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Coupe Davis, Belgique-Australie 1-1 : ils ont tout donné !

Quand on a demandé au capitaine australien Lleyton Hewitt comment il avait trouvé la journée, il a répondu : "très longue !" Les deux demi-finalistes se retrouvent en effet dos à dos au terme de la première journée après deux matches d'un peu plus de 3 h 30. David Goffin a fait le job avec un engagement qui fait à juste titre sa fierté. Steve Darcis a poussé Nick Kyrgios aux cinq sets, ce que personne ne pensait possible.

Quelle ambiance pour un amateur de tennis ! Le Palais 12 bruxellois était garni à rabord, quasi 8.000 personnes dont 150 ou 200 Australiens qui ont huit heures durant créé une atmosphère chaude et vibrante sans basculer dans l'excès. Un public qui, en plus, en a eu pour son argent. Ce ne fut pas nécessairement du très grand tennis, mais bien de véritables rencontres de Coupe Davis, dures, serrées, avec une intensité de tous les instants. On espérait bien que David Goffin prendrait la mesure de John Millram malgré ses soucis physiques, mais que Steve Darcis puisse pousser Nick Kyrgios aux cinq manches après avoit mené deux sets à un on ne l'aurait franchement pas cru. "Il m'a quand même manqué un peu de matches et de victoires", glissait-il. Ce fut néanmoins le jour et la nuit avec le premier tour tout plat qu'il avait livré à l'US Open. Décidément, la Coupe Davis a le don de le régénérer. 

34 aces pour Kyrgios !

Dominé au premier set (6-3) par un Australien qui a passé la bagatelle de 34 aces sur l'ensemble du match (l'équivalent théorique de 8 jeux et demi !), Steve, qui ne prenait quasi pas un point sur le service adverse, a "essayé de laisser passer l'orage, de rester le plus longtemps possible sur le terrain pour l'embêter" et y est petit à petit parvenu, jusqu'à rendre un peu fou le grand Australien, finalement mené deux sets à un (6-3, 7-6) sans avoir l'air d'y comprendre quoi que ce soit. "Je n'ai pas joué un mauvais match. Au quatrième, j'ai ressenti un petit coup de fatigue, j'ai un peu lâché (6-1)", continue le Liégeois, "mais au cinquième, malgré le 6-2 final, je trouve que je me suis bien repris, il a la chance de voir son coup frapper la bande du filet et retomber juste de l'autre côté sur ma balle de break au premier jeu, je suis aussi breaké deux fois en menant 40-15, il faut dire que Kyrgios jouait de mieux en mieux.

"David est plus fort que moi, donc..."

Ce Kyrgios-là est-il à la portée de Goffin dimanche ? Steve Darcis : "David est plus fort que moi, et je l'ai poussé aux cinq sets, donc... reste à voir quel sera son état en terme de récupération et si son type de jeu convient plus ou moins à l'Australien par rapport au mien. Ce sera un autre jour, donc peut-être un autre Kyrgios, mais c'est sûr qu'il n'était pas injouable. On peut gagner les deux derniers simples, on l'a déjà fait"

Van Herck : "On a laissé notre coeur sur le terrain"

Le capitaine Johan Van Herck se sentait fatigué après une rude journée. "Une vraie journée de Coupe Davis, avec des matches serrés, des bagarres. Pour David, gagner un match comme ça est une grande victoire. Dommage pour Steve, les deux joueurs ont eu des occasions, mais même lorsqu'il a mené deux sets à un on a bien senti que le match n'était pas fini. On espérait que Kyrgios fissurerait un peu, mais il a dit que la Coupe Davis était son objectif de la saison et il n'a pas lâché une minute (l'Australien a même déclaré qu'il s'agissait d'une des victoires les plus importantes de sa carrière, ndlr). On a tout donné, on a laissé notre coeur sur le terrain, on a remporté un match, on en a perdu un. Il reste trois rencontres, et on m'a fait remarquer qu'on a les deux joueurs les mieux classés pour les matches de dimanche (Goffin-Kyrgios, Darcis-Millram, ndlr), on peut les gagner, eux aussi, c'est ça la Coupe Davis."

