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Australian Open : David Goffin avait pourtant tout en mains

Nouvelle déception pour David Goffin, éliminé d'emblée du premier Grand Chelem de l'année par le jeune Australien Alexei Popyrin, en cinq sets après avoir eu quatre balles de match dans le quatrième. Avec en vue, au deuxième tour, le Sud Africain Lloyd Harris, qu'il a dominé à New York, l'occasion était pourtant belle de retrouver confiance sous le ciel des antipodes. En simple, il ne reste donc déjà plus qu'Elise Mertens et Alison Van Uytvanck au deuxième tour, une "première" à Melbourne pour la jeune fille de Grimbergen.

"J'aurais dû le gagner dix fois... et même onze !"

"Ce match tu aurais dû le gagner dix fois", a lancé un confrère à David Goffin en conférence de presse (virtuelle). "Et même onze fois", a enchaîné le Liégeois qui aura donc perdu à deux reprises en une semaine à Melbourne, dès le premier tour, contre des jeunes qui ont du potentiel mais qui figurent toujours pour l'instant hors du Top 100. En tournoi préparatoire, il avait été surpris par le phénomène espagnol Alcaraz qui n'avait rien à perdre et l'avait bombardé d'entrée de frappes impressionnantes. "Il s'était retrouvé sur les talons dès le début", dit son coach Germain Gigounon. "D'un côté, cela nous privait d'éventuels matches supplémentaires qui auraient pu être utiles, mais de l'autre il en a tiré les leçons face à Popyrin avec une première manche autoritaire (6-3), du super bon tennis, il y a longtemps que je n'avais pas vu David jouer un set aussi plein". Malheureusement, la suite a été plus chaotique, voire rocambolesque. Un mauvais jeu de service a d'abord coûté la deuxième manche (4-6) au Liégeois qui a fini par accrocher la troisième grâce à un bon tie-break un peu vendangé par l'Australien sur la fin (7-4). Popyrin ne lâchait pourtant rien, s'appuyant sur un gros service du haut de son 1m96, mais il n'en semblait pas moins au bord de la rupture lors de la quatrième manche, surtout lorsqu'à 5-4 service à suivre David se retrouva à 40-15, deux balles de match. Puis encore, quelques minutes plus tard, lors du tie-break quand notre compatriote s'octroya deux nouvelles balles de match, également sauvées par l'Australien - poussé par un public de plus en plus enthousiaste - qui finit par forcer un cinquième set que personne n'avait vu venir. Et, enfin, au moment où Goffin entama la manche décisive en menant 2-0. "Je n'ai pas su fermer la porte", résumait notre compatriote de plus en plus sous tension au fil des heures (3 h 43 de match) et même s'écroulant sur la fin, victime de crampes, alors que son adversaire remportait "la plus belle victoire de sa carrière" (3-6).

"Jusqu'à ces balles de match j'avais fait le job"

Forcément, un tel déroulement de match demandait quelques explications. "C'est sans doute ce dont j'avais besoin en ce moment... gagner un match comme ça, pour engranger de la confiance, faire une rencontre de plus, et jouer de mieux en mieux comme je le fais de nouveau à l'entraînement", reconnaissait David, "je savais que ce serait une rude bataille et que cela n'irait pas forcément comme je le voudrais, il y a toujours un peu de tension au premier tour d'un Grand Chelem. Je me suis battu chaque seconde, contre un peu tout, ce n'était pas mon meilleur match (64 fautes directes, 11 doubles fautes, ndlr) mais j'avais fait le job jusqu'à ces balles de match à 5-4, 40-15, un jeu que j'avais pourtant bien géré jusque là. Je ne sais s'il s'agit d'un blocage, d'un coup de malchance, d'un manque de concentration, ou de vouloir trop en faire comme sur cette double faute où j'essaie d'y aller, agressif, au corps, et où j'en mets trop. Je sens qu'il ne manque pas grand-chose pour rejouer mon meilleur tennis, je suis tout près. C'est décevant mais c'est la vie." Et ces fameuses crampes de fin de match ? "Cela m'arrive rarement, jamais quand je suis fluide, délié, que je joue léger, moins en force. En fait, tout est lié, on est plus crispé, on force un peu plus, on sert un peu moins bien, on coupe un peu moins les trajectoires, on court plus, l'adversaire peut être plus agressif. A l'inverse quand je rentre un peu plus dans le terrain, que je fais un peu plus le jeu, que je prends la balle plus tôt, contre quelqu'un qui a besoin d'un peu plus de temps comme Popyrin cela peut faire une grosse différence."

"Une question de confiance, à 100%"

