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Steve Darcis : "En jouant comme à Coxyde, Raphaël Collignon pourrait aussi bien gagner un Challenger"

Coxyde, dont les deux ITF 25.000 dollars (filles et garçons) font heureusement de la résistance sur la côte belge où les tournois d'été pullulaient encore il n'y a pas si longtemps, s'est paré de teintes liégeoises ces deux dernières semaines, avec les victoires de l'Eupenoise Marie Benoit et du joueur de Fayenbois Raphaël Collignon. Ce dernier, 20 ans, poursuit la prometteuse progression entamée en début d'année.

600 places gagnées en huit mois

Coxyde c'est spécial, peut-être même unique en son genre, avec ce coquet stade de terre battue en cuvette à ciel ouvert, en bordure de la rue principale, où les estivants viennent prendre gratuitement le soleil (quand il ne pleut pas) en appréciant du tennis de qualité. Ce dimanche, ils n'étaient pas moins de 2.500, une assistance dont des rendez-vous bien plus importants rêveraient certains jours, pour assister à la finale opposant Raphaël Collignon à la tête de série numéro un du tournoi, l'Argentin Hernan Casanova, un 300e mondial spécialiste de la surface. Les observateurs locaux ne s'attendaient apparemment pas à voir le jeune Liégeois, qu'ils ont découvert, dominer à ce point son adversaire, surtout après un premier jeu qui a duré une dizaine de minutes. Le score, un double 6-1 en un peu plus d'une heure, se passe de commentaire. "Voilà un joueur belge qu'il faudra tenir à l'oeil dans les années qui viennent", a conclu Het Laatste Nieuws dans son édition régionale. Il faut dire que Raphaël a vraiment été bon à Coxyde, ne perdant pas un set de toute la semaine et remportant son quatrième tournoi de l'année, le troisième 25.000 dollars en deux mois, sans parler de l'une ou l'autre demi-finale où il y avait certainement mieux à faire. Il va se retrouver aux portes du Top 300 ATP, ce qui le rapproche d'un classement lui ouvrant les portes des qualifications en Grand Chelem. 913e mondial au moment d'aborder la saison 2022, il a gagné 600 places en huit mois. Bien sûr, le plus dur reste à faire, il y a, il y aura, encore des hauts et des bas, mais on peut dire que le garçon répond à présent à ce que l'on attendait de lui. Le travail paie. Le sien, et celui du staff AFT chapeauté par Steve Darcis d'ailleurs sur place en bord de mer du nord, une présence bénéfique on n'en doute pas.

"Je ne change pas de catégorie"

On a souvent entendu dire que Raphaël Collignon répondait au profil du tennisman moderne, taille intéressante, service et coup droit qui font mal, mais qu'il n'arrivait pas à s'affirmer en compétition, du moins dans les moments importants. "Compte tenu de ce que l'on voyait à l'entraînement, on attendait effectivement que cela vienne plus tôt", dit Steve. "Mais il n'est pas trop tard, c'est ce qui compte. Le plus positif est qu'il en soit là avec une telle marge de progression, et tant de choses qu'il peut encore travailler. Il est certes retombé une fois ou l'autre dans ses travers ces dernières semaines, se tirant lui-même une balle dans le pied, privé notamment de finale alors qu'il était meilleur que son adversaire. Mais il a progressé dans à peu près tous les domaines, et je n'ai pas peur de dire qu'avec le tennis qu'il a développé lors de cette super semaine il aurait pu tout aussi bien remporter un tournoi Challenger." Le genre de rendez-vous dont il a encore peu l'expérience (une défaite à Meerbusch en Allemagne) mais qu'il va désormais aborder régulièrement. Dès cette semaine d'ailleurs, à Prague, où son classement lui permet d'entrer directement en tableau final. "Ce n'est pas non plus comme si je changeais complètement de catégorie", dit Raphaël, "je vais retrouver en Challenger des adversaires de mon niveau de classement, du genre que l'on croise dans les derniers tours en 25.000. Je me doute que cela n'ira pas tout seul, et je ne vais pas me prendre pour ce que je ne suis pas, je sais que je dois continuer à progresser palier par palier."

"Gilles-Arnaud ? Impressionnant !"

Justement, dans quel domaine, le Liégeois estime-t-il avoir le plus progressé ? Il met lui-même le doigt sur le point sensible, ces moments où il avait le match à portée de raquette et où il le laissait filer en jouant petit bras. "D'abord, je pense être devenu un peu meilleur en tout, et j'ai plus confiance en mon coup droit, en gros j'y crois plus. C'est surtout au niveau de la tête que je me suis amélioré, même si cela peut encore de temps en temps déraper, je dois me surveiller. J'avais tendance à me retenir au moment où il aurait fallu porter l'estocade, cela peut encore m'arriver mais cela va beaucoup mieux. J'ai peut-être tout gagné en deux sets à Coxyde, mais cela n'a pas été facile. Déjà, si je ne joue pas super contre Gilles-Arnaud Bailly en quart de finale, je ne m'en sors pas." A propos comment a-t-il trouvé notre champion d'Europe juniors et finaliste de Roland Garros ? "Impressionnant ! A 16 ans, on a le sentiment qu'il n'a peur de personne, qu'il monte sur le terrain convaincu qu'il peut battre tout le monde." "Avec Alexander Blockx, qui est vraiment un super joueur de tennis, je crois, en effet, qu'il y a de l'avenir pour ces deux jeunes", confirme Steve Darcis, "ce qui fait la différence pour l'instant c'est l'énorme maturité de Gilles-Arnaud pour son âge." "Tout ne va pas si mal", estime Raphaël, "nous sommes tous, Zizou (Bergs), Gauthier (Onclin) ou moi, à notre meilleur classement, et nous sommes encore jeunes. Nous savons tous jouer au tennis, et pour tous, c'est d'abord une question de constance." A ce propos, Gauthier Onclin a fait la grimace à Coxyde en se faisant éliminer par un (futur "retraité") Arnaud Bovy en plein baroud d'honneur. "Encore une fois, si Gauthier joue tout le temps comme il l'a fait là pendant un set et demi - il menait 6-4, 3-0, ndlr - il vaut plus que son classement de 400e mondial lui aussi", souligne Steve Darcis, "je n'oublie pas qu'il a remporté trois 15.000 dollars cette année, et il a une belle occasion de se refaire cette semaine à Lambermont." 

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