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Ysaline Bonaventure dans la cour des grandes

La progression d'Ysaline Bonaventure, manifeste depuis quelques mois, s'est confirmée de belle manière lors du tournoi d'Indian Wells, un des plus relevés et huppés du circuit. Pour la première fois de sa carrière, elle est parvenue au troisième tour d'un des grands événements de l'année tennistique, et d'une manière qui ne laisse aucun doute quant au mental qui l'anime pour l'instant, puisque lors des deux matches de qualification comme des deux premiers tours de tableau final elle est parvenue à se qualifier après avoir été menée d'un set. Elle est virtuellement revenue proche de son meilleur classement (121e alors qu'elle a été au mieux 116e) et sur cette lancée peut clairement espérer atteindre son objectif de l'année et de toujours, le Top 100, dans les semaines ou mois qui viennent, tout le monde en est désormais convaincu. En attendant, ce lundi, elle va se retrouver dans le désert californien face à la 5e mondiale Karolina Pliskova. Surtout qu'elle profite du moment !

"Nettement plus complète"

De 600 à 800 "likes" sur son compte Facebook à l'annonce de sa qualification lors du deuxième tour d'Indian Wells samedi face à Donna Vekic 26e mondiale !  "On m'envoie plein de messages quand je gagne, jamais quand je perds !" De l'Ysaline Bonaventure tout craché. Une personne, une joueuse intéressante et franche, qui a de la personnalité, capable de s'exiler à 13 ans en Hollande pour se former tennistiquement avec l'anciennne championne Noëlle Van Lottum, mais parfois compliquée aussi, affublée d'un caractère puissant et d'une intelligence "franc-tireur" difficiles à canaliser. On lui voit un potentiel Top 100 depuis quelques années, mais également des lacunes physiques et mentales qui en ont découragé plus d'un(e). A plusieurs reprises, que ce soit du côté de Rotterdam ou de Mons, on l'a dit sur la bonne voie, et on l'a cru. On a été déçu. Elle aussi. A 24 ans, équilibre et maturité aidant, il semble que le déclic annoncé en septembre dernier soit enfin suivi d'effet. La décision de se relancer avec l'ancien préparateur physique de l'AFT, Patrick Meur, qui n'avait plus travaillé directement avec une fille depuis la jeune Justine, a manifestement joué un rôle prépondérant. Si la collaboration tennistique initiée avec Didier Jacquet n'a malheureusement pas fonctionné longtemps, le courant et le message sont en revanche beaucoup mieux passé avec Patrick. Ce dernier martèle qu'on est encore loin d'être au bout du processus, mais la transformation physique de la Stavelotaine en quelques mois crève les yeux, et du coup sa qualité tennistique ressort, elle peut enchaîner ses redoutables frappes de gauchère, le troisième set n'est plus un calvaire annoncé, elle tient des matches de 2 h/2 h 30, bouge plus, s'accroche et enfile les rencontres. "Le fait de vraiment bosser dur physiquement m'a aussi rendue plus forte mentalement, j'arrive à garder ma puissance en me déplaçant un petit peu mieux, et cela fait de moi une joueuse nettement plus complète", dit-elle.

Avec son père... puis seule

De Saint Petersbourg à Indian Wells, Ysaline a déjà accroché le scalp de cinq Top 100 cette année, Kuzmova, Boulter, Siniakova, Townshend et Vekic, elle a donc le niveau. Lors de ses quatre matches dans le désert californien, elle a chaque fois perdu le premier set et émergé au troisième, y compris lors de ce deuxième tour face à la Croate Donna Vekic où elle s'est trouvée menée 1-6 en 23 minutes. Dans la deuxième manche, elle a sauvé neuf balles de break sur dix avant de s'imposer 7-5 au tie break et de faire la course en tête dans la manche décisive, breakant deux fois contre une (6-4). "Elle n'a pas eu peur en servant pour le match, et gagner quatre rencontres d'affilée comme ça c'est bien la preuve qu'elle est mentalement là, on ne peut plus parler de hasard", note Patrick Meur qui la suit depuis la Belgique. "Elle aura toujours son caractère, mais il faut arriver à l'utiliser de manière positive, à ne pas se laisser manger par l'énervement, la frustration, à trouver un moyen d'évacuer, d'oublier le point précédent, on peut l'aider mais cela dépend d'abord d'elle, c'est elle qui fait le travail, qui évolue. Moi, je prends tout ça comme un défi de pensionné actif (sourire), elle vaut bien que l'on s'occupe d'elle." A ce propos, même si son début de saison a mis un peu de beurre dans les épinards financièrement (autour de 100.000 dollars brut en prize money), une joueuse de son niveau de classement n'a pas la vie facile ni les moyens des filles du top. Ainsi, elle est partie à Indian Wells avec son père, qui a dû rentrer il y a deux jours. Seule sur place, elle a pu compter sur la compagnie des copines de Fed Cup Kirsten Flipkens et Alison Van Uytvanck... qui ont toutes deux été éliminées samedi (respectivement par Collins et Bencic), mais aussi sur la joueuse de double hollandaise Demi Schuurs qui a fait office de coach occasionnel. Après la rupture avec Didier Jacquet en janvier, elle est en effet retournée auprès de son coach tennis hollandais, le mari de Noël Van Lottum, Martijn Belgraver, mais ce dernier a aussi d'autres engagements et n'a pu embarquer d'emblée. Pas évident.

Stage à Alicante 

Inutile de dire qu'Ysaline ne se présente pas en favorite face à Karolina Pliskova, 5e mondiale, finaliste de l'US Open en 2016, mais, malgré une défaite en deux sets, le match qu'elle a livré face à Kiki Bertens à Saint-Petersbourg fin janvier montre qu'elle ne doit pas non plus aborder le match sans ambitions. Elle n'a rien à perdre. Quoiqu'il arrive l'après Indian Wells ne s'appellera pas Miami pour elle. Elle n'était pas classée en ordre utile pour y participer, elle n'est d'ailleurs entrée que de toute justesse dans les qualifications d'Indian Wells. A la place, elle partira une semaine en stage à Alicante. "Avec Patrick, on a déjà fait un bon boulot ensemble, mais j'ai encore beaucoup de progrès à faire à tous les niveaux, avec une marge de progression dans un ensemble de choses", sait-elle. Par la suite, elle jouera Charleston et Bogota, accompagnée d'un entraîneur de l'académie hollandaise, avant la Fed Cup contre l'Espagne à Courtrai. "Tout part du physique, surtout chez elle, et elle se sent bien avec Patrick Meur dont l'expérience lui est précieuse", conclut Noëlle Van Lottum, aujourd'hui entraîneur national pour les jeunes filles (14/16 ans) à la fédération française, "elle a des qualités de frappe de balle extraordinaires, et au plus elle est fit au plus on peut affiner les choses." 
 

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