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Ysaline Bonaventure atteint son meilleur classement, proche de la "terre promise"

Après un mémorable dimanche de Fed Cup, malgré la fatigue et la désillusion, Ysaline Bonaventure a poursuivi sur sa lancée au tournoi de Rabat, où elle est sortie des qualifications et a atteint le troisième tour, éliminée ce jeudi par... Alison Van Uytvanck, comme un petit coin de Belgique au Maroc. Ysaline a quitté Rabat déçue - parce qu'elle aurait peut-être pu aussi gagner ce dernier match qu'elle a "lâché" sur la fin - mais en occupant la plus haute marche qu'elle ait jamais squattée au ranking WTA. Elle sera 115e mondiale lundi. A portée de ce Top 100 qui est son objectif depuis qu'elle joue au tennis mais qui ne doit pas être une fin en soi : si elle persiste dans cette voie, même si rien n'est simple, elle montre qu'elle a les moyens - et doit avoir l'ambition - de s'y installer.

On a dit ici tout le bien que méritait la prestation impressionnante, d'autant qu'inattendue, d'Ysaline Bonaventure lors du dimanche de Fed Cup face à Garbine Muguruza, 19e mondiale, puis de sa méritante participation au double avec Kirsten Flipkens, il y manqua malheureusement la cerise sur le gâteau, ce qui la fit pleurer dans l'émotion du moment. Elle quitta le Lange Munte de Courtrai à la fois glorieuse et laminée, physiquement, mentalement, qui plus est affublée d'une contracture à la cuisse heureusement sans conséquence. Ce sont des week-ends qui laissent des traces. Kirsten Flipkens, qui n'était pas loin d'avoir livré le meilleur match de sa carrière le samedi contre la même Muguruza, a depuis abandonné au premier tour à Istanbul et été éliminée d'emblée à Rabat (contre Elise Mertens). Ysaline, elle, est partie le jeudi suivant pour le Maroc où elle a disputé les qualifications dès le samedi, qualifications dont elle est sortie victorieuse, avant de passer deux tours en éliminant les 67e et 72e mondiales, dont Magdalena Rybarikova, qui était 17e à la WTA il y a tout juste un an et fut demi-finaliste à Wimbledon 2017. La Stavelotaine s'est ensuite retrouvée face à Van Uytvanck, qui a à peu près le même âge qu'elle, pour un sixième match en six jours, avec huit heures de compétition dans les jambes contre deux et demi à la joueuse de Grimbergen. Elle a remporté le premier set de haute lutte (7-5), plongé dans le deuxième (1-6), le genre de "trou" qui lui arrive encore de temps en temps, et s'est accrochée dans le troisième jusqu'à 2-3 avant de lâcher prise (2-6), peut-être aussi un peu à bout de ressources physico-mentales. "Je n'ai toujours pas vraiment récupéré de la Fed Cup", insistait-elle encore la veille.

"Tout le monde commence à la craindre"

On dira que Bonaventure reste un produit relativement brut, avec une belle facilité de frappe et une vitesse de balle qui fait du dégât mais dont la marge de progression demeure importante à peu près dans tous les domaines, ce qui doit donner envie de "bosser" comme elle dit. Ses avancées physiques ont été significatives ces derniers mois, mais elle est loin d'avoir épuisé toutes ses potentialités. Quand on constate simplement que sur les trois matches du tableau final marocain elle a commis vingt-sept doubles fautes, soit neuf de moyenne par match (onze contre Alison qui n'en a fait qu'une, un ace à sept), et qu'elle a concédé quarante-huit balles de break, soit seize par match, on voit clairement qu'il y a de la marge pour une fille qui vient de gagner en trois mois une quarantaine de places au classement mondial et qui est occupée à franchir un cap, après s'être qualifiée pour la première fois en tableau final de Grand Chelem et avoir atteint le troisième tour à Indian Wells. "Avec sa hargne et son agressivité, tout le monde commence à la craindre", assure Patrick Meur, son préparateur physique, qui l'accompagnait au Maroc, "on disait qu'elle ne tenait pas les matches, maintenant elle en gagne de longs et acharnés au troisième set, et elle les enchaîne, c'est le résultat d'un gros travail d'endurance. La terre battue n'est pas sa surface idéale, avec ses filières plus longues, mais elle vient de remporter cinq matches en cinq jours. Contre Alison, elle sait qu'elle pouvait gagner aussi, mais jouer une Belge n'est jamais simple, la fille a déjà remporté des tournois comme celui-là et elle a un registre tennistique pour casser son rythme, slices, amorties, Ysa n'est pas parvenue à imposer son jeu, ce dont elle devra être capable à l'avenir. Avec le kiné Patrice Wauthier et le Dr Joris, on a dû la rebooster après la Fed Cup, elle était vraiment fatiguée, et franchement, jusque là, je suis fière d'elle. C'est une fille qui a un gros caractère, et qui est intelligente aussi, dans mon domaine je sais tout ce qu'elle peut encore améliorer, notamment dans les déplacements où l'on voit déjà la différence, mais c'est un processus long, progressif, je ne veut pas qu'elle entre dans le Top 100, je veux qu'elle y "habite" parce qu'elle y a sa place, le travail et le temps feront le reste."

Pas à Madrid

Ysaline espérait entrer en ligne de compte pour les qualifications du tournoi de Madrid, où son avion fait d'ailleurs escale, mais elle a appris ce jeudi soir que ce ne serait pas le cas. Elle rentre donc au pays, pour prendre un peu de repos mérité et s'entraîner. Elle disputera encore un 60.000 dollars + H en Espagne avant Roland Garros.
 

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