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Elise Mertens s'impose à Doha : "Encore mieux que la demi-finale de Melbourne !"

Après un début d'année en demi-teinte et un France-Belgique quelque peu défrisant, Elise Mertens a su rester positive et a en quelque sorte profité de sa semaine liégeoise à retardement. A Doha, après avoir retrouvé son coach australien David Taylor et malgré un début de tournoi encore hésitant, elle a enchaîné les performances, éliminant Kiki Bertens et Angelique Kerber en quart et demi-finale. Samedi, en finale, face à la troisième mondiale Simona Halep, en pleine forme ces derniers temps et entraînée par l'ancien coach de David Goffin, notre compatriote Thierry Van Cleemput, elle a disputé un match remarquable et fait à nouveau preuve de la résilience qu'on lui connaissait, après avoir été dominée 3-6 dans la première manche et même avoir encaissé quatre jeux blancs d'affilée, un 18 points à 0 qui en aurait assommée plus d'une. Au contraire, dans une partie où les deux joueuses, sortant d'un week-end de Fed Cup, eurent besoin d'une pause médicale, c'est elle qui a ensuite pris petit à petit les commandes et s'est imposée 6-4, 6-3 au terme d'une finale de très grande intensité. Il s'agit de son cinquième titre sur le circuit WTA et sans aucun doute à la fois du plus beau et du plus important. Elle remontera dès lors lundi matin de la 21e à la 16e place mondiale. 

Mertens : "Le dos un peu bloqué"

La Limbourgeoise a donc connu un début difficile, et même un "trou" comme on en voit peu à un tel niveau de compétition, puisque revenue à 3-3 après avoir été breakée d'emblée, elle n'a plus fait un point en quatre jeux, se retrouvant menée 3-6, 0-1, 0-30, puis 0-2. La Roumaine était vraiment impressionnante, et Elise régulièrement débordée, mais alors que l'on craignait de voir la finale tourner court notre compatriote, sans rien lâcher, parvint à enrayer l'hémorragie, et même à renverser progressivement la tendance. Elle avait pu en discuter sur le court avec son coach David Taylor, et avait eu aussi recours à un "time out" médical. "Mon dos était un peu bloqué", dit-elle. "Après avoir joué autant de matches, ça peut arriver. J'avais vraiment besoin que le kiné vienne sur le court. Il m'a mis une bande sur le dos, ce qui m'a aidé à mieux pivoter. Après, je ne voulais plus trop y penser, je me suis remise dans le match en me concentrant sur les points. Mon coach avait insisté pour que je reste dans le match, positive, que je méritais d'être là, en finale, et que je jouais bien cette semaine. Il m'a surtout dit d'être agressive, de ne pas reculer derrière ma ligne, de ne pas la laisser jouer, c'était ça le principal conseil, continuer à accélérer, la faire courir, finir certains points à la volée, j'ai tout simplement continué à croire que je pouvais le faire. "

Halep : "Fatiguée dans le troisième set"

A la fin du deuxième set, c'est Simona Halep qui a demandé le kiné à son tour, pour se faire soigner le pied, elle avait le bon goût de ne pas y chercher l'excuse : "J'avais une ampoule qui saignait, ce n'est pas vraiment une blessure, juste une cloque." Comment expliquait-elle le changement de cap lors de ce match, alors qu'elle n'avait laissé que trois jeux à Mertens lors de leurs deux derniers matches, à Madrid comme à Roland Garros, et qu'elle semblait partie sur le même canevas dans cette finale ? "J'ai manqué d'énergie, j'étais vraiment fatiguée dans le troisième set. Il aurait fallu que je sois à 100 % pour pouvoir gagner un tel match. Mais elle a mérité sa victoire, elle a été plus forte, elle était plus fraîche. Je n'en fais pas un drame. Après la Fed Cup (elle a qualifié la Roumanie face à la République tchèque, ndlr), ce n'est jamais facile de disputer un tournoi. J'ai senti la fatigue monter au long de la semaine. Auparavant, on s'était rencontrées sur terre battue, c'est un peu différent. Aujourd'hui, mes coups n'étaient finalement pas assez puissants pour la mettre en difficulté, j'ai tout essayé, je n'ai rien lâché."

Taylor : "Une place pour elle dans le top mondial"

Elise Mertens vivait forcément un grand moment. Le meilleur de sa carrière. Elle situait en effet cette victoire encore un peu plus haut que sa demi-finale de l'Open d'Australie 2018. "C'était déjà un grand accomplissement, mais je crois avoir franchi une étape en remportant ce trophée-ci, en particulier parce que j'ai battu des joueuses du Top 10 trois fois d'affilée alors que je n'en avais vaincu que quatre dans toute ma carrière. Donc j'ai le sentiment que ce titre, avec un tel niveau de tennis, est le plus beau. Je suis très contente de la façon dont j'ai évolué durant la semaine, du processus. Je jouais moins bien au début puis, au fur et à mesure ça s'est amélioré. Le fait d'avoir battu Kiki Bertens et Angelique Kerber m'a donné beaucoup de confiance. Même quand c'était très compliqué, surtout au premier set où ça ne s'est pas bien passé, alors qu'elle avait réponse à tout. C'est pour ça qu'on joue au tennis, pour battre des joueuses du Top 10, pour gagner des titres comme ça."  Son coach David Taylor parle d'un "grand pas en avant" : "Quand elle a été menée 3-6, 0-2, je suis sûr qu'elle pensait aux matches précédents contre Halep, et se disait qu'elle ne pouvait pas battre cette fille, elle a donc beaucoup appris sur elle-même aujourd'hui. La clé a été ce jeu pour revenir à 1-2, c'est là que tout a changé, qu'elle a commencé à y croire. Jusqu'ici, je considère que ses résultats cette année étaient corrects, pas mauvais.  Elle a fait l'effort de changer sa programmation pour qu'elle ressemble davantage à celle d'une top joueuse, elle essaie de gagner les points dans les grands tournois, ce qu'elle a réussi à faire ici, c'est pourquoi je parle d'un grand pas en avant. C'est une des plus grosses bosseuses que j'ai jamais coachée. Quand tu travailles aussi dur et que tu as du talent, tout est possible. Il y a une place pour elle dans le top mondial féminin.
 

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