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Faux départ tunisien pour le Team Pro

Le moins que l'on puisse dire est que, tennistiquement, l'année 2021 ne commence pas mieux que n'a fini la saison 2020. Le Team Pro AFT, qui devait l'entamer lors de tournois 15.000 dollars programmés en Tunisie, à Monastir, a même été contraint de rebrousser chemin.

Confinement soudain

Raphaël Collignon et Arnaud Bovy étaient donc en Tunisie la semaine dernière, avec leur coach Ananda Vandendoren, pour y disputer une série de tournois ITF 15.000 dollars, il était prévu que Gauthier Onclin et Louis Herman les rejoigne en cours de route pour le deuxième tournoi programmé cette semaine. Si Raphaël, désormais lancé sur le circuit adulte, a été éliminé, après un bon match, par l'Italien Jacopo Berrettini, 493e mondial, 4-6 au troisième set, Arnaud s'est joliment imposé au Tchèque Dominik Palan 6-3, 6-2. "Mais au moment même où je suis monté sur le terrain, l'arbitre m'avait prévenu que, quoiqu'il arrive, ce serait mon dernier match là-bas", explique Arnaud Bovy, surpris par la soudaineté d'une décision qui a pris tout le monde de court. C'est que la veille au soir le gouvernement tunisien avait décrété un confinement complet du pays durant quatre jours, lequel a été prolongé depuis, de manière plus ciblée mais interdisant toute manifestations et rassemblements. Pas question, donc, d'affronter le Japonais Nakagawa qui était promis à Bovy au tour suivant, mais pas question non plus de concourir en compétition à Monastir dans les jours à venir comme c'était initialement prévu. Gauthier Onclin et Louis Herman ont donc fait le voyage pour rien, et les quatre pros AFT se sont encore entraînés deux jours sur place, le temps de se trouver un avion de retour, via Paris, alors que c'était originellement prévu fin du mois. 

Casse-tête hebdomadaire

C'est carrément tout janvier qui est ainsi "bousillé" pour ces jeunes qui ont tant besoin de compétition, puisque, testés au départ en Tunisie, à l'arrivée à Paris, puis à Bruxelles en descendant du TGV, ils sont également soumis cette semaine à la quarantaine "belge" de dix jours, donc sans possibilité de s'entraîner, sinon un peu physiquement à la maison. "Ils auront un programme d'entretien concocté par Alex Blairvacq (préparateur physique fédéral, ndlr)", confirme Ananda Vandendoren, "il faut rester positif, on n'a pas eu de chance, on a cherché des tournois sur dur, la surface sur laquelle on s'entraîne indoor à Mons, et c'est le seul endroit où une telle interdiction a été enregistrée, pour nous c'était totalement inattendu." Cela illustre bien les difficultés actuelles à trouver des conditions et des tournois sûrs et adéquats à l'étranger, en tenant compte des situations sanitaires, des contraintes de voyage, des quarantaines imposées, des annulations de dernière minute et du nombre d'organisations réduit en fonction des circonstances du moment, c'est devenu un casse-tête aléatoire et hebdomadaire pour le staff technique fédéral chargé d'établir l'indispensable calendrier pour ses joueurs... en commençant par le mois de février prochain. 

Les juniors aussi

Les juniors du Centre fédéral ont dû constater eux aussi l'impossibilité de se rendre en Colombie en ce début d'année comme c'était initialement programmé, les tournois annoncés n'ayant pas lieu. Le nombre de rendez-vous juniors grade 1 et 2 s'est d'ailleurs réduit comme peau de chagrin. Tous  ces jeunes n'ont plus joué de matches à enjeu depuis deux mois/deux mois et demi, "après avoir déjà connu une année 2020 tronquée aux trois quarts", dit le coach Julien Onclin, "et cela à un moment de leur carrière où ils n'ont que quelques années pour juger de leur progression, de leur potentiel, et déterminer leur avenir, alors qu'ils ont souvent les moyens de faire des études. Ce sont des pros ou de futurs pros, quand on s'entraîne c'est pour jouer, mentalement ce n'est pas facile pour eux de trouver leur chemin en ces temps chaotiques... ils ne sont pas les seuls, vous me direz, c'est la vie, on doit s'accrocher." Une bonne nouvelle malgré tout : Raphaël Collignon, qui vient de fêter ses 19 ans et est en quête de ses premiers points ATP, continuera à bénéficier durant toute l'année des avantages accordés aux meilleurs juniors dans les tournois Future, alors que ce n'était prévu au départ que jusqu'à son 19e anniversaire. "C'est beaucoup plus équitable et c'est très bien", continue Julien Onclin, "ceci dit, c'est aussi une mesure générale qui concerne pas mal de joueurs, les places risquent d'être d'autant plus chères, alors que les tournois sont de moins en moins nombreux et donc plus relevés.
 

L'Australie... royaume de Kafka

Au plus haut niveau du tennis mondial, c'est peu dire que l'on ne pavoise pas non plus. La dernière chose à laquelle aspirait (et s'attendait) le directeur de l'Open d'Australie était d'enregistrer des cas positifs au Covid 19 à l'arrivée des charters affrétés pour amener joueurs, accompagnateurs et dirigeants à Melbourne, les intéressés ayant été testés négatifs avant le départ sans quoi ils n'auraient pas pu embarquer. Résultat des courses : il y avait du "positif" dans trois avions, en provenance de Los Angeles, Abu Dhabi et Doha, alors que les autorités australiennes avaient décrété que toute personne figurant sur un vol où un cas Covid était constaté serait contraint à la même quarantaine (donc sans possibilité de quitter sa chambre pour s'entraîner) que le porteur du virus. Ce sont donc... 72 joueuses et joueurs (on a notamment cité Azarenka, Kerber, Stephens, Nishikori, Paire... et Kimmer Coppejans), soit à peu près un cinquième des participants, qui ne pourront se préparer tennistiquement ou physiquement durant les deux prochaines semaines, et ils/elles n'auront que huit jours pour le faire avant le début du Grand Chelem, après avoir tourné dans un petit espace comme des lions en cage jusque là. Comment aborder dès lors avec des chances de succès (et pas seulement pour l'argent) un des tournois les plus durs au monde, où ça joue en cinq sets qui plus est, et comment accepter un Grand Chelem à deux ou trois vitesses ? Certain(e)s "sanctionné(e)s", qui connaissaient les risques, ont déjà prétendu sur les réseaux sociaux qu'ils/elles n'étaient pas au courant des règles "aériennes", sinon ils/elles ne seraient pas venu(e)s, tandis que l'on continue de pester allègrement, tous azimuts, contre les facilités indignes dont les quelques meilleur(e)s jouissent à Adelaïde. Dans la mêlée, Novak Djokovic, qui en bénéficie royalement, a joué les chevaliers blancs en suggérant un allègement du régime des joueuses et joueurs isolés - non sans demander en passant que le plus de participant(e)s possibles puissent louer des maisons privées avec court de tennis, tiens à qui cela profiterait-il ? Tout a été immédiatement balayé par les autorités locales. Désormais, comment émerger d'un tel chaos ? Au royaume de Kafka, alors que pourtant Melbourne n'a plus enregistré de contamination depuis plus d'une semaine (à part celles tennistiquement importées) et que l'on annonce toujours du public pour le tournoi, on ne peut que s'interroger naïvement : fallait-il l'organiser, cet Open d'Australie, dans ces conditions, et où situer l'équité sportive dans tout ça ? Poser la question c'est déjà un peu y répondre. 
 


 

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