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L'exploit monumental de la Belgique en Coupe Davis : "Un moment inoubliable"

Il faut dire les choses comme elles sont. Comme avant la rencontre face à l'Allemagne sans David Goffin il y a deux ans, on donnait très peu de chances à la Belgique de se qualifier en terre brésilienne pour la phase finale de la Coupe Davis new look sans Goffin, Steve Darcis et Ruben Bemelmans. Quasi aucune, à dire vrai, malgré les discours "rien n'est impossible" d'avant matches. "Ce que l'on vient de réaliser à Uberlandia est peut-être encore plus fort que ce que l'on avait vécu à Francfort", confirme le capitaine Johan Van Herck.

C'est peu dire que l'évènement n'a pas fait la "une" des médias durant la semaine, et on ne remerciera jamais assez la télévision flamande de nous avoir permis d'assister en direct à une de ces étonnantes prestations dont peut être capable l'équipe belge de tennis, le genre de performances inattendues qui, dans le passé, ont souvent été inspirées par Steve Darcis lequel y a gagné le titre de "Mister Coupe Davis". Début février 2017, c'est lui qui avait ainsi conduit la Belgique à l'exploit en Allemagne face aux Zverev et autres Kohlschreiber à la stupéfaction générale. On le sait, cette fois, Steve a préféré faire l'impasse, comme David Goffin, sur le déplacement au Brésil, les 40 heures de voyage aller-retour vers un "coin perdu" de l'immense pays sud-américain, la terre battue à 900 mètres d'altitude en pleine saison sur dur, et pour tout dire une compétition qui n'a plus rien à voir avec celle qui l'a toujours motivé. Pourtant, même en deux jours et deux sets gagnants, avec toutes les réserves que l'on peut nourrir vis-à-vis de la nouvelle phase finale en novembre, il faut bien reconnaître que ce match de qualification qui, au départ, ne passionnait pas grand monde, a encore permis de renouer avec les enivrantes émotions du passé.

Kimmer dans le rôle de Steve

Tout semblait, en fait, réuni pour dérouler devant les Brésiliens un tapis rouge direction Madrid et sa phase finale. Au départ, sans un Top 100 en simple, nos hôtes ont sans doute cherché à rendre (sportivement) le déplacement le plus inconfortable possible histoire de décourager David Goffin, pour ne pas le nommer, de se lancer dans un voyage incertain. Et ils ont sans doute été comblés au delà de leurs espérances en se retrouvant finalement avec leur meilleure équipe face à deux 200es mondiaux. Avec des joueurs mieux classés que les nôtres, sur leur terre, dans des conditions et une ambiance 100% brésiliennes, avec un Thiago Monteiro en pleine confiance, qui venait de remporter un tournoi Challenger en Uruguay, et deux joueurs de double parmi les meilleurs mondiaux, ils paraissaient posséder tous les atouts pour assurer la qualification sans faire trop de vagues. C'était compter sans un Kimmer Coppejans qui a, en quelque sorte, repris le rôle du Steve Darcis de Francfort, s'imposant dans ses deux simples en étant simplement, presque... tranquillement, meilleur que ses adversaires mieux classés. Et toujours comme en Allemagne, le double - en l'occurrence cette fois Joran Vliegen et Sander Gille - a apporté le point décisif, celui que l'on attendait le moins. Quatre matches ont suffi. N'ayons pas peur des mots, compte tenu des circonstances et des forces alignées, l'exploit est monumental. "On y croyait en simple comme en double, on savait qu'Arthur (De Greef) et Kimmer savaient jouer sur terre battue et en altitude, que notre double avait déjà accroché des pointures... mais de là à le faire. Je ne vais pas vous dire que j'étais convaincu qu'on allait venir gagner ici... c'est donc un résultat que je situe facile dans mon Top 3 personnel et qui procure un superbe sentiment !", résumait Johan Van Herck.  

