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Le tennis confiné... Juliette ne s'en plaint pas

Contrairement à Ysaline Bonaventure, Arthur De Greef, numéro 4 belge actuel, ne bénéficie pas du statut haut niveau qui lui permettrait de continuer à s'entraîner au Centre de Mons. C'est également le cas des jeunes pros de l'AFT qui suivent les consignes physiques quotidiennes d'Alexandre Blairvacq, le préparateur physique fédéral, mais qui pour ce qui est de la raquette en sont réduits à la débrouille, avec les maigres moyens du bord. La plus "gâtée" ? Juliette Bovy qui avec son frère Arnaud peut compter sur un "sparring" de choix sur le court familial.

Le futur d'Arthur

ARTHUR DE GREEF, qui revenait en ce début d'année de six mois sans jouer pour traiter un problème d'inflammation récurrent dans le bas du dos, a donc vu toute possibilité de rentrées financières tennistiques s'évanouir pour un nombre indéfini de mois. A 27 ans, comment le vit-il ? "A quoi sert-il de se lamenter ? Je ne gagne plus rien, mais je n'ai plus de frais non plus, ni de coach à payer puisque je ne peux plus m'entraîner, ni aller me préparer en Espagne, et je me rends bien compte que si l'on doit attendre que la situation soit sous contrôle dans tous les pays du monde on n'est pas rendu... Donc je fais du vélo, du fitness deux fois par jour à la maison, je vois plus ma copine, et on peaufine les plans pour Géronsart que j'ai repris avec mon père depuis le 1e janvier. C'est un rêve que nous caressions lui et moi depuis que je suis petit, ouvrir un club ensemble, et, là, il y a tout, Thierry Marot l'a super bien géré durant 40 ans et d'ailleurs il est toujours là, avec moi l'équipe d'interclubs peut même jouer en division 2 (sourire), on tient à la fois au côté haut de gamme et familial, tout en apportant un petit coup de neuf et en développant l'aspect brasserie. Pour autant, je ne suis pas prêt à arrêter le tennis sur le circuit, j'ai la chance de ne pas être dans le besoin et de bénéficier d'un classement protégé à la 229e place mondiale (il est retombé 324e après sa longue indisponibilité, ndlr). A 27 ans, si ça se passe bien, j'ai encore une demi-carrière devant moi, à l'inverse je ne me vois quand même pas traîner dans les Futures non plus.

Le lance-balles de Gauthier

Pour les plus jeunes francophones, les conséquences de l'épidémie se mesurent surtout en termes de coup d'arrêt dans leur progression sportive. Ils vivent chez leurs parents, à leur niveau ils ne gagnent de toute façon pas des mille et des cents dans les tournois, et ils bénéficient encore souvent d'un support/encadrement fédéral. C'est le cas pour le team "pro" AFT dont Steve Darcis n'a malheureusement pu prendre la direction que durant deux semaines avant d'être contraint au confinement comme tous les entraîneurs de la fédération. Dans le cadre strict du respect des décisions gouvernementales, la marge de manoeuvre est forcément très réduite. ARNAUD BOVY et GAUTHIER ONCLIN ont beau bénéficier d'un court de tennis à la maison, encore faut-il quelqu'un à leur niveau de l'autre côté du filet. L'avantage du premier c'est qu'il peut compter sur sa soeur Juliette, bel espoir du tennis féminin mais quatre ans plus jeune que lui. "Pour taper la balle c'est agréable, et c'est évidemment mieux que rien, mais c'est surtout intéressant pour elle", sourit-il, "elle a trouvé un bon sparring." "J'essaie de me débrouiller seul, je fais des services, des paniers de balles... mes parents m'en lancent aussi quelques unes quand ils ont le temps", dit Gauthier. "J'aimerais en profiter pour demander si quelqu'un n'aurait pas un lance-balles, le mien a rendu l'âme". Message transmis. "Je ne me plains pas, j'habite à la campagne (Eben-Emael près de Visé, ndlr), il fait beau, je cours, comme Arnaud je fais beaucoup de vélo et j'adore ça, je suis les consignes physiques que l'on reçoit, et je suppose qu'on aura un peu de temps pour refaire du tennis avant que la compétition ne recommence, peut-être pourra-t-on d'ailleurs rejouer en Belgique au niveau national plus vite qu'à l'international. Ce qui est dommage c'est qu'il s'agit de ma première saison chez les adultes (il a été Top 10 mondial junior, ndlr) et que j'avais quatre ou cinq mois quasi "blancs" pour gagner des points, monter au classement (il est 661e à l'ATP, ndlr), c'est parti en fumée."

