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Triple première à Cincinnati : Elise Mertens en 1/2 finale contre Naomi Osaka... qui refuse de jouer pour protester contre les violences policières, le tournoi à l'arrêt ce jeudi !

Elise Mertens a déjà été demi-finaliste en Grand Chelem (Australian Open 2018) mais elle n'avait encore jamais atteint ce stade dans un tournoi Premier WTA, l'équivalent féminin des Masters 1000 masculin. 

Osaka sera quand même là ce vendredi

C'est désormais chose faite. Ce jeudi, à 17 h, elle aurait dû affronter sur le Grandstand new-yorkais Naomi Osaka, 10e mondiale, victorieuse de l'US Open 2018 et de l'Open d'Australie 2019, mais dans la nuit de mercredi à jeudi la Japonaise a décidé d'emboiter le pas aux basketteurs de la NBA, entre autres, et de ne pas jouer en protestation contre les violences policières envers les personnes de race noire. Dans la foulée, le tournoi a décidé lui-même de faire une pause et de reporter sa journée de jeudi à vendredi. Finalement, satisfaite de la prise de position des organisateurs, Osaka jouera bien la demi-finale ce vendredi. Du jamais vu. 

Sportifs engagés

La vague est partie des Millwaukee Bucks et de la NBA, mais elle a ensuite fait tache d'huile, le mouvement s'est étendu aux joueuses de la WNBA, au baseball et au football, plusieurs matches ont été boycottés. C'est dans cette mouvance sportive engagée que s'inscrit l'attitude de Naomi Osaka. "En tant que femme noire, j'ai l'impression qu'il y a des questions beaucoup plus importantes qui nécessitent une attention immédiate, plutôt que de me regarder jouer au tennis", a déclaré Osaka, née de mère japonaise et de père haïtien, qui a passé une bonne partie de sa vie aux Etats-Unis. "Je ne m'attends pas à ce que quelque chose de radical se produise si je ne joue pas, mais si je peux engager une discussion dans un sport majoritairement blanc, je considère que c'est un pas dans la bonne direction. » Elle a souvent pris la parole ces derniers mois pour dénoncer l'injustice raciale, et a en quelque sorte entraîné le tournoi de Cincinnati à sa suite : " En tant que sport, le tennis prend collectivement une position contre l'inégalité raciale et l'injustice sociale qui une fois de plus ont été mises au premier plan aux États-Unis. L'USTA (la fédé américaine, ndlr), les circuits ATP et WTA ont décidé de reconnaître ce moment en interrompant le jeu jeudi. Il reprendra vendredi ", a-t-il déclaré par communiqué. Du coup, jeudi matin heure de New York, la Japonaise se fendait d'une communication dans laquelle elle se disait toujours prête à concéder le match à son adversaire, mais que le report d'une journée portait l'attention attendue au mouvement qu'elle soutient et qu'après de longues consultations avec l'USTA et la WTA elle acceptait de disputer la demi-finale ce vendredi.

Huit victoires en neuf matches

Cette légitime révolution n'enlève évidemment aux mérites d'Elise Mertens depuis deux semaines.
Après une reprise ratée à Palerme (défaite au premier tour contre Sasnovich), la 22e mondiale (déjà remontée virtuellement dans le Top 20) a remporté huit de ses neuf derniers matches, finaliste à Prague et à présent demi-finaliste du tournoi de Cincinnati relocalisé à New York. On pourra toujours dire que, lors de cette belle série, elle n'a pas dû affronter de joueuses mieux classées qu'elle, et que la seule fois où c'est arrivé, en finale dans la capitale tchèque face à Simona Halep, elle s'est inclinée (2-6, 5-7). En même temps, il n'y a que deux joueuses, aujourd'hui dans la bulle new-yorkaise, qui aient aussi bien réussi la transition terre battue européenne/surface dure américaine en une poignée de jours, la deuxième étant l'Estonienne Anett Kontaveit (WTA 20)... éliminée en quart par Naomi Osaka (7-5 au troisième set). 

Confiance 

Si la Japonaise promet d'être un os autrement coriace à ronger pour la Limbourgeoise que ses précédentes adversaires sur le sol américain (Peterson, Mladenovic, Kudermetova, Pegula), notre compatriote a manifestement emmagasiné au fil des matches une belle dose de confiance et d'autorité, qui s'est particulièrement manifestée à l'occasion de son quart de finale face à la dernière Américaine en lice, la surprenante Jessica Pegula, 83e mondiale sortie des qualifications. Lors d'un premier set bouclé en 21 minutes (6-1), elle n'a abandonné que deux points sur son service (dont une double faute) et les a gagné tous sur sa première balle, breakant son adversaire par trois fois. "J'ai vraiment très bien commencé", confirmait-elle, "mon service est bien passé, c'est quelqu'un qui sert et frappe fort, je me suis donc efforcée de ramener le plus de balles possible dans le court, c'était la clé avec la profondeur de mes coups pour l'empêcher de faire ses frappes gagnantes." A quoi on ajoutera quelques lobs du plus bel effet qui ont contribué à empoisonner un peu plus la vie de son adversaire frustrée.

"Ma surface préférée ? Je n'en sais rien"

L'Américaine a fait meilleure figure en deuxième manche qu'elle a néanmoins perdu 6-3, Elise réalisant le break décisif pour arriver à 5-3 après avoir été menée 40-15. Bref, il n'y a pas vraiment eu photo. "Naomi ou pas Naomi - je sais les angles qu'elle peut trouver, surtout quand sa première balle passe -, je me concentre d'abord sur mon jeu, sur ce que je peux améliorer d'un match à l'autre, et rester dans ma bulle. Je suis quelqu'un qui s'adapte. Passer de la brique au dur en trois jours, m'entraîner pour la première fois ici le mercredi alors que mon tournoi commençait le dimanche n'était pas évident, mais cela s'est bien passé. J'ai joué contre des adversaires au style différent, mais sur des courts aussi rapides, avec des balles qui ne rebondissent pas trop, le plus important est de garder une bonne balance au niveau des jambes et de se pousser à être agressive tout le temps. On me demande souvent la surface que j'aime le mieux, en vérité je n'en sais trop rien, ce que je sais c'est que je peux m'adapter vite, j'essaie du moins." Quoiqu'il en soit, le report d'un jour ne fait pas son affaire si près de l'US Open, surtout quand, comme elle, on aura aligné une dizaine de matches en trois semaines sur deux surfaces différentes et avec six heures de décalage horaire. Elise a d'ailleurs déclaré forfait mercredi pour son quart de finale de double, arguant d'une blessure à la jambe. "Ce sont de longues journées, mais j'essaie de récupérer au mieux et j'ai mon kiné avec moi", conclut-elle.
 

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