Comment faire en double ?

Bien sûr, à 1-1 le premier soir, le double du lendemain peut être crucial, et c'est une part de l'édifice belge qui s'est écroulé avec la défection de Joris De Loore. Face à une paire australienne comptant dans ses rangs John Peers le deuxième mondial dans la discipline qui a gagné l'Australian Open 2017 et le Masters 2016 avec le Finlandais Kontinen, c'est un peu la quadrature du cercle pour le capitaine Johan Van Herck. Doit-il oser une paire complètement inédite avec Ruben Bemelmans et Arthur De Greef au risque éventuellement de ne pas faire le poids, ou doit-il faire jouer Goffin ou Darcis avec Bemelmans au risque de les brûler pour les matches cruciaux du lendemain ? Sacrée décision à prendre. "Je peux vous dire que je ne l'ai pas encore prise", a précisé le capitaine.

David Goffin : "Avec les tripes !"

On attendait de notre numéro un le premier point du match face à John Millman, et il pouvait d'autant plus afficher "mission accomplie" que sa victoire en quatre sets n'a pas été acquise dans la facilité. On peut même dire dans la douleur. D'emblée, il jouait cartes sur table : "Si je veux être sincère, en arrivant au début de semaine, je ne croyais jamais être sur le court aujourd'hui, je ne pensais pas pouvoir jouer. Des douleurs je savais qu'il y en aurait, mais avec l'aide du staff, qui s'est quasiment occupé de moi jour et nuit, j'ai pu décider de me lancer. Physiquement c'était dur, cela m'a fait mal aux jambes, j'aurais pu mieux profiter du court (très lent, ndlr) si j'avais pu avoir une meilleure préparation, ce n'était sûrement pas un de mes meilleurs matches, mais j'y suis allé avec mon coeur et mes tripes, le sentiment qui prévaut c'est la joie, je suis super content." On l'a rarement vu tomber à genou après une victoire comme après celle-là.

"Il faut faire avec ses armes et sensations du jour"

Une fois encore, on a bien vu que le classement d'un joueur pouvait n'avoir qu'une importance anecdotique en Coupe Davis. 185e mondial, Millman, solide métronome, a tenu l'échange et remporté une majorité de longs rallyes, ce qui est généralement l'apanage de David qui a commis la bagatelle de 81 fautes directes, surtout avec un coup droit encore en léger déséquilibre. "Je ne suis pas surpris de la manière dont il a joué, je le savais physiquement très fort, et je m'attendais à un match dur, j'ai bien servi (16 aces !), il faut faire avec ses armes et sensations du jour, j'espérais pas mal de points gratuits, un atout que lui n'avait pas, il avait décidé de jouer l'échange et d'attendre un peu, tous les rallyes étaient longs, il n'était pas toujours évident pour moi de tenir, j'étais prêt à aller aux cinq sets mais je suis heureux d'en avoir fini en quatre", commentait encore le 12e mondial qui aurait dû gagner le premier set après avoir fait le break à 5-4 mais qui galvauda l'occasion et lâcha au tie-break 4-7. Par la suite, il s'est accroché en deuxième manche pour sauver quatre balles de break dans le même jeu, et prendre lui-même l'engagement de l'Australien par la suite, 6-4, 6-3 ("mon meilleur set"), 7-5 ("j'aurais dû conclure plus tôt") et la messe était dite... mais en 3 h 30 de dur labeur. Ce qu'espérait infliger à tout le moins Hewitt à Goffin. Sauf que Darcis allait faire de même avec Kyrgios (3 h 35), ce qui n'était sûrement pas dans les plans du capitaine visiteur.
 

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