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Roland Garros : s'il n'en reste qu'un(e) c'est Elise Mertens

A Melbourne, en février, seules Elise Mertens et Alison Van Uytvanck avaient atteint le deuxième tour parmi un contingent belge double de ce qu'il était au départ de ce Roland Garros. Il a bien failli en être de même ici, Alison ayant vraiment eu la qualification à portée de raquette face à l'Italienne Trévisan. Reste que, comme David Goffin n'a rien pu faire face au prometteur Italien Lorenzo Musetti, c'est sur les épaules d'Elise que reposent à nouveau tous nos espoirs.

Une balle de set qui aurait pu tout changer pour David

On espérait voir le numéro un belge reprendre du poil de la bête pour son retour sur l'ocre de la Porte d'Auteuil. Malheureusement, il en est reparti la tête aussi basse qu'il y a quelques mois lors de sa défaite d'entrée contre l'Italien Sinner. Face à Lorenzo Musetti, l'autre petite merveille transalpine, 19 ans, 76e mondial, il s'est de nouveau pris un 0-6, cette fois lors d'un premier set où il s'est trouvé balayé en 32 minutes après avoir manqué deux balles de break au 2e jeu. On l'a vu ensuite revenir dans le match et faire jeu égal. Le moment clé de la partie fut la balle de set que le Liégeois força à 5-4 mais qu'il envoya hors cadre. Un coup qui pouvait changer la tournure des événements, et qui, au contraire, ouvrit la porte du deuxième set (5-7) à l'Italien. La fin de la troisième manche aurait pu également modifier le cours des choses. Au moment de servir pour le match, le bras de Musetti trembla, mais David n'arriva pas à confirmer ensuite ce qui était son premier break de la partie, tandis que le public, tout entier acquis à sa cause (on jouait pratiquement dans un stade belge), devait quitter l'arène en raison du couvre-feu hexagonal de 21 h. Au tie-break, c'est encore le Transalpin qui passa au-dessus (7-3). Après coup, David Goffin ne donnait plus trop l'impression de savoir où il en était, pour expliquer l'inexplicable.

"Ce qu'il faut faire ? Je ne sais pas"

"Le problème c'est moi, personne d'autre", commençait-il. "Musetti a fait un match solide, stable, mais il n'avait rien d'inaccessible, c'est du moins ce que j'ai ressenti. Je n'étais pas vraiment sous pression, j'avais les clés. Sauf que, voilà, je commence un peu crispé, je le suis toujours, depuis vingt ans, cela peut passer assez vite. Là je donne le premier jeu, je me sens mal, et quand je commence à mieux me sentir, à mieux servir, j'ai un set panique dans la musette. Imaginez le 5-5 du deuxième set dans la première manche, ça change tout. Je ne propose pas ce qu'il faut. Malgré ça, j'ai cette balle de set pour relancer le match. Et après si je prends le troisième... mais bon, lui, il a fait ce qu'il devait, il a su être patient et en a été récompensé. Moi, je ne sais pas ce que je dois faire, je ne sais pas ce qui pourrait m'aider. Je ne peux mieux m'entraîner que je le fais, mais pour l'instant j'ai tant de doutes dans la tête, je pense trop, j'analyse trop, au lieu de simplement jouer, de ne réfléchir à rien, de lâcher mes coups. Il faut que j'arrive à me mettre dedans, à atteindre un niveau correct plus vite. Même si parfois je ne me sens pas bien, ne croyez pas que je n'ai plus envie de jouer, mais je ne trouve pas les solutions."

Elise rate son départ, mais finit sur un 11-1 !

Elise Mertens était bien sûr grandissime favorite de son premier tour face à l'Australienne Storm Sanders, 161e mondiale. Pourtant, entre un problème de... visière sponsorisée et un manque de compétition qui se faisait clairement sentir face à une frappeuse venant de gagner trois matches en qualifications, son début de partie fut pour le moins chaotique alors que son adversaire prenait clairement sa chance. Menée 0-3, puis 1-4, la Limbourgeoise se devait de se reprendre, ce qu'elle ne manqua heureusement pas de faire, petit à petit, le match tournant définitivement dans le bon sens. L'Australienne ne marqua plus qu'un jeu, 6-4, 6-1. Il est évident que notre 15e mondiale devra jouer autrement pour atteindre son objectif dans le tournoi, mais il ne s'agissait que d'un premier tour, disputé dans des conditions un peu particulières. "C'est toujours difficile d'entrer dans un Grand Chelem", indiquait-elle, "qui plus est après m'être seulement entraînée dans des conditions de compétition depuis trois jours, et avoir été perturbée en début de match par le fait que je ne pouvais monter sur le court avec la casquette d'un sponsor que je porte toute l'année. J'ai joué un jeu sans rien, puis avec une marquée Roland Garros, il y a également eu des problèmes avec la couleur des bouchons de mes boissons, on était loin du tennis, là (sourire)... C'était un peu bizarre et énervant. A l'intérieur de moi, je n'étais pas vraiment calme, mais l'expérience aide à trouver des solutions. Après j'ai mieux joué, mieux "mixé" pour lui faire faire des fautes..."

