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US Open junior : Gilles-Arnaud Bailly aurait pu gagner en deux sets, le troisième était de trop

Gilles-Arnaud Bailly n'a pas remporté son premier Grand Chelem junior à 16 ans. Comme à Roland Garros, il s'est incliné en finale de l'US Open face au très prometteur Espagnol Martin Landaluce, 6-7(3), 7-5, 2-6. Il a eu l'avantage au premier set, il a mené 4-2 et servi pour la manche à 5-4, avant de perdre au tie-break. Le troisième set était de trop pour notre jeune compatriote qui a un peu accusé le coup. Il faut dire qu'il a déjà plus de 60 matches au compteur en cette année 2022 où il s'est vraiment révélé dans le Top 5 mondial de sa catégorie.

Gilles-Arnaud était visiblement déçu de s'être à nouveau incliné lors de sa deuxième finale de Grand Chelem de l'année, même s'il a perdu contre un adversaire de qualité qui l'a déjà éliminé à Wimbledon et qui a le même manager que Carlos Alcaraz, trois ans plus âgé, avec lequel il lui arrive de s'entraîner. Il faut dire que l'on a vécu une grosse et indécise bataille pendant deux sets, et qu'elle aurait pu tourner en faveur du sociétaire du TC Visé quand il a breaké le premier et qu'il a servi pour le set initial à 5-4. Cela s'est joué à peu de choses, notamment à une balle sur la bande du filet. Par la suite, lors du tie-break, l'Espagnol a marqué tous les points sur son engagement, et pris deux fois celui de son adversaire. Avec le caractère "never give up" qu'on lui connaît, Gilles-Arnaud a remis les compteurs à zéro après une petite pause salutaire, mais en début de troisième manche on l'a senti un peu "cuit", à court d'arguments, lorsqu'il a immédiatement perdu deux fois son service (0-4). Il faut dire que le garçon a vécu à haut régime ces derniers mois, sans même parler des examens d'avant-dernière année d'humanités qu'il a réussi au lendemain de Roland Garros. Nous avons fait le compte, il a déjà disputé un peu plus de 60 matches en 2022, avec six finales chez les juniors, trois gagnées dont le championnat d'Europe de la catégorie. S'il a joué autant, c'est qu'en réalité, tout en lui reconnaissant un vrai potentiel, personne ne s'attendait à le voir s'affirmer à ce point et aller aussi loin aussi souvent, pas même lui... qui n'en perd pas la tête pour autant, et c'est tant mieux. 

On doit également souligner qu'en termes de préparation, notre compatriote n'est pas parti à armes égales avec un joueur comme celui qu'il a affronté en finale, dont on a pu constater l'ampleur du staff et du clan dans les travées new-yorkaises. En structure privée, il ne dispose pas des mêmes moyens financiers, et a en quelque sorte disputé le 15.000 dollars du Lambermont sur terre battue en guise de tournoi préparatoire. Il n'a rallié les Etats-Unis qu'une semaine avant le début de l'US Open, en passant d'abord par le Texas où étudie son frère, et n'a pu s'entraîner pour la première fois avec son coach sur la surface dure new-yorkaise que quatre jours avant son premier match. Ce qui explique les quelques tâtonnements qui ont fait dire au garçon après la finale : "Merci à ceux qui m'ont remis sur les rails. Je sais que je n'étais pas un cadeau en début de tournoi, je ne sentais ni rythme, ni sensation." Qu'il soit quand même arrivé en finale dans ces conditions représente une performance en soi, et on n'oublie pas la valeur expérience que représente de tels parcours à 16 ans. D'autant qu'il a aussi tâté du circuit international adulte durant l'été belge, atteignant un quart de finale en 25.000 dollars et un en 15.000, avec une victoire marquante sur Joris De Loore à Coxyde. On a pu constater à New York qu'il a déjà progressé dans pas mal de domaines depuis Roland Garros, et lui-même a pu se rendre compte qu'il est encore un poil en dessous des points forts d'un Landaluce au service et en coup droit. Le joueur, comme son encadrement - qui mérite lui aussi un large coup de chapeau, notamment Dries Berden et Jean-Pierre Faniel - savent au moins où il faut insister pour continuer à avancer, parce qu'à cet âge, il n'y a que cela qui compte vraiment. D'ailleurs, de New York, le jeune finaliste ralliait directement... Hambourg pour profiter de l'entraînement de l'équipe belge de Coupe Davis en compagnie de son alter-ego Alexander Blockx. Une expérience de plus à emmagasiner, avant d'essayer d'accrocher le train d'une rentrée scolaire (en rhéto) qui ne l'a pas attendu. C'est aussi cela la réalité.
 

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