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Un Goffin magnifique n'a pu aller au bout de son rêve : "Là, je suis vraiment fatigué !"

On lui aurait dit fin août, et même à la veille du Masters, qu'il en disputerait la finale après avoir éliminé les deux plus grands champions de son sport, et qu'il serait légitimement déçu de la perdre, il ne l'aurait pas cru, cela aurait été à ses yeux du domaine du rêve. Et c'est pourtant ce qui s'est produit. David a finalement été battu par Grigor Dimitrov (7-5, 4-6, 6-3), qui n'a évidement pas volé son trophée, mais cela s'est joué à peu de choses, sur des détails. A une dose de fraîcheur aussi sur la fin. Qui s'en étonnera ?
 

Ceux qui pouvaient penser à une finale du Masters dévaluée par l'absence de habituels "extraterrestres" ont certainement révisé leur jugement dimanche soir. Non que la confrontation Dimitrov-Goffin ait atteint des sommets tennistiques comme certains grands souvenirs entrés dans la légende de notre sport, mais il y a eu du très haut niveau avec quelques coups sublimes, et surtout une folle intensité d'un bout à l'autre. Jusque dans les derniers instants, avec quatre balles de match sauvées héroïquement par David qui avait pourtant paru définitivement émoussé et alors que la voie semblait royale pour le Bulgare. Que se serait-il même passé si sur l'échange donnant la victoire à Dimitrov la volée apparemment facile de notre compatriote, qui pouvait le ramener à égalité sur service adverse, n'avait pas échoué dans le filet ?

27 matches depuis l'US Open

Ceci étant, c'est à 2-3 au troisième set que le match s'est vraiment joué, lorsque Goffin a perdu son service et donné l'impression d'accuser le coup, de lâcher un peu de lest face à l'immense fatigue accumulée et plus d'une fois transcendée. Faut-il rappeler que, depuis l'US Open et la mi-septembre, le Liégeois a disputé huit tournois (plus la demi-finale de Coupe Davis), pour cinq à Dimitrov, qu'il en a gagné deux et le Bulgare aucun... avant cette finale londonienne, qu'il a disputé en tout 27 matches pour 18 à son rival ? Il s'agit d'une performance titanesque qui aurait même pu se terminer sur un exploit du même acabit, parce que ce Masters s'est vraiment joué à pas grand-chose. Par exemple à une première manche à sa portée où il a mené 4-2 et où il n'a passé que 42 % de premières balles (60 % contre Federer), "ce premier set est la clé du match" a d'ailleurs souligné Dimitrov. Qui plus est, lors du premier jeu de la troisième manche, sur la lancée de sa fin de set précédente, David s'est octroyé quatre balles de break sans pouvoir en transformer une.

40e mondial à l'été 2016

Ceci n'enlève évidemment rien aux mérites de Dimitrov, le "mini Federer" hyper doué en qui beaucoup voyaient le premier vainqueur de Grand Chelem de sa génération, après quoi il a plus fait parler de lui en raison des filles qu'il a fréquentées (Serena Williams, Maria Sharapova, la chanteuse des Pussycat Dolls Nicole Scherzinger, son actuelle copine) que par les résultats que l'on attendait de lui. A l'été 2016, il s'est même retrouvé 40e mondial. "Je me demandais comment réussir à mettre trois balles dans le court", reconnaît-il aujourd'hui, "mais cette période m'a aidé, j'ai pris conscience de ce sur quoi je devais travailler." Le rôle du Vénézuélien Dani Vallverdu (ex-Murray et Berdych), "un des coaches les plus durs du circuit", qui travaille avec lui depuis un peu plus d'un an, n'est certainement pas mince dans cette métamorphose physico-mentale. Même si en demi-finale et en finale, on n'a plus tout-à-fait revu le Bulgare super planant qui a laminé Goffin (pas totalement remis de sa "perf" face à Nadal il est vrai) en match de poule, il n'a pas perdu un match de la semaine. 

"Ce n'est pas comme si tout me réussissait"

"Là, je suis vraiment fatigué", constatait de son côté David Goffin, avec une grimace significative, "et je l'ai effectivement senti au troisième set, Dimitrov a pris sa chance, c'était un très bon Grigor que personne n'a été capable de battre cette semaine, il mérite complètement de remporter le tournoi. Je suis déçu du résultat parce qu'avec le recul cela s'est joué à rien, mais je pense sortir de cette huitaine fantastique comme un meilleur joueur, je me suis prouvé que je pouvais le faire, que j'étais à ma place dans le Top 8 (il est 7e mondial ce lundi, ndlr), parce que parfois vous y arrivez sans savoir vraiment si vous en avez le niveau, je suis monté en confiance jusqu'à la finale où j'ai montré que je pouvais réagir après le match que nous avions joué en semaine Grigor et moi, que je possédais les ressources mentales et physiques pour faire vraiment une bonne partie contre lui. C'est mieux de sortir par la grande porte, pour sa conscience de n'avoir aucun regret, c'est le cas. Et ce n'est pas non plus comme si lors de ce Masters j'avais joué les yeux fermés et que tout me réussissait, cela s'inscrit dans la continuité, c'est le fruit d'un travail d'équipe qui fait que petit à petit j'arrive à me relâcher de plus en plus, à sortir le meilleur de moi, à repousser mes limites à chaque fois." En une semaine, il a encore changé de statut au niveau international, et séduit beaucoup de monde.

"C'est juste incroyable"

Repousser ses limites, David risque de devoir encore le faire durant une semaine, avant de goûter un repos mérité et certainement trop court. "Je sais, place à la Coupe Davis", sourit-il, "ici il y avait beaucoup de supporters bulgares, mais en France, 27.000 personnes, cela risque de faire un autre bruit. Je me doute que ce sera difficile. Dans quel état vais-je aborder le week-end prochain ? Mentalement, tout va bien, je suis gonflé à bloc, j'ai envie de montrer quelque chose (sourire), pour le reste place à la préparation et surtout la récupération, mais je sais aussi que cela va arriver très vite." Il rejoindra l'équipe belge mardi à Lille, où le capitaine français Yannick Noah a commenté, comme suit, la semaine du numéro un adverse : "Quand on regarde le parcours de David au Masters, c'est juste incroyable. Il faut le battre, un Nadal qui ne lâche rien ! Derrière, il gagne deux jeux (contre Dimitrov). Et après, il bat Federer. Pour sûr il va gérer ça et emmagasiner beaucoup de confiance. Il aura évidemment un temps d'adaptation différent du nôtre. Cela fin quinze jours qu'on est à fond là-dessus... ça fait deux mois qu'on essaie d'anticiper, de faire de petits calculs, de ne rien laisser au hasard...  mais après y'a ce putain de jeu de ouf ! Il y a deux semaines tu avais une équipe, il y a un mois c'était une autre, aujourd'hui t'as Goffin qu'a l'air complètement au bout du rouleau pour le dernier tournoi de l'année et qui fait ce Masters-là. Tu as Bennet' (Benneteau) qui arrête le tennis... et qui se retrouve en équipe de Coupe Davis. C'est fou.»
 

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