La "double peine" de Louis

A 24 ans, CLEMENT GEENS, longtemps isolé et souvent blessé, venait tout juste de retrouver le team pro AFT - après avoir annoncé son retrait du circuit international l'an dernier et s'être ravisé - lorsque la crise sanitaire s'est déclarée. Des retrouvailles qui changent bien sûr la donne pour le Brabançon. "Je crois que cela a également été vu positivement par les entraîneurs de Mons et les autres joueurs, l'objectif de Steve (Darcis) est de redynamiser la structure professionnelle, il est l'homme qu'il faut, à la bonne place, même s'il n'a pas encore eu beaucoup de temps d'y travailler. Il ne faut pas se montrer égoïste, on est la dernière roue du carrosse, si déjà on peut rejouer cette année... Ceux qui perdent le plus ce sont les joueurs du Top 100 mais ce sont aussi ceux qui en ont le moins besoin. Pour d'autres, par exemple, les interclubs, notamment à l'étranger, représentent de vitales rentrées d'argent qui vont faire cruellement défaut. C'est compliqué pour tout le monde. Partout. Voilà. Je vis chez mes parents, je fais beaucoup de physique, je lis un peu plus, je cuisine, et si je touche encore ma raquette c'est pour faire quelques mouvements dans le vide, de l'"air tennis" en quelque sorte." Pour l'Arlonais LOUIS HERMAN, qui aura 19 ans début mai, le problème actuel survient alors qu'il revenait (bien) d'une saison (sa dernière comme junior) déjà complètement perdue en raison d'une très ennuyeuse fissure au tendon rotulien. On peut presque parler de "double peine" pour un garçon en dernière année d'humanités, qui a su s'accrocher en des temps très difficiles, et venait de se rassurer en accrochant son premier point ATP qui lui permettra au moins d'accéder aux qualifications des tournois 15.000 dollars. "C'est un nouveau coup d'arrêt mais cette fois tout le monde est logé à la même enseigne", souligne-t-il, "j'ai la chance d'avoir un bois près de chez moi, et j'ai trouvé un terrain de tennis de 18 mètres avec un mur, comme quand j'étais petit, je suis déjà content que mon genou me laisse tranquille après neuf mois d'un traitement médical et sportif pointu. J'ai encore parfois un peu mal, mais c'est dans l'ordre normal des choses."

Les juniors privés de Grands Chelems ?

RAPHAEL COLLIGNON et ROMAIN FAUCON, respectivement 25e et 44e mondiaux au moment où les compétitions se sont arrêtées, se réjouissaient, fin février, d'avoir accumulé suffisamment de points sur le circuit junior pour accéder une première fois aux Grands Chelems dans leur catégorie. Il s'agit d'une ambiance à laquelle on rêve de goûter quand on tient une raquette en main depuis l'âge de quatre ans, et en même temps d'un challenge sportif qui permet de se mesurer aux meilleurs, de se jauger au plus haut niveau. Il serait dommage et triste que ce plaisir et cette expérience leur soient refusées en raison d'une épidémie qui a pris tout le monde de court, et pourtant Wimbledon a déjà été annulé, l'US Open a l'air en grand danger, et qu'adviendra-t-il du coup de force de Roland Garros en septembre ? "Qui plus est, comme vous le savez sans doute, une fois sortis de leur catégorie, les meilleurs juniors ont droit à des places garanties dans les tournois Future 15.000 dollars jusqu'à leur 19e anniversaire", explique l'entraîneur fédéral Ananda Vandendoren, "or Raphaël aura 19 ans dès janvier prochain (Romain ce sera seulement début septembre 2021, ndlr), donc non seulement il aurait été privé de tout ou partie de sa dernière saison juniore, mais il ne pourrait quasiment pas bénéficier non plus de son bon classement actuel sur le circuit adulte comme la plupart des autres, ce serait très injuste, j'espère qu'en la circonstance la fédération internationale prendrait les mesures qui s'imposent."

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