"La plus belle" de Vliegen et Gille

Alors qu'on les avait laissés à 1-1 au soir de la première journée, nos compatriotes ont repris le collier avec ce qui était annoncé au départ comme le match le plus compliqué de la rencontre, face aux Top 12 mondiaux en double Melo/Soares... qui vont finir par considérer les Belges comme leur bête noire puisqu'ils avaient déjà perdu en 2016 à Ostende contre De Loore et Bemelmans. Joran Vliegen et Sander Gille, pourtant plus habitués aux tournois Challenger qu'aux compétitions haut de gamme, ont réellement maîtrisé la partie en deux sets de bout en bout - 6-4, 7-6 (4). "C'est la plus belle victoire de notre carrière", souriait Gille, "on était bien préparés, on a très bien servi, on a saisi les occasions et on n'a rien lâché. Venir ici avec l'équipe qu'on avait, je pense que personne ne croyait qu'on pouvait gagner. Et puis voilà... on fait trois très bons matches, même Arthur (De Greef) a été bon, l'autre (Monteiro) était juste trop fort dans ce match-là. En double, on savait qu'on avait une chance parce qu'on avait joué quelques fois à ce niveau-là, que c'était toujours serré, qu'on était proches, la pièce pouvait tomber une fois de notre côté, là c'était notre moment, vraiment inoubliable." "Le double, pour les Brésiliens, c'était un point assuré", complétait Van Herck, "Joran et Sander ont donc réalisé un véritable exploit, confirmant ce qu'ils avaient déjà laissé voir précédemment, avec une prestation complète, de bons services, ils ont dominé, ils ont eu plus d'occasions, ils ont résisté à l'expérience adverse, et ont été maîtres du terrain. C'est très fort."

"Le match parfait" de Coppejans

"On a de nouveau montré qu'en équipe la Belgique est performante, très professionnelle, je suis fier, le staff a encore réalisé un travail exceptionnel, et les joueurs ont évolué à un haut niveau", continuait le capitaine, "sans parler de ceux qui n'étaient pas là mais qui ont prouvé ce dont ils étaient capables, le noyau de l'équipe s'est élargi ici, on peut encore aller à Madrid avec des ambitions, qui sait ?" Dans cette ambiance collective exemplaire, outre la "perf" en double, c'est forcément le niveau affiché par Kimmer Coppejans qui retient l'attention. "Je joue comme ça ces six derniers mois", assurait-il, "et j'espère que ce qui vient de se passer servira de "boost" pour la suite de ma saison. J'ai battu deux mecs classés plus haut que moi, d'une manière qui donne confiance. Avec tous les Brésiliens en train de crier, parfois de te huer, c'était tout sauf facile. " L'ancien vainqueur junior de Roland Garros, aujourdhui 195e mondial, a su garder la tête froide en toutes circonstances. Un sans faute. "Il a retrouvé ici la qualité de tennis qui était la sienne quand il a touché au top 100", dit Johan Van Herck. "A l'entraînement je trouvais qu'il jouait vraiment bien, il était très stable et discipliné, avec beaucoup d'énergie et une haute intensité. Vendredi, face à Dutra Silva, il a déjà été à la hauteur, il n'a pas tremblé. Puis contre Monteiro, un mec en confiance, avec le public derrière lui, face auquel on n'avait pas trouvé de solution avec Arthur (De Greef) lors du match d'ouverture, et alors qu'on mène 2-1, qu'il y a la qualification au bout, c'est incroyable la façon dont il a joué, son attitude, je pense que c'était le match parfait."

Les résultats

- Thiago Monteiro (ATP 107) - Arthur De Greef (ATP 202) 6-3, 6-2
- Rogerio Dutra Silva (ATP 139) - Kimmer Coppejans (ATP 195) 4-6, 4-6
- Marcelo Melo (ATP 12)/Bruno Soares (ATP 5) - Sander Gille (ATP 83)/Joran Vliegen (ATP 86) 4-6, 6-7 (4)
- Thiago Monteiro - Kimmer Coppejans 3-6, 4-6.
 

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