous" ne remplacera jamais une véritable confrontation internationale", dit Steve Darcis, "mais dans une situation excessivement compliquée, avec l'absence de rendez-vous ITF/ATP jusqu'à la mi-août, et maintenant ces zones oranges ou rouges à l'étranger qui peuvent nous obliger à une quarantaine au retour, les gars ont vraiment eu beaucoup de chance d'avoir ces tournois en Belgique, très bien organisés, pour retrouver l'ambiance de la compétition et rester motivés après avoir travaillé "à vide" durant des semaines."

Reprise à Alkmaar 

En dépit d'une cascade d'annulations due à des exigences de sécurité draconiennes difficilement respectables au niveau d'un tournoi modeste, le calendrier international reprend timidement ses droits - Arthur De Greef a passé un tour au Challenger de Prague cette semaine, éliminé ensuite par l'Allemand Maden. Les membres du Team Pro fédéral se retrouvent, quant à eux, sur les listes du 15.000 dollars d'Alkmaar la semaine prochaine. Gauthier Onclin, assuré du tableau final en Hollande comme Arnaud Bovy, peut s'appuyer sur un excellent parcours estival et vient d'aligner onze victoires en autant de matches avant d'abandonner par prudence au tournoi du Panorama en raison d'un petit problème au genou. Le jeune Liégeois (19 ans) a remporté les deux tournois francophones les plus cotés/dotés, au Bercuit puis à Visé, et s'est aussi confronté à des garçons au profil différent de ceux qu'il croise à l'entraînement, se mesurant à la force de frappe de Romain Faucon au Bercuit puis à celle du grand talent néerlandophone Tibo Colson (longtemps blessé) au Panorama, s'imposant à chaque fois malgré la difficulté et encore une certaine inconstance. On regrettera juste que Ruben Bemelmans et Kimmer Coppejans (battus à la surprise générale par Romain Barbosa à Alken), qui ont écumé les tournois en Flandres, n'aient pas été confrontés ne fut-ce qu'une fois à tout ce petit monde en une sorte de mini-championnat de Belgique. Idéalement, c'était l'occasion ou jamais. Au fil de l'été, tandis qu'Arnaud Bovy, suivant le plan mijoté par Steve Darcis, s'appliquait en quête d'un tennis plus agressif, Clément Geens, de son côté, collectionnait les finales après s'être imposé deux fois côté flamand début juillet. En résumé, à plus d'une reprise, on a eu le sentiment d'assister sur nos courts à des rencontres dignes d'un tournoi Future ITF, et on a d'ailleurs longtemps caressé l'espoir de pouvoir en organiser un comme prévu, cette semaine, le 15.000 dollars de la Province de Liège à Huy, mais on a préféré raisonnablement y renoncer (comme le Ladies Open de Baulet et l'Astrid Bowl d'ailleurs) en découvrant en détail le protocole Covid imposé par la fédération internationale.

Jamais vu

Si ces beaux rendez-vous de l'été, d'Odrimont à Marche, en passant par le Bercuit, Visé, Fayenbois ou Ans, ont été une bénédiction pour nos joueurs privés de compétition, il n'en est pas nécessairement de même pour les clubs qui les ont organisés. Les plus performants tournois vécus sur nos terres depuis quarante ans ont également été les plus difficiles à organiser. Fort heureusement, ceux qui n'ont pas jeté l'éponge et ont eu le courage de s'adapter aux difficultés actuelles (également financières) ou aux fluctuantes règles sanitaires (parfois au cours d'une même semaine) en ont été récompensés. On n'a jamais vu autant d'inscrits à tous les niveaux de tournois, en beaucoup d'endroits on a refusé du monde. Y compris côté public là où l'affiche nationale était alléchante. Certains organisateurs ont eu la chance, comme au Bercuit qui a fait le plein, d'encore bénéficier d'une jauge à 400 spectateurs à l'extérieur, laquelle fut ensuite réduite à 200 avec recours s'il le fallait à la réservation via internet. "Il a fait beau, il y a eu un vrai engouement depuis le confinement, les gens qui ne sont pas partis en vacances ont cherché des dérivatifs, certains tournois n'ont pas été organisés, les interclubs Ethias n'ont pu l'être non plus, des joueurs habituellement à l'étranger ont enrichi les tableaux", ce sont quelques explications, entendues en bord de terrain, du succès des tournois d'un été comme on n'en vivra sans doute plus.

Satisfaction

Dans l'ensemble, on l'a déjà dit, le tennis a été à la hauteur de son rôle social. Même s'il a parfois fallu quelques rappels à l'ordre aux spectateurs quant au port du masque en plein air, les dirigeants ont mis tout en oeuvre pour respecter les consignes, y compris celles de la commune, à Marche, où le bourgmestre a demandé qu'on ne laisse entrer personne dans le Club House - remplacé au pied levé par un chapiteau ouvert. En fonction de l'importance de l'événement, ces organisations ont donc demandé des efforts inhabituels en termes d'aménagement, de surveillance et de surcoût, les diverses restrictions et obligations ont souvent limité la rentabilité espérée. Certains partenaires ou sponsors, également touchés par la crise, n'ont pas toujours pu apporter le soutien attendu, ce qui a parfois débouché sur une diminution du nombre d'étoiles attribuées au tournoi, et donc du prize money, mais pas de la qualité du plateau dans la mesure où l'essentiel pour tout le monde était de rejouer des matches. Un rapide tour d'horizon nous a en tout cas permis de constater que la satisfaction semble de mise partout. "N'oubliez pas que l'on organise aussi les tournois étoilés pour le prestige du club, pour offrir du bon spectacle aux gens qui nous suivent et, surtout cette année, pour les joueurs privés de compétition ou le gérant de la cafétéria qui n'a rien eu à se mettre sous la dent durant trois mois", a-t-on entendu.  

Covid

Ceci dit, si on a l'impression, à juste titre, que le tennis s'en tire toujours bien vu la crise, tout n'est évidemment pas rose pour autant. On n'en parle guère et on ne citera personne mais il y a des clubs, heureusement très peu nombreux, qui ont dû fermer temporairement en Belgique en raison d'un cas de Covid ou du non respect des obligations sanitaires. C'est marginal par rapport à l'immense majorité des cas, mais il est bon que cela serve d'avertissement, de piqure de rappel, car cela risque encore de se produire si on n'y prend garde, l'hiver arrive. Et puis, bien sûr, il y a l'annulation des interclubs Ethias qui fait mal au coeur à tous, pour le sport, pour l'ambiance, pour les recettes, au point que dans pas mal de clubs on a pensé à en organiser en interne, mais là aussi on remarque qu'en ces temps compliqués et anxiogènes il est difficile de réunir tout le monde, de compléter les équipes, le genre de fiasco que l'on a cherché à éviter, quoiqu'on en dise, plutôt que de risquer l'incertitude ou le chaos aux quatre coins de nos provinces. C'est aussi le rôle d'une fédération.

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