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Steve Darcis a repris la raquette : "J'espère que tout ça va payer"

Il a dû ronger son frein comme jamais auparavant - la barre avait pourtant été placée haut lors de ses accrocs précédents - mais il aperçoit de nouveau le bout du tunnel.

Steve Darcis, dont le dernier match remonte à la finale de la Coupe Davis à Lille il y a près d'un an (dans des conditions physiques déjà aléatoires, on s'en souvient), a repris la raquette la semaine dernière, "et franchement, pour l'instant, cela ne se passe pas mal", sourit le Liégeois qui a souffert d'une fissure d'un tendon du coude et a dû se résoudre à une saison "blanche" alors qu'il aura 35 ans en mars. "Je crois avoir pris le repos qu'il fallait, c'était la bonne idée", lance-t-il plein d'espoir teinté de réalisme pour 2019. "J'aurai fait ce que je pouvais, j'espère que tout ça va payer, mais on verra comment je réagis et comment l'année va se passer". Entretien.

Q. Steve, vous venez donc de reprendre la raquette à l'entraînement, cela s'est passé comment ?

R. J'avais déjà travaillé sérieusement le physique, notamment au CHU de Liège ou avec le duo de l'AFT Fabien Bertrand/Alexandre Blairvacq de l'AFT à Mons. La semaine dernière, j'ai effectivement pu reprendre l'entraînement tennis, deux fois, puis trois fois semaine, j'augmente crescendo, jusqu'à présent cela ne se passe pas mal (sourire), le sentiment du staff médical est positif. 

"Roland Garros... le coup a été très dur"

Q. Comment avez-vous vécu cette année entière loin du circuit ? Cela doit sembler long.

R. Durant tout un moment, j'ai cru pouvoir être prêt pour Roland Garros, et je me suis préparé comme un dingue, mais une semaine après avoir repris la raquette j'ai de nouveau eu mal. Je ne cache pas que le coup a été très dur et que j'ai mis un petit temps avant de m'en remettre. Mais ensuite, j'ai eu l'opportunité d'accompagner Ruben (Bemelmans) puis Yanina (Wickmayer) sur le circuit durant quelques semaines, j'en ai aussi profité pour entretenir ma condition, et en rentrant de l'US Open j'ai entamé une véritable réathlétisation, super bien encadré je dois le dire. D'ailleurs, en décembre, pour le stage prévu à Abu Dhabi, comme je ne peux avoir avec moi un préparateur détaché de la fédé, j'ai demandé à Patrick Meur, avec lequel j'ai vécu de belles années au centre de  Mons, de venir avec Yannis (Demeroutis, son coach, ndlr), c'est une sorte de retour aux sources, il était important pour moi de rester en terrain connu. Ysaline (Bonaventure) ayant décidé de se préparer cet hiver avec Patrick - une très bonne idée, selon moi -, elle en bénéficiera également puisqu'elle sera sur place elle aussi.  

"La Coupe Davis... quelle Coupe Davis ?"

Q. Tant qu'on y est, où reprendrez-vous la compétition la saison prochaine ?

R. Au tournoi ATP de Pune en Inde, ensuite au Challenger de Canberra, enfin à Melbourne pour l'Australian Open.

Q. Et puis la Coupe Davis au Brésil ?

R. La Coupe Davis... quelle Coupe Davis ? Elle n'existe plus. Ce sera éventuellement autre chose, une compétition par équipes, de toute façon ils ont fait n'importe quoi du début à la fin, je ne suis pas surpris. Plein de joueurs ont poussé pour le nouveau format, et il y en a plein qui ne le joueront de toute façon pas, donc ça me fait bien rire. Maintenant c'est trop tard. C'est l'argent qui régit le monde, ce n'est donc pas une surprise non plus. En ce qui nous concerne, on ne pouvait hériter de tirage plus compliqué que le Brésil, un tel voyage après l'Australie... ils peuvent nous faire jouer à 3.000 mètres d'altitude s'ils le veulent. Est-ce que David sera là, où en serais-je ? Il y a beaucoup trop d'incertitudes pour l'instant. On verra.

"Zéro point... mais 90e mondial durant 12 tournois"

Q. Compte tenu de votre longue indisponibilité, vous allez bénéficier d'un classement protégé en reprenant la compétition, vous n'aurez rien à défendre durant toute l'année, or avec 580 points on est Top 100 pour l'instant et avoir 35 ans n'empêche pas Kohlschreiber d'être 35e mondial, la perspective vaut le coup d'oeil...

