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Roland Garros : Ysaline Bonaventure a raté le coche

Lundi midi, face à la gagnante de l'US Open 2019, on a cru qu'Ysaline Bonaventure allait créer une des surprises du premier tour. Pendant plus d'un set et demi, la Stavelotaine, 168e mondiale, a joué à un niveau Top 50 et même dominé Bianca Andreescu. Malheureusement, elle n'a pas su maintenir cette cadence jusqu'au bout, après avoir manqué de belles occasions de faire la différence. "Je suis triste pour elle, mais quand même fier", a résumé Steve Darcis.

"Elle a manqué d'expérience"

Le début de match avait pourtant été défrisant. En moins de temps qu'il n'en faut pour l'écrire, Ysaline Bonaventure s'est retrouvée menée 0-2, avec un jeu blanc sur son service, par la jeune Canadienne Bianca Andreescu, 21 ans, qui a crevé l'écran en 2019 en remportant l'US Open (celle-ci a cependant éprouvé les pires difficultés ensuite à gérer le stress, la pression, les attentes. Au point qu'elle a fait une pause de six mois entre 2021 et 2022. Désormais 72e mondiale, elle a effectué son retour à la mi-avril à Stuttgart et atteint les quarts de finale à Rome, éliminée 7-6, 6-0 par l'impériale Iga Swiatek.)

Menée donc 0-2, notre compatriote a, en quelque sorte, changé de braquet, prenant les commandes du match à grands coups de gauchère, prenant sa chance et "bombardant" à plat, avec justesse, une adversaire en grande difficulté. Ysaline a ainsi aligné un 8-1 (6-3, 2-0) autorisant les plus beaux espoirs, le match quasi parfait, c'était même assez impressionnant. Elle a encore mené 3-1, tandis que la Canadienne tentait de sortir enfin la tête hors de l'eau, notamment au service. "J'ai mis du temps à contrôler mes nerfs, disait Andreescu, "alors que mon adversaire jouait très bien et utilisait les bonnes tactiques." C'est là que le match s'est sans doute joué. "A 3-1 c'est un jeu clé", dit Steve Darcis à nouveau à côté du jeune coach français de la Stavelotaine Hugo Guerriero, "elle rate le coche sur une volée et commet une double faute derrière alors qu'il y avait moyen de marquer le coup. Par la suite elle a encore trois balles de 4-2. Elle a manqué d'expérience face à une joueuse qui a plus l'habitude des gros matches à enjeu. Je suis triste pour elle, mais quand même fier."

"Tenir ce niveau, cette rigueur..."

La suite, malheureusement, vit Andreescu monter petit à petit en puissance face à une Belge empruntant le chemin inverse. "J'ai lâché", avouait Ysaline, "elle a haussé son niveau, le mien a baissé, et contre des joueuses pareilles, les points peuvent défiler. Cela aurait peut-être été moins douloureux de perdre 6-3, 6-2. En même temps, j'ai été la meilleure joueuse durant un set et demi; je me suis surprise moi-même à jouer comme ça sur la terre battue. Bien sûr, je dois mieux gérer ces moments importants, c'est frustrant, parce que j'ai déjà vécu ça en Fed Cup, ou à l'US Open contre Alizé Cornet." La Canadienne finit donc par égaliser (5-7) avant de s'offrir un cavalier seul au troisième set (0-6) face à une joueuse qui n'y croyait plus, une pause pluie n'y changeant rien. "Elle n'était plus dedans", dit Steve Darcis, "perdre le deuxième set après avoir eu tant d'occasions a constitué un gros coup dur, mentalement ce n'était pas évident pour elle. En même temps, sur deux sets, il y a énormément de positif. On est convaincu de ce qu'elle peut faire, et à l'AFT on est prêt à l'aider, à la pousser; la direction est là, mais c'est elle qui doit en être convaincue. Il faut qu'elle continue, on sait qu'elle n'est pas facile, qu'elle s'énerve à l'occasion, mais elle est capable d'aller chercher beaucoup plus que ce qu'elle pense. Elle a les armes pour être aux alentours du Top 50, en même temps elle a le classement qu'elle mérite, elle n'aurait pas volé sa place au deuxième tour ici, mais pour que ça passe elle doit apprendre à tenir ce niveau, cette rigueur, que ce soit ici ou dans un tournoi 60.000 dollars."

Maryna Zanevska : "La meilleure que j'ai affrontée cette année

Hors des courts, Maryna Zanevska vit des moments mouvementés. Après Miami, elle a pris six semaines de repos, à la fois pour soigner son dos, se marier à Las Vegas avec son fiancé allemand, et digérer autant que possible le désastre en Ukraine, son pays d'origine, où vit toute sa famille. "Je me suis un moment demandée comment je pourrais arriver à jouer au tennis dans ces conditions-là", dit-elle. "Depuis, cela va un peu mieux, j'ai réussi à faire venir mes parents, qui sont à mes côtés, mais il reste du monde là-bas et, comme tous les Ukrainiens, ils ne pensent qu'à rentrer au pays. J'ai apprécié le geste de mon équipe de Fed Cup de céder le prize money du match contre la Bielorussie, gagné sans jouer, à une association de soutien à l'Ukraine. Quand je joue au tennis je suis 100 % belge, et reprendre la raquette m'a fait du bien, sur le court je ne pense qu'au prochain point." On ne peut pas dire que cela lui ait particulièrement réussi ce lundi midi. Elle n'a, en effet, totalisé que quatre jeux (3-6, 1-6) face à la tonitruante jeune Chinoise Qinwen Zheng, 74e mondiale, 19 ans, dont le service a fait des ravages (6 aces, 21 points sur ses 22 premières balles). "C'est triste de perdre, mais je ne suis pas déçue", lançait-elle. "Quand je suis sortie du court, mon entraîneur m'a demandé ce que, selon moi, j'aurais dû faire de mieux pour changer le match, j'ai répondu : rien. C'est la meilleure adversaire que j'ai affrontée cette année, aujourd'hui elle était au dessus, parfois c'est comme ça, j'ai vraiment tenté de trouver des solutions, mais elle a non seulement bien servi mais également développé un jeu plus vif et varié que les Chinoises d'habitude. J'ai essayé, mais ce n'était pas suffisant."

 

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