Responsive menu

Joachim Gérard entame trois semaines cruciales

Si David Goffin a eu du mal à se remettre de sa blessure à la cheville encourure à Roland Garros, Joachim Gérard, notre fleuron du tennis en fauteuil, a éprouvé plus de difficultés encore à surmonter, aussi bien mentalement que physiquement, l'opération à l'épaule subie à la mi-mai. Il a forcément rétrogradé au classement mondial, et doit notamment défendre, fin novembre, début décembre (du 29 au 3), les points de sa victoire au Masters, mais il semble à nouveau prêt à en découdre.
 

Même si l'intervention chirurgicale n'apparaît pas spécialement grave, une opération à l'épaule est toujours un moment délicat pour un joueur de tennis, qui plus est lorsqu'il joue en fauteuil où le haut du corps est mis à plus rude épreuve que chez les "valides". Il n'est pas toujours aussi simple qu'on peut le penser de retrouver ensuite toutes les fonctionnalités et la totale puissance déployées auparavant, sans parler de la confiance, surtout quand c'est la première fois que l'on se trouve confronté à pareil contretemps physique. Joachim Gérard qui, dans un premier temps, avait même rêvé d'une rentrée à Wimbledon a dû ronger son frein, et lorsqu'il put effectuer sa rentrée ce fut pour disputer une tournée US largement en deça des espérances. Le physique était loin d'être uniquement en cause, le mental laissait alors à ce point à désirer que la situation déboucha sur une remise en question générale, à l'initiative de son coach Marc Grandjean et de l'ensemble de son staff. Un "brain storming" du genre à prendre ou à laisser qui a porté ses fruits.
 
Bath et le Masters


"Il est vrai que poursuivre dans l'état d'esprit où il se trouvait aux Etats-Unis ne m'intéressait pas", souligne Marc Grandjean, "si c'était pour jouer 10e mondial, il n'avait pas besoin de moi, de nous, deux entraînements par semaine suffisent, manquait-il de confiance ou a-t-il eu l'impression qu'il lui serait facile de revenir à son meilleur niveau, toujours est-il qu'il n'avait pas un comportement de battant, de winner, il était "ramollo", on ne sentait pas l'envie à 100 %. Je suis parti en vacances, et en rentrant je lui demandé sans équivoque ce qu'il voulait faire. La cause principale de son recul, inévitable, au classement (de la 3e à la 7e place mondiale) c'est sa blessure, mais son attitude ne m'avait pas plu du tout. Il s'est recentré sur son objectif, qui est de devenir numéro un et pas dixième au monde, on récolte ce que l'on sème, et à l'entraînement je le trouve de nouveau bien (re)parti, très consciencieux. Mais c'est en compétition que l'on juge, et lors de ces trois prochaines semaines il y a du pain sur la planche. D'abord et tout de suite le tournoi de Bath en Angleterre, qui n'est qu'un grade 1 mais tout le monde est là pour préparer le Masters, et Joachim l'a gagné l'an dernier après sa médaille de bronze paralympique. Ensuite, il y a le Masters de double aux Pays-Bas où il est associé au Suédois Olsson, et enfin le Masters de simple à Londres qu'il a remporté ces deux dernières années."

L'Australian Open en jeu

Joachim a ouvertement fait son mea culpa. "Je me suis détesté, je n'ai pas été très professionnel, ni très respectueux de ceux qui m'entourent, ils se sont posé des questions, je sais que c'est moi gagne (ou perd) sur le court, mais sans eux, entraîneur, coaches mental et physique, manager, je n'en serais pas là", confesse-t-il. "J'ai perdu du temps, de l'argent, et plus encore... je pensais revenir d'Amérique avec quelques points, je suis rentré bredouille, je joue à présent ma participation à l'Australian Open avec beaucoup de points à défendre, car il faut être dans les sept premiers (l'ex-numéro un, le Japonais Shingo Kunieda, est huitième, à un peu moins de 250 points de notre compatriote, ndlr), les matches qui viennent vont aussi rythmer le calendrier de l'an prochain. C'est la première fois de ma carrière que je vivais une "vraie" blessure physique, et j'ai effectivement cru que ce serait plus facile, en fait aux USA j'étais mal préparé. Entretemps, beaucoup de choses ont changé, je me sens très bien, prêt à en découdre, à remercier ceux qui me soutiennent de la meilleure manière. L'épaule n'est pas encore revenue à 100 % de sa puissance, il reste de petites séquelles, mais je suis à 200 % niveau mobilité, et dans la tête je pars pour gagner les deux tournois, comme l'an dernier."

Van Dorpe à pas de géant

On le sait, Marc Grandjean garde également un oeil sur la grande promesse flamande du tennis en fauteuil, Jef Van Dorpe, dont la progression se poursuit. "Et même à pas de géant", souligne le coach, "en décembre il était 94e mondial, il est aujourd'hui 26e, à seulement 16 ans c'est une performance. En même temps, lors de la récente finale des championnats de Belgique, il a pu mesurer le chemin à parcourir, face à Joachim qui l'a emporté 6-0, 6-2. Je dirais que, sur cette lancée, Jef peut viser jusqu'à la 15e place. Mais pour aller plus haut, vitesse, puissance, prise de balle tôt, position plus proche de la ligne de fond, il y a encore un autre palier à franchir."
 

Retour à la liste