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La reprise du tennis à Palerme : "Une expérience très bizarre"

Le coach d'Ysaline Bonaventure, Germain Gigounon, n'y est pas resté aussi longtemps qu'espéré, mais il a assisté aux premières loges à la reprise du tennis international lors du tournoi féminin de Palerme qui se déroule cette semaine. "Une expérience très bizarre", résume-t-il, "même si on finit par s'habituer à tout."

"Les Belges n'ont pas eu l'occasion de faire des matches"

Malheureusement, pour la moitié de la délégation belge engagée dans le premier rendez-vous tennistique international officiel depuis cinq mois, l'aventure n'aura duré qu'un ou deux matches. Greet Minnen, 104e mondiale, a été éliminée d'entrée en qualifications par l'Espagnole Lara Arruabarrena sur le score étonnant de 6-0, 2-6, 6-1. Ysaline Bonaventure et Yanina Wickmayer ont, quant à elles, passé le premier tour de ces qualifs, également sur des marques "montagnes russes", la Stavelotaine 3-6, 7-6(9), 6-2 contre la Hollandaise Indy De Vroome en près de trois heures après avoir sauvé trois balles de match dans la deuxième manche, et la Brabançonne 0-6, 6-2, 6-3 face à l'Autrichienne Barbara Haas. Au deuxième tour, elles ont par contre échoué, la première 6-3, 5-7, 6-3 de nouveau en 2 h 15 de jeu et après avoir sauvé deux balles de match au deuxième set contre l'Argentine Nadia Podoroska, et la seconde 6-2, 1-6, 6-2 face à la Française Oceane Dodin. "C'est souvent moins stable côté féminin, mais ce sont là des scores typiques de reprise, reflets de cinq mois passés sans compétition", remarque Germain Gigounon. "C'est surtout vrai pour les Belges qui n'ont pas eu la chance de jouer des matches comme cela pu se faire en France, en Tchèquie ou ailleurs, même si bien sûr un tournoi WTA c'est encore autre chose". 

20 breaks en 30 jeux

Pour continuer dans le genre "improbable", lors de son deuxième tour Ysaline s'est octroyée la bagatelle de 25 balles de break, n'en transformant que 9, elle a abandonné 11 fois son engagement dans un match où on a enregistré 20 breaks en 30 jeux disputés. "C'est sûr, les deux joueuses n'ont pas fait énormément de points au service, et se sont surtout lâchées en retour", confirme Germain. "Quand elle jouait bien, Ysaline était au dessus, mais elle a été un peu inconstante, et au troisième set, face à quelqu'un qui courait beaucoup, elle a aussi eu un petit coup de mou physique après avoir sué plus de cinq heures en deux jours sous un soleil humide à 40 degrés. Avec une telle interruption, c'était dur de se situer, ce n'est pas sa meilleure surface, et je ne m'attendais pas non plus à ce que tout se mette immédiatement en place. On ne peut pas juger sur une ou deux rencontres de reprise, en même temps on a vu ce qu'on devait voir. Elle ne va pas rouler sur l'or avec ce qu'elle a gagné là (758 euros, 10 pts WTA, ndlr), au contraire, mais l'important était de rejouer à ce niveau, et elle s'est accrochée, dans les deux parties elle a sauvé des balles de match et remporté le set ensuite." "You win some, you lose some (parfois vous gagnez, parfois vous perdez)", a-t-elle commenté sur Instagram. "You win some, you learn some (parfois vous gagnez, parfois vous apprenez)", a corrigé Kirsten Flipkens.

"Impossible à organiser pour un tournoi Future"

L'expérience en elle-même était en tout cas unique. "Et très bizarre aussi, même si on finit par se faire aux règles", dit Germain. "Des règles, édictées par la WTA, qui sont plus strictes que celles en vigueur en Sicile, et comme Palerme n'est pas un grand tournoi (il est clairement organisé à perte cette année, bien qu'on attende le président de la République italienne pour remettre le trophée dimanche et que le prize money ait baissé de 18%, ndlr) les organisateurs n'ont pu réserver un hôtel entier. Ils ont essayé de garder des étages ou des pièces pour les joueuses auxquelles il a été fortement conseillé de garder la chambre, mais on croise des gens dans l'établissement qui ne portent pas de masque, même chose si on se hasarde dans la rue, dans le resto d'à coté, ou dans le large complexe du Country Club (12 terrains, 3 hectares et demi, 327 spectateurs exactement autorisés, ndlr). J'ai lu que Richard Gasquet trouvait un scandale absolu le fait que les joueuses soient dans le même hôtel que des touristes. Mais si tu veux la bulle totale c'est un autre budget. Déjà comme ça tu réalises mieux à quel point c'est impossible à organiser pour un tournoi ITF Future, avec le camping-car pour les tests imposés tous les quatre ou cinq jours (personnel médical local, mais dont le coût est ici pris en compte par la WTA, ndlr), la prise de température régulière, les navettes individuelles pour la joueuse et son coach. Même si tout le monde essaie de (faire) respecter strictement le protocole lors d'une reprise qui a secrètement valeur de test -  c'est le cas de le dire - en vue de l'US Open, c'est un sacré bazar comme on dit chez nous."

"Tomova écartée, ça fait un peu peur"

S'il en fallait une preuve et bien qu'on en ait fait le moins grand cas possible, le tournoi a connu un cas de coronavirus avant même qu'il ne commence. La Bulgare Viktoriya Tomova, 130e mondiale, a subitement disparu des tableaux. "On était testés en arrivant, et on devait garder la chambre jusqu'au résultat", continue Germain Gigounon. "Tomova était asymptomatique, mais une fois déclarée positive ils l'ont directement et discrètement écartée pour la mettre en quarantaine je ne sais trop où, dans ces cas-là tout le monde parle et déforme, sans que l'on sache trop, les filles ont beau être au courant que cela peut arriver ça fait quand même un peu peur. Ce n'est pas pour rien que l'on a enregistré tant de désistements en dernière minute, mais c'est le risque qui pend au nez de tout le monde. Avec Ysaline, on s'est fait tester lundi matin avant de rentrer en Belgique, comme ça on reste dans le rythme WTA et on peut partir un jour ou deux plus tard à Prague en fin de semaine pour le prochain tournoi. Mais la capitale tchèque est en zone orange pour nous, imaginez qu'elle passe au rouge quand on y est, cela signifierait quarantaine au retour, alors qu'avec toutes les absentes Ysa a une bonne chance d'être tableau à l'US Open qu'on a l'air de vouloir maintenir et qui commence le 31 août. Sans connaître les contraintes qui nous seront imposées pour voyager et séjourner à New York, tout en sachant qu'elle n'entre pas en ligne de compte pour le tournoi de Cincinnati qui a été déplacé là-bas juste avant."

Pour rappel, Elise Mertens, Kirsten Flipkens et Alison Van Uytvanck sont engagées dans le tableau final à Palerme. Au premier tour, ce mardi, les deux premières affrontent des qualifiées, pour Elise la Biélorusse  Sasnovich 119e mondiale à 16 h, pour Kirsten la Russe Liudmila Samsonova 117e mondiale aux environs de 18 h. Quant Alison, elle jouera également aux environs de 18 h contre la tête de série numéro un, la Croate Petra Martic, 15e mondiale.
 

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