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Coupe Davis : la Belgique éliminée au bout du suspense

On a retrouvé une vraie équipe belge de Coupe Davis, rien à voir avec la pâle version de mardi face à l'Australie. On a même retrouvé une vraie ambiance de Coupe Davis, denrée de plus en plus rare de nos jours. Mais la Belgique s'est quand même inclinée (1-2) face à l'Allemagne à Hambourg, elle est donc éliminée, et franchement ce vendredi elle ne le méritait pas. 

Deux équipes qui se valent

Le déluge tempêtueux noyant le vaste stade de tennis de Hambourg, dont le toit transparent ouvert sur les côtés laissait passer vent et humidité, ajoutait à l'ambiance glaciale de cette nouvelle Coupe Davis à mille lieux de son âme d'origine. Et pourtant, au fil d'une journée de vendredi en forme de thriller à répétition - avec à peine 3.000 Allemands ayant sacrifié 60 euros (le prix du ticket !) pour encourager leur équipe, ainsi qu'une cinquantaine de fans belges supportant largement la comparaison -; on a de nouveau vécu une de ces rencontres qui faisaient le charme de l'ancienne formule. Confirmation par l'absurde s'il le fallait de l'importance de disputer les matches sur le terrain d'un des deux protagonistes, gommée trois fois sur quatre par la nouvelle organisation. Ce qui débouche inévitablement sur des banquettes vides à répétition... comme lors de la (non) prestation de nos compatriotes, mardi, face à l'Australie. Une (non) performance qui appelait une revanche, et on se doit de dire qu'ils ont tenu leurs promesses, capitaine, staff, joueurs, c'est une équipe de battants comme on les aime qui est montée sur le court. Sets après sets, la tension et l'incertitude se sont accentuées sur les gradins, jusqu'à un final valant tous les thrillers, et malheureusement un cruel dénouement pour nos couleurs, alors que les Allemands occupaient le terrain pour faire la fête... comme les nôtres l'ont fait si souvent. Commençons honnêtement par dire que l'Allemagne, qui comme l'Australie ira disputer les quarts (demi et finale si affinités) de l'épreuve en novembre à Malaga, n'a rien volé du tout. Elle mérite ce qui lui arrive, ce n'est pas sa faute si un fringant Zizou Bergs n'a pu transformer onze balles de break et sept de deuxième manche, ou si Joran Vliegen, par ailleurs excellent, a vendangé incroyablement une volée penalty à 5-5 lors de l'ultime tie-break du double décisif. A vrai dire, les deux équipes se valaient, et, sans Zverev, l'Allemagne ne fait pas meilleure figure que la Belgique parmi les élus annoncés dans le sud de l'Espagne.

"Très fiers et très très déçus"

Faut-il commencer par le commencement ou par la fin ? Peut-être par la fin, pour une fois. Bergs battu d'entrée, Goffin vainqueur ensuite, c'est le double qui devait faire la décision, et on ne donnait pas forcément cher de la peau de la paire Vliegen/Gillé face à Kevin Kravietz et Tim Pütz, respectivement 29e et 8e mondiaux, qui avaient fait impression contre la France, alors que nos compatriotes se cherchaient à la suite d'une saison décevante. C'était sans savoir que nos duettistes avaient choisi ce vendredi pour délivrer leur meilleure prestation de l'année, et de loin. Du genre qui doit d'ailleurs les inciter à reprendre leurs bonnes habitudes. Ils ont donc gagné le premier set 6-4, perdu le deuxième 2-6, et, plutôt que de s'écrouler comme certains le craignaient, ils ont fait mieux que tenir tête à leurs adversaires au troisième set, dans une atmosphère de feu que la froidure ambiante n'atteignait pas. On est allé ainsi jusqu'au tie-break, qu'ils ont mené 5-2, avant que les Allemands ne serrent le jeu pour revenir à 5-5. C'est alors que Joran Vliegen a manqué la fameuse volée qui aurait dû se fracasser dans le court, donner 6-5 et une balle de match dans la foulée. Ce fut donc tout juste l'inverse (5-7), notre compatriote se prenant la tête dans les mains, inconsolable. "C'est dur de perdre ainsi", constatait Johan Van Herck. "On avait une finale ce samedi contre la France au bout de la raquette. Alors, nous sommes fiers, c'est vrai, d'avoir travaillé tous ensemble pour réagir et retrouver le niveau que l'on doit avoir, c'est-à-dire en se battant pour ce que l'on vaut même si on ne joue pas son meilleur tennis. Notre double a retrouvé des couleurs ce soir. Il doit capitaliser là-dessus. Mais nous sommes avant tout des sportifs professionnels, nous sommes là pour gagner. Nous sommes peut-être très fiers, mais très très déçus aussi."

