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Des arbitres AFT à Monte Carlo, Roland Garros et Wimbledon

Faire la ligne Porte d'Auteuil, sur l'herbe londonienne ou en Coupe Davis, arbitrer des tournois ATP ou WTA, ils sont quelques Francophones à y prétendre avec le grade international qui l'autorise. Si vous rêvez de les imiter, voire de mieux faire, on vous attend, il ne tient qu'à vous.
 

Comme d'autres disciplines, le tennis manque d'arbitres, il s'agit pourtant d'un rouage essentiel dans tout domaine sportif qui se respecte, et d'une occupation dans laquelle on peut largement s'épanouir tout en n'ayant pas le coup de raquette le plus brillant des environs. En début d'année, l'AFT a inauguré l'Académie des officiels dont la première tâche a été de mettre sur pied des rendez-vous de formation pour les arbitres, comme ceux organisés à Garisart, au Lambermont ou à la Réserve du Roseau. Et qui sait, par la suite, si l'on est suffisamment persévérant, compétent, convaincant, on peut se retrouver en Coupe Davis, à Monte Carlo, à Roland Garros ou à Wimbledon comme nos meilleurs représentants, le plus souvent comme juges de ligne parce qu'il n'y a pas dans le contingent belge actuel d'arbitres étiquettés badges d'or (voire même d'argent depuis les arrêts de carrière de Frédéric Gautier et Jean-Philippe Dercq), les hauts grades indispensables pour s'asseoir sur la chaise des plus grands matches dans les plus grands tournois. 

Deux arbitres 'badge de bronze' 

Plusieurs représentants de l'AFT n'en figurent pas moins parmi les arbitres admis par l'ITF, la WTA et l'ATP à officier au niveau international. Le Brabançon Cédric Hamiet, bientôt la quarantaine, fut un de ceux-là jusqu'en 2009, moment où il a changé de cap pour raisons professionnelles et familiales, s'orientant vers la catégorie chef-arbitre, il figure, à Roland Garros comme à Wimbledon, parmi les conseillers techniques chargés de coacher et d'évaluer les juges de ligne. Il s'implique également dans les formations fédérales évoquées plus haut. "L'arbitrage au niveau international se décline en quatre échelons, badges blanc, bronze, argent et or", dit-il. "J'étais "bronze", et pour l'heure il n'y en a que deux dans le pays qui possède ce grade. Le Bruxellois Xavier Jacquemin, actuellement en "stand by" parce qu'il vient d'être papa pour la première fois, il était le seul arbitre belge sélectionné pour les Jeux de Rio, c'était en tant que juge de ligne. Et depuis ce jeudi 4 mai,  la Jodoignoise Floriane Dierckx qui a réussi brillamment l'examen badge de bronze."

"Magique quand on est passionné"

"Quand on atteint ce niveau, on peut être arbitre de chaise ATP/WTA/Grands Chelems, en tout cas dans des Challengers comme celui de Mons, ou au moins lors des qualifs et des deux premiers tours quand il s'agit de grands tournois. En dessous, à l'AFT, on a plusieurs badges blancs, le premier niveau international, ils arbitrent en 15/25.000 dollars ITF, mais peuvent aussi faire la ligne dans pas mal de tournois, je peux citer Guillaume Woefle, Vincent Bremhost, Aude Colson, Frédéric Kesteloot, Maximilien De Le Hoye, Antoine Soetewey. En février, lorsque la WTA m'a désigné comme chef des arbitres au tournoi de Taipeh, quatre de ces six là ont pu m'accompagner, ça fait plaisir. Floriane, Guillaume, Vincent et Maximilien seront aussi à Roland Garros et Wimbledon, les deux premiers ainsi que la prometteuse Laura Baccaro ont été en plus désignés pour Monte Carlo, et il va de soi qu'en Coupe Davis contre l'Italie je les aurai tous comme juges de ligne, il y en a traditionnellement dix de l'AFT, dix de Tennis Vlaanderen. Personnellement, j'ai participé aux jeux Olympique d'Athènes et j'ai fait la ligne lors de la finale masculine. Ce sont quand même de belles expériences, je peux carrément dire que c'est magique quand on est passionné, et il faut l'être."

Pas pour l'argent

Oui, il faut l'être. Parce que, soyons clair, on n'embrasse pas la carrière pour l'argent. Seule une poignée d'arbitres du top mondial peuvent vraiment en gagner, et encore à des années lumières des prize money de ceux qui évoluent sous leurs yeux. On cite les chiffres de 900 dollars pour une semaine dans un tournoi ATP, où tous les frais ne sont pas nécessairement pris en compte. "La grande majorité, à un moment ou un autre, doit se trouver un vrai boulot à côté et prendre sur ses temps libres, ses vacances, il faut aussi que cela reste compatible quand on a une vie de famille", continue Cédric Hamiet qui est cameraman à la RTBF où son épouse est réalisatrice. "Un badge blanc doit arbitrer 25 matches professionnels par an, un badge de bronze 40, c'est certainement possible d'y arriver chez nous avec les 15/25.000 ITF de l'été, et il est très important de se forger une réputation en accumulant les tournois, mais c'est évidemment plus facile dans un pays comme la France où il y a beaucoup plus de tournois et où la fédération, grâce à Roland Garros, dispose de moyens financiers sans commune mesure avec la nôtre."

Sans peur, et avec le bon oeil

A l'intention de ceux dont les yeux brillent en entendant les récits de terre battue légendaire et de gazon mythique, quelles qualités faut-il pour se lancer, on l'espère nombreux, dans une carrière arbitrale ? "Il faut d'abord être motivé, passionné par le tennis, quelque part, surtout au début, on a un statut de bénévole et on est indemnisé comme tel mais c'est gratifiant", continue Hamiet, "à côté de ça il faut avoir le bon oeil, bien voir la balle, ne pas avoir peur parce que quand on est sur la chaise ce n'est pas comme dans son fauteuil devant la télé, et il faut aussi savoir bien communiquer." D'autant que le hawkeye, qui a contribué à calmer les esprits sur les courts, ne bénéficie qu'aux privilégiés. "Il allège la pression... et l'accroît en même temps, on est de suite jugé, je le prends positivement, cela a permis d'améliorer l'arbitrage en montrant aux joueurs quand on se trompe... mais surtout quand on ne se trompe pas. Et il reste quand même la terre battue, où l'arbitre garde tout son poids, quand on inspecte une trace on est dans le contact humain, pas dans une science exacte, je trouve que s'il n'y avait plus ça Roland Garros ne serait plus tout-à-fait Roland Garros."

Juge-arbitre en or

Pour être complet, rappelons qu'avec l'ami Michel Willems l'AFT possède quand même un badge d'or, mais comme juge arbitre, il a encore notamment officié à Rosmalen et Anvers l'an dernier, on a aussi deux badges d'argent et un blanc dans la même catégorie avec respectivement Jean-Luc Reynaertz, Luc Delory et Nicolas Hautem. 
 

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