Mercredi contre Zarina Diyas

La bonne nouvelle c'est qu'Elise n'a plus mal nulle part. "Même si le tennis que je veux jouer est celui qui m'a permis de battre Halep à Madrid et qu'ici j'en étais loin, c'est effectivement la première fois de la saison que je n'ai plus de bobos physiques", sourit-elle. "Les sensations n'étaient pas encore terribles à l'entraînement, mais ce n'est que le début après deux semaines d'arrêt, et il me reste deux jours pour m'améliorer." Lorsqu'on lui a demandé ce qu'elle pensait de sa prochaine adversaire, mercredi, elle a spontanément répondu qu'elle... ne savait pas qui elle jouerait. On lui apprit que ce serait la Kazakhe Zarina Diyas, 93e au classement WTA, une fille qu'elle n'a joué qu'une fois (et battue en trois sets) lors d'une rencontre de Fed Cup. "Je me souviens qu'elle aime frapper fort, à plat, à hauteur de hanche. Je ne m'attends pas à un match facile, mais, même si après un premier tour c'est toujours délicat de se prononcer, le fait est que je me sens déjà mieux."

Alison défaite... dans tous les sens du terme

S'il y avait quelque chose d'un peu désespérant dans les déclarations de David Goffin après sa troisième élimination d'affilée au premier tour d'un Grand Chelem, que dire alors de la malheureuse Alison Van Uytvanck qui n'a plus gagné un match depuis une opération au genou au mois de février ? Elle a semblé plusieurs fois en mesure de s'imposer face à l'Italienne Martina Trevisan, quart de finaliste surprise l'an dernier et qui n'avait pas encore remporté une rencontre sur terre battue cette année elle non plus. Alison a, par exemple, perdu la première manche 5-7 après avoir manqué trois balles de set. Elle s'est ensuite imposée dans la deuxième... à sa troisième balle de set (6-4). Et dans la troisième manche, c'est elle qui a forcé le premier break, mais au lieu de s'envoler c'est l'inverse qui s'est produit et elle a fini par abandonner son dernier jeu de service blanc pour perdre 4-6. Le fait d'avoir sans doute joué par moments son meilleur match depuis sa blessure n'empêchait pas la défaite d'être particulièrement "douloureuse" et la confiance de rester "très basse". "Jouer quelques matches ici m'aurait fait du bien", confirmait-elle totalement défaite, "les intentions étaient là, c'était parfois bien, parfois mal, la différence c'est qu'elle a été plus constante. J'avoue que je ne m'attendais pas à vivre des temps si difficiles après mon opération, mais c'est aussi une bataille mentale que je livre pour l'instant. Le plus important c'est la tête, le tennis vient en deuxième place." 



 

Trois questions au coach de David Goffin

Germain Gigounon : "Une aide psychologique n'est pas à écarter"

Le coach de David Goffin ne peut que se prendre la tête avec les mêmes constats que son joueur. Quant à trouver les réponses aux questions qu'ils posent... si c'était si simple elles seraient déjà trouvées.

Q. Germain, vous n'êtes pas seulement son entraîneur vous êtes aussi son ami, avez-vous le sentiment que David ait besoin d'un électro-choc ?

R. C'est compliqué en ce moment. Il a beaucoup beaucoup de mal à se libérer en début de match. Il se pose des questions si ça ne tourne pas en sa faveur et se focalise trop là-dessus. Ca le bloque, il se bat en quelque sorte contre lui-même, du coup la balle sort moins bien de sa raquette, il bouge moins bien, il n'appuie pas ses choix à fond, il fait tout un peu à moitié. Mais, sincèrement, je ne crois pas que changer soit la solution alors que David a besoin de confiance et de sécurité. Une aide psychologique extérieure ? L'idée n'est certainement pas bête, c'est une piste comme une autre, à ne pas écarter. Il a travaillé longtemps avec un préparateur mental (Fabrice De Zanet, depuis ses 16 ans puis à l'époque de Réginald Willems et Thierry Van Cleemput, ndlr), mais a arrêté depuis. Là, c'est encore un peu chaud pour discuter au fond des choses, mais on se doit de tout mettre sur la table, on ne va pas cacher que c'est une grosse déception. 

Q. S'agit-il encore de suites du "covid blues" qui l'a tant marqué l'an dernier ? Il y a tellement de ressemblances avec le match contre Sinner l'an dernier ici même...

R. C'est une bonne question, d'autant qu'il n'est pas seul dans le cas on le voit bien. C'est un climat général dont beaucoup souffrent. Je n'étais pas là la saison dernière, mais je ressens néanmoins une différence dans l'envie, même si cela ne se voit pas toujours, c'est dans son caractère, il se ferme. L'an passé, il avait du mal à combattre après avoir plutôt bien commencé ses matches. Ici le score des deux derniers sets montre qu'il n'a pas laissé aller. Malgré blocages et doutes, de petits détails, comme la balle de deuxième set, ou les deux coups droits juste dehors au tie-break du troisième, pouvaient changer la donne. Face à un adversaire solide, il a un peu fait les points et les fautes. Je sais ce dont il est capable et le plaisir qu'il prend à l'entraînement ou à être en tournoi, mais je sais aussi qu'il ne sert à rien de le répéter tant que cela ne se traduit pas en match, le fossé est trop grand. Je ne suis pas du tout défaitiste et je pense que je peux l’aider, sinon je ne serais pas là, aussi motivé, à essayer de chercher des solutions pour avancer.

Q. Et maintenant ?

R. On va forcément débriefer tout ça, je vous l'ai dit, mais en principe rien ne change, d'autant qu'entretemps il y a une deuxième dose de vaccin à recevoir. On passe donc sur herbe, et je sais qu'on va bien s'entraîner, même si c'est toujours compliqué de trouver un terrain gazonné chez nous. On essaiera de rallier au plus vite Halle, le lieu de notre prochain tournoi.

 

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