Zizou aurait mérité au moins un troisième set

En deux jours, l'équipe belge avait su "regonfler" Zizou Bergs dans le 36e dessous après sa désastreuse fin de rencontre face à Jason Kubler mardi, mais cela n'a malheureusement pas suffi pour lui permettre de s'imposer dans le match d'ouverture de la journée face à un adversaire bien meilleur que l'Australien. Si Jan-Lennard Struff est retombé 132e mondial, déstabilisé par une blessure au pied, il était 29e mondial début septembre 2020. Notre compatriote (ATP 134) a sans doute encore commis l'une ou l'autre faute en trop au mauvais moment, mais il a surtout vendu chèrement sa peau tout au long de la partie, et aurait mérité au moins d'arracher un troisième set. Il n'en a pas moins perdu en deux manches, la première 4-6, décidée à 2-3 sur un jeu où il menait 0-40 et qu'il a perdu. Quant à la deuxième manche, extrêmement spectaculaire, elle fut on ne peut plus serrée et accrochée, conclue 9-11 au jeu décisif après que le Limbourgeois ait forcé sept balles de set en fin de manche. La plupart ont été bien négociées, il faut le dire, par un Allemand qui avait déjà sauvé deux balles de match contre le Français Bonzi. Sans oublier que Bergs a lui-même écarté deux balles de match lors du tie-break. "Je regrette un peu de ne pas avoir joué tout ou rien sur l'une ou l'autre de ces balles de set, ce que je suis capable de bien faire", disait-il, "mais c'était voulu au départ, cela fait partie du processus pour mieux progresser, grandir, je ne voulais plus faire n'importe quoi. Si je gagne le deuxième set, qui sait, cela change peut-être tout le match (c'est arrivé à David Goffin tout de suite après, ndlr). Mais dans l'ensemble j'ai montré tout autre chose que mardi. C'est surtout Struff qui a très bien servi quand il le fallait, le deuxième set avait le niveau Top 100." Le match s'est terminé dans une véritable ambiance de Coupe Davis, Allemands et Belges debout dans les travées. Cela ne faisait que commencer.

David Goffin : "Parfois, il faut que ça sorte"

Par la suite, il faut aussi reconnaître que l'on a bien failli se retrouver à 0-2 sans gloire, lorsque David Goffin, qui avait de nouveau entamé le match contre Oscar Otte, 52e mondial, numéro un allemand en l'absence de Zverev, comme l'ombre de lui-même (3-6 au premier set), s'est trouvé confronté à deux balles de match dans le tie-break du deuxième set. "Quand on est au bord de l'élimination comme ça, on doit se battre pour survivre et garder une chance. Pour soi, pour les autres, les équipiers, les supporters, le capitaine qui a tout fait pour vous soutenir. Ce tie-break (gagné 9-7, ndlr) a encore été compliqué (balle sur la bande du filet qui retombe du bon côté, erreur de Otte qui croit sa balle "out", ndlr), mais j'ai retrouvé un tout autre niveau au troisième set (6-3).Petit à petit  la balle est mieux sortie de ma raquette. C'est bien la preuve que le tennis est là, mais il faut qu'il soit là tout le temps, depuis le début. Gagner des matches comme ça, quand on ne frappe pas bien la balle, c'est important, cela prouve que même dans une période difficile cela peut passer, il faut y croire." On a d'ailleurs vu le Liégeois se rebiffer de toutes les manières, en envoyant une balle très haut en direction du plafond, ou en fracassant sa raquette au sol avec une virulence dont il n'a pas l'habitude. La réaction salvatrice ? "Quand on sent qu'on rate des trucs simples, ou qu'on envoie une balle facile à l'adversaire, alors qu'on sait être capable de tellement mieux, c'est frustrant à la longue, fallait que ça sorte." 

Un week-end pour du beurre

Malgré les deux revers essuyés, l'ambiance et la collectivité Coupe Davis a-t-elle de nouveau remis sur les rails ses principaux protagonistes ? En tout cas, même si le match contre la France de ce samedi comptera pour du beurre (sauf qu'il y a plus d'argent à la clé si on finit troisième que quatrième), Johan Van Herck a laissé entendre que David Goffin et le double Vliegen/Gillé joueraient, pour enchaîner sur leur dernière prestation. "On avait tous été en dessous de notre niveau contre l'Australie, même si Oscar Otte n'est pas Alex De Minaur c'est la preuve que le gros travail de ces deux jours a payé. Peut-être que je ressentirai un peu de fatigue la semaine prochaine au tournoi de Metz, ou peut-être cela m'aura-t-il fait du bien", souligne encore David. "En tout cas, même s'il va falloir analyser à tête reposée le pourquoi du couac de mardi, je crois toujours à l'avenir de notre équipe et de notre tennis, la présence des jeunes Gilles-Arnaud Bailly et Alexander Blockx ici en est la preuve", conclut Johan Van Herck, "on va d'ailleurs essayer de faire la même chose avec les filles en novembre". Du genre Sofia Costoulas, pour citer un nom ?

Les résultats

Bergs - Struff 4-6, 6-7 (9)
Goffin - Otte 3-6, 7-6 (7), 6-3
Vliegen/Gillé - Kravietz/Pütz 6-4, 2-6, 6-7 (5)

Le programme (pour l'honneur)

Samedi, 14 h Belgique-France
Dimanche, 14 h Allemagne-Australie
 

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