C'est justement ce qu'il travaille beaucoup avec Germain Gigounon, mais - même si cela fait partie des qualités naturelles de David, dont il s'était inconsciemment éloignées - on voit que cela ne revient pas tout seul en compétition. "C'est une question de confiance, à 100%, je savais que cette victoire il faudrait aller la chercher", dit Germain. "On est déçu, c'est dur, parce que je ne l'ai jamais vu à l'entraînement comme aujourd'hui et que le tableau à venir n'était pas mauvais (face au Sud Africain Lloyd Harris, qu'il avait battu à l'US Open, ndlr). Je me doute que les gens vont penser que tout ça est dans l'exacte lignée de l'an dernier, mais pour moi rien n'est moins vrai, même s'il reste peut-être quelques traces de 2020 dans la tête. Les résultats ne sont pas là pour l'instant, mais je vois l'évolution, la manière dont il s'investit personnellement - comme il ne l'a peut-être jamais fait -, et bien sûr quand on veut bien faire les choses on se met plus de pression, il a vraiment envie de concrétiser par une série de victoires, pour être plus relâché, et du coup il se tend. Ce match, il le voulait, il y a eu de la crispation, il s'est accroché, c'est devenu de moins en moins fluide, mais même comme ça il aurait dû gagner en quatre sets, sur ses quatre balles de match il n'y en a qu'une que l'autre joue vraiment bien. C'est le genre de rencontre que David ne va pas perdre souvent, il ne reste qu'à y retourner au plus vite, à Montpellier, à Rotterdam, je sens bien qu'il essaie plus de provoquer, d'aller à la bagarre, d'accepter les moments difficiles, de moins se résigner. En se concentrant sur le positif je reste persuadé que les résultats vont suivre." 

"Monfils... pas la même bataille"

Le rapprochement avec l'élimination la veille de Gaël Monfils - en pleurs face à la presse - par le Finlandais Ruusuvuori était évidemment tentant pour les journalistes. "Ils sont tous deux éliminés au premier tour en cinq sets par des jeunes qui ne sont pas dans le haut du classement et ce sont deux gars du top qui n'arrivent pas à gagner, mais pour le reste je trouve que les cas sont vraiment différents. Je ne m'occupe pas de Monfils, mais les échos d'entraînement que j'ai eus (le Français est désormais coaché par l'exigeant Gunter Bresnik, ndlr) n'étaient pas évidents, et on oublie vite que David est allé en demi-finale début janvier à Antalya."  

Elise n'avait pas bien dormi

Il ne reste donc plus que deux Belges au deuxième tour de l'Open d'Australie, et c'est évidemment sur les épaules d'Elise Mertens que reposent nos plus solides espoirs. Elle peut certainement aller loin dans le tournoi, si elle ne paie pas, un moment, les efforts accomplis, puisqu'elle a remporté le tournoi préparatoire à Melbourne et dispute aussi le double durant cette quinzaine. Elle n'a fait qu'une bouchée de la Canadienne Leylah Fernandez (WTA 86) 6-1, 6-3, tout en convenant qu'il ne s'agissait pas de son meilleur match. "Je n'avais pas bien dormi, je ne sais trop pourquoi, un peu de stress peut-être avant un premier tour de Grand Chelem", disait-elle, "il y a des jours où il faut plus s'employer, je suis contente d'avoir pu gagner en deux sets." Au deuxième tour, jeudi, elle affrontera la Chinoise Lin Zhu (27 ans, ATP 92). Il s’agira de la troisième confrontation entre les deux joueuses, qui en sont à une victoire partout, la droitière de Wuxi s’étant imposée 5-7, 6-4, 7-5 lors de leur dernier duel à Dubaï en 2019. "Je m'en rappelle... mais vaguement, je vais devoir faire quelques recherches. En attendant... j’ai déjà pris un bain de glace et j’ai encore des étirements, des massages au programme, histoire de faciliter la récupération vu le nombre de matches disputés ces derniers jours.", sourit la Limbourgeoise.

La première d'Alison

Quant à Alison Van Uytvanck, elle sera au deuxième tour de l'Australian Open pour la première fois en sept ans de participation, après avoir éprouvé les pires difficultés à éliminer la qualifiée française, 237e mondiale, Clara Burel, 4-6, 6-3, 6-4, dans un match où l'on a enregistré la bagatelle de quinze breaks. "Ouf", lançait-elle, "même si je n'ai pas eu beaucoup de chance au tirage ces dernières années... Il était temps... maintenant je peux dire que j'ai gagné au moins un match dans chacun des Grands Chelems." Au prochain tour, elle se retrouvera face à un autre calibre, avec la Kazakh Yulia Putintseva, 28e mondiale, qui a éliminé Sloane Stephens. En trois confrontations directes, Alison s'est inclinée trois fois. "Je n'aime pas jouer contre elle, son jeu ne me convient pas, et c'est un caractère survolté, si vous arrivez à lui faire casser une raquette vous êtes sur la bonne voie (sourire). Elle n'est pas très aimée sur le circuit mais elle n'est pas là pour ça, c'est une bonne joueuse et elle sera favorite, la pression sera donc sur elle."
 

Joachim Gérard en finale

Parallèlement à l'Open d'Australie, le deuxième tournoi préparatoire au Grand Chelem en fauteuil, qui aura lieu la semaine prochaine, se dispute dans la banlieue de Melbourne. Lors du premier, notre compatriote Joachim Gérard avait été éliminé dès les quarts de finale par le numéro un mondial japonais Shingo Kunieda après une prestation que Joachim a lui-même qualifiée de moyenne. Cette semaine, dans un deuxième tournoi sur lequel Kunieda a fait l'impasse, cela s'est mieux passé pour le Brabançon, qui a commencé par éliminer le Français et 6e mondial Stéphane Houdet 6-2, 7-6(4) malgré un match qui ne l'a toujours pas satisfait. "Il va falloir faire mieux", prévenait-il. Ce fut manifestement le cas en demi-finale puisqu'il a sorti le Britannique Alfiie Hewett, troisième mondial, 6-3, 6-2, une montée en puissance bienvenue avant d'affronter jeudi en finale le deuxième mondial, l'Argentin Gustavo Fernandez.


 

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