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2020 à nos portes : Ysaline décolle, Germain pouponne

Traditionnellement, c'est à l'autre bout du monde que la page d'une nouvelle année tennistique se tourne, le circuit pro cherchant le soleil là où il se trouve. La "numéro une" francophone Ysaline Bonaventure, qui avait dû arrêter prématurément 2019 en raison d'une douleur à l'épaule (déchirure pectorale gauche), a ainsi décollé pour la Nouvelle Zélande où elle disputera le tournoi d'Auckland du 6 au 12 janvier, avant de participer la semaine suivante aux qualifications de l'Open d'Australie, premier grand rendez-vous de l'année.

Heureux événement

On n'apprendra rien à personne en écrivant que le premier objectif d'Ysaline est d'atteindre le Top 100 WTA. Honnêtement dit, on pensait que ce serait pour 2019, surtout quand, partie de la 150e place mondiale en début d'année, elle s'est retrouvée au troisième tour à Indian Wells en sortant des qualifications, puis en quart à Rabat, atteignant son meilleur classement (WTA 109) au mois de juillet, mais elle n'a pu ensuite transformer l'essai. A 25 ans, elle entame donc 2020 en tant que 117e mondiale, à une centaine de points de la "terre promise", alors que Greet Minnen, qui a encore disputé deux tournois en décembre avec des demi-finales à Dubai puis à Limoges, l'a dépassée au classement mondial (WTA 110) et entre donc elle aussi en ligne de compte pour une sélection en Fed Cup. Dans l'intervalle, après une déchirure musculaire qui a nécessité cinq semaines de repos et une reprise prudente, la Stavelotaine s'est surtout assurée d'un encadrement tennis qui lui faisait défaut avec l'engagement, comme coach, de Germain Gigounon qui venait de conclure ses premiers pas dans la fonction aux côtés de Yanina Wickmayer. Dotée d'un caractère trempé, souvent livrée à elle-même sur le circuit par le passé et concentrée sur les progrès à réaliser au niveau physique sous l'impulsion de son préparateur Patrick Meur, Ysaline table sur ce nouvel investissement pour  se stabiliser et avancer aussi sur le plan tennistique. On savait que les débuts de la collaboration pourraient être un peu chaotiques... en raison d'un heureux événement attendu au foyer de Germain. Ce dernier ne voulait pas manquer la naissance de son premier enfant, prévue initialement aux alentours du 7 janvier, mais un arrangement a fort opportunément pu être trouvé avec Yannis Demeroutis qui a pu accompagner la joueuse lors du stage Hope and Spirit d'Abu Dhabi, enchaînant à présent avec Auckland et Melbourne. "La nature a voulu que notre petite Julia arrive par surprise le soir du réveillon de Noël, ce que personne n'aurait pu prévoir", dit Gigounon, "il est vrai que j'aurais voulu travailler plus longtemps avec Ysaline dès le départ et que ce fut un peu compliqué pour moi, mais j'ai quand même eu le temps de prendre mes marques, le courant passe bien, je l'ai aussi suivie avec son équipe de Metz lors d'interclubs en France (à Nice, contre Alizé Cornet, ndlr), et surtout j'ai la chance de connaître Yannis quasiment depuis toujours, on reste en contact, on se dit tout, il l'a déjà gentiment aidée quand il coachait Steve, compte tenu des circonstances il ne pouvait y avoir meilleure personne pour prendre le relais jusqu'au retour d'Australie."

Un service en vaut un autre

Les deux hommes ont donc concocté une stratégie pour le temps dont ils disposaient et qui passe vite. "On a encore travaillé la condition physique et la vitesse, mais à Abu Dhabi c'était effectivement plus orienté tennis que les années précédentes", explique Ysaline qui a également profité des quelques derniers jours en Belgique pour déménager, "on a notamment bossé quelques aspects techniques susceptibles d'améliorer les points plus sensibles dans mon jeu, la régularité, la constance, la discipline, le retour de service, les trop nombreuses doubles fautes." "On a surtout essayé de renforcer ses points forts, et ses moyens de défense", indique Demeroutis, "on a insisté sur sa deuxième balle de service, avec quelques petites modifications qui, je l'espère, l'aideront." "C'est une joueuse d'instinct, qui frappe fort, une gauchère capable de mettre l'autre à la rue en deux frappes, un bras qui déclenche très vite, un jeu à risques qui va parfois à 1000 à l'heure", glisse Gigounon, "il ne faut pas perdre ça, mais tendre vers un meilleur dosage, insister sur la concentration, l'intensité, traquer l'inconstance autant que possible, c'est une personne intelligente mais impulsive qui est déjà passée d'un extrême à l'autre dans un même match et peut se montrer très dure avec elle-même, tout est lié, le tennis, le mental, le physique, on n'est pas magiciens, on ne change pas les gens d'un coup de baguette et il faudra peut-être un temps d'adaptation, mais j'espère que notre structure pourra lui apporter plus d'équilibre à ce niveau, c'est vers cela que l'on tend tous." Ysaline, qui a 50 points à défendre d'ici fin janvier - elle ne s'était pas qualifiée à Auckland mais bien à l'Australian Open où elle avait perdu au premier tour contre l'Américaine Vickery -, pourra en tout cas compter sur un Yannis Demeroutis totalement dévoué à sa cause de l'autre côté du monde. A l'inverse de ce que l'on a connu par le passé, le Hennuyer n'est plus désormais l'entraîneur de Steve Darcis, même s'il jettera sûrement un oeil amical sur le futur retraité liégeois lors des qualifs de Melbourne, il a même choisi une toute autre filière pour 2020, prenant en charge son fils Nicolas et un groupe de jeunes - Martin Van der Meerschen, Diego Digraci, Arno Van Droogenbroeck, Emilie Leroy - au sein d'une petite cellule de compétition mise sur pied dans son club de Thuin. "Un service en valant un autre, c'est à Germain de s'en occuper pendant que je serai à l'autre bout du monde", sourit-il.
 

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