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Steve Darcis : "J'ai du mal à croire que l'on puisse jouer l'US Open"

L'ex-Monsieur Coupe Davis tient la ligne. A tous points de vue. Physiquement, Steve Darcis n'a pas l'air d'avoir pris un gramme. Et professionnellement, il s'est apparemment adapté sans mal à son nouveau job comme à la philosophie qui prévaut désormais à la direction sportive de l'AFT. Entretien.

Q. Steve, vous ne vouliez surtout pas grossir après avoir quitté le circuit ATP, c'est réussi.

R. (sourire) J'ai beaucoup roulé en vélo durant le confinement. Depuis beaucoup moins, avec les réunions, les entraînements, mais je fais quand même attention, je veux rester "fit". J'ai disputé (et gagné, ndlr) un tournoi à Ciney, cela m'a bien plu mais je n'aurai pas le temps d'en jouer d'autres. A part un match ou deux d'interclubs avec mon club d'Aywaille, je suis passé à autre chose, sans regret, et ce n'est pas le boulot qui manque. N'oubliez pas qu'il me faut aussi un diplôme pour entraîner à ce niveau, et qu'en dehors de la formation tennistique, qui m'importe essentiellement, il y a des cours généraux de niveau universitaire à étudier, même si je ne veux être ni kiné, ni chirurgien.

"Zéro pression"

Q. On va encore attendre de vous "des miracles" dans votre nouvelle fonction, vous sentez la pression ?

R. Alors là, pas du tout. Zéro pression. Je crois que Thierry (Van Cleemput) vous a bien dit que je n'étais pas un "faiseur de miracles". Je suis au bout de la filière de formation, celle où "on marque les goals" comme l'a fait remarquer Olivier Davin, mais ce sont surtout les gars sur le court qui doivent transformer l'essai. J'ai un super groupe de joueurs, d'entraîneurs (Ananda Vandendoren, Julien Onclin, Alexandre Blairvacq, ndlr), et je pense qu'on a fait un gros travail en quatre mois, là où c'était un peu décousu on a eu le temps de remettre un cadre, de la solidité, à partir desquels chacun peut développer ses spécificités. Les gars sont motivés, ils ont bien évolué, ils ont des qualités, mais de là à avancer que l'un d'entre eux sera 50e mondial j'en suis incapable, personne ne peut le dire. Il est temps qu'ils retrouvent l'adrénaline de la compétition, ils ont envie de matches, et nous on a hâte de les voir à l'oeuvre, de mesurer l'impact de ce qu'on a réalisé là où ça compte. Les tournois belges de cet été, à l'image de ceux du Bercuit, d'Odrimont ou de Marche la semaine prochaine, vont être très forts, tous les séries A vont les jouer, il y aura de belles parties, cela vaudra la peine. Je sais qu'on oeuvre dans la bonne direction, qu'on est tous sur la même longueur d'ondes, et que des résultats suivront c'est inévitable, mais sera-ce dans six mois, un an, ou faudra-t-il attendre plus longtemps ?

Q. Vous perpétuez la tradition du tennis "à la belge", cela compte beaucoup à vos yeux ?

R. On a toujours eu des formateurs bien formés, du beau jeu, des joueurs avec une belle technique qui savent un peu tout faire, et c'est important, il faut garder notre marque de fabrique... tout en se demandant si, en fonction par exemple de la taille ou des caractéristiques physiques d'un joueur, on ne doit pas savoir aussi s'en démarquer, oeuvrer un peu plus "à l'américaine" dans certains cas. Avant, on n'avait que des "petits", maintenant on a de temps en temps un plus "grand" ou quelqu'un d'un peu plus "costaud", il faut pouvoir plus individualiser. J'ai vu beaucoup de choses sur le circuit, Thierry aussi, j'espère que cela nous permettra d'ajouter un petit "plus" qui se verra dans les années qui viennent.

"Attendre mars"

Q. Le flou qui règne sur le circuit mondial, cela vous inspire quoi ?

R. J'ai du mal à croire que l'on puisse jouer l'US Open avec tous les cas de Covid recensés aux USA. Quelque part, je trouve même aberrant que ce soit encore d'actualité, mais je suppose qu'il y a des gens compétents derrière tout ça pour décider si c'est une bonne idée ou non. Quant aux exhibitions, celle de Djokovic où personne ne faisait attention, ou tout le monde se prenait dans les bras, on en a vu les conséquences, il n'y a rien d'autre à dire, c'est assez clair. Chez Mouratoglou, l'idée était bonne, sans public, dans d'excellentes conditions, c'était plus show que match de tennis mais pourquoi pas ? Sincèrement, je suis plus que dubitatif quand j'entends qu'on pourrait jouer jusqu'à la fin de l'année plus ou moins normalement au niveau international, alors qu'on ne sait même pas si toutes les frontières pourront être rouvertes. Ce serait long pour tout le monde mais on me dirait qu'on attend mars prochain, pour reprendre le circuit pro au moment de la saison où on l'a arrêté cette année, sans souci de points, de classement, de tournois disputés, je trouverais l'idée géniale, ce serait à la fois plus facile et plus prudent, on aurait alors une meilleure vision des choses, et peut-être des gens dans les tribunes. Mais je peux comprendre que financièrement ce soit compliqué. 

Q. Kyrgios s'est même mêlé du débat Djokovic façon "chevalier blanc"...

R. ... On peut reprocher ce qu'on veut à Kyrgios, il peut être scandaleux sur un terrain de tennis, casser des raquettes, insulter des gens, mais, dans la vie, c'est un gars bien, qui a été sincèrement touché par tout ce qui est arrivé ces derniers mois. Quelqu'un comme Djokovic sait être magnifique sur un court, mais peut-être qu'en dehors il l'est un peu moins. Le Covid était partout... sauf en Serbie, c'est rigolo ou bête au choix.
 

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