R. ... Cela ne m'a pas échappé, et je me sens toujours joueur avant tout, je veux mettre tous les atouts de mon côté, le jeu en vaut la chandelle. Je ne doute pas que je serai "fit" pour recommencer, ce ne sera pas la première fois après une blessure, mais il faudra retrouver le rythme de la compétition... et que la scoumoune m'épargne. A la fois je recommencerai tout en bas, nul, zéro, pas de point, mais je bénéficierai donc d'un intéressant classement protégé, 90e mondial, pour douze tournois. Et si ça finit quand même par casser c'est que ça doit arriver, ce sera la fin, sans regrets, ce n'est pas si grave (sourire)... tant que tout a été fait pour que ça aille.

"Coacher... j'aime beaucoup ça"

Q. Vous avez profité de votre absence du circuit pour préparer votre après carrière ?

R. J'ai en tout cas coaché suffisamment pour savoir que j'aime vraiment ça et que je ne me débrouille pas trop mal, cela me rassure. Je ne me vois peut-être plus trente semaines par an sur le circuit, mais cela ne me déplairait pas de repartir plus tard avec quelqu'un une vingtaine de semaines par exemple. Je me suis également associé à Xavier Moureaux dans les écoles de tennis de Bastogne, où il oeuvre déjà depuis dix ans, et d'Aywaille que nous avons repris ensemble en repartant quasiment de zéro. Voir revenir les jeunes dans un club que j'aime beaucoup, c'est super gai, surtout quand on se sent soutenu. J'adore le tennis, je baigne dans ce monde-là depuis que je suis né, j'ai envie d'y rester. J'ai passé les cours généraux d'initiateur, je dois enchaîner avec formateur - je n'en ai pas encore eu le temps - et ensuite avec la spécialisation tennis à Mons, c'est prévu, cela se fera, mais là je repense surtout à jouer.

"Yanina... son premier long break va lui faire du bien"

Q. Avec Yanina Wickmayer, qui s'est dite enchantée de l'expérience, vous avez touché pour la première fois au tennis féminin, c'est si différent ? 

R. Je ne vous apprendrai rien en disant qu'on est plus dans l'émotionnel, mais cela m'a bien plu aussi, j'ai l'impression qu'il y a moyen d'apporter des choses, on s'est super bien entendus, on a super bien bossé, et je pense qu'elle était contente. Les résultats ? Elle a très bien joué sur gazon, la tournée US n'a pas été terrible, en même temps quand tu tombes sur Kvitova au premier tour de Flushing Meadows ce n'est pas facile non plus. Je crois qu'elle a disputé beaucoup de matches, qu'elle était mentalement fort fatiguée, et que consentir pour la première fois de sa vie un plus long break comme elle l'a décidé après New York va lui faire du bien. Je me réjouis de voir ce que cela va donner l'an prochain. Est-ce que je la trouve sous-classée (WTA 110 cette semaine) ? Je dis toujours qu'on a le classement qu'on mérite, mais si elle joue son niveau d'entraînement elle est sous-classée, oui, elle n'a pas réalisé une bonne saison, c'est comme ça, ça arrive, mais elle va repartir sur de nouvelles bases en 2019, je suis sûr et certain que cela va bien se passer.  

"Anvers... pourtant les organisateurs se bougent"

Q. A propos, vous qui rêviez d'être un jour capitaine de Coupe Davis, c'est embêtant si elle n'existe plus (sourire)...

R. Je ne le serai pas comme j'avais pensé l'être, cela n'empêche que j'aimerais toujours être capitaine d'équipe un jour, côté hommes ou côté femmes peu importe. Peut-être dans la nouvelle compétition qui pour moi n'est plus la Coupe Davis. Après les quelques semaines passées avec Yanina, je ne vois pas pourquoi cela ne pourrait pas aussi fonctionner avec une équipe féminine, d'autres y sont arrivés pourquoi pas moi ?

Q. Dans le public, on semble faire trop peu de cas du tournoi d'Anvers, alors que c'est la dernière possibilité d'assister à des matches de tennis de haut niveau masculin en Belgique compte tenu de ce qui arrive à la Coupe Davis. Au fond, sauf événement exceptionnel, est-on réellement un pays de tennis ?

R. C'est vrai qu'on n'en parle presque pas, en tout cas pas assez, pourtant les organisateurs se bougent. Evidemment, David (Goffin) et moi c'est une perte importante pour le tournoi... surtout David (sourire). Le fait que l'on n'ait plus d'autre occasion de voir du top tennis ATP chez nous c'est peut-être ce qui va faire réagir les gens, mais au fond je n'en sais rien.
 

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