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Roland Garros : David Goffin a eu très mal... et très peur !

Les prometteurs Internationaux de France de David Goffin se sont achevés de la plus malheureuse des manières, couché sur le dos parmi les bâches du court Suzanne Lenglen, la cheville martyrisée. Il a eu très mal... et très peur, on a craint le pire avec lui, avant d'être relativement rassuré par une IRM qui n'a révélé ni arrachement osseux, ni déchirure des ligaments.

Rien ne laissait présager une fin prématurée aussi abrupte, David maîtrisait son troisième tour contre l'Argentin Horacio Zeballos, au point de manquer un peu de concentration à certains moments ce qui permettait à son adversaire de rester dans le match. Il avait fait le break dans le premier set à 4-2, et menait 5-4, balle de break contre lui, lorsqu'il s'arracha pour renvoyer un coup de Zeballos que tout le monde voyait gagnant. Alors qu'on suivait la balle et que l'Argentin, surpris, l'expédiait hors court, l'inquiétude succédait à l'admiration. David restait allongé dans les bâches de fond de court, ce qui est tout sauf son genre. Comme il ne se relevait pas et qu'au contraire le service médical s'empressait autour de lui, on a malheureusement vite compris que son tournoi était terminé. Une fois redressé, c'est en s'appuyant sur deux soigneurs, quasiment sans poser le pied droit par terre, qu'il regagna le vestiaire pour un bref examen préliminaire dont le verdict ne faisait en réalité aucun doute. Abandon. Et navette directe vers la clinique pour une IRM la peur au ventre, tandis qu'à l'image de la cheville du Liégeois la polémique enflait sur les réseaux sociaux à propos des fameuses bâches...

"Les bâches il faut bien les stocker, sur le Lenglen elles sont à 9 mètres de la ligne de fond"

"Le joueur doit aussi composer avec les limites du terrain, et David le sait, c'est la faute à pas de chance", disait Guy Forget, directeur du tournoi. "Les bâches, il faut bien les stocker quelque part, que ce soit au fond du court, ou sur les côtés comme à Wimbledon. Tout le monde est content quand on peut les dérouler très vite s'il pleut. Je crois que, sur le Suzanne Lenglen, elles sont à neuf mètres de la ligne de fond, c'est vous dire la distance que David a couverte et la course en diagonale qu'il a réalisée. Un stade de tennis a ses limites, à New York, à Londres, à Melbourne, partout, ce n'est pas un terrain de foot. Aujourd'hui, la qualité de déplacement de certains joueurs est telle qu'ils ramènent des balles impossibles. Certes, les bâches sont encore positionnées un peu plus loin sur le Central Philippe Chatrier, mais aussi beaucoup plus près sur plein d'autres courts moins importants. Contrairement à ce que l'on peut croire sur les images TV, David ne passe pas sous mais sur la bâche, une bâche d'une épaisseur de quelques centimètres qui, repliée, se présente un peu comme un mille-feuilles sur lequel il a été buter, son pied s'est bloqué, il est passé par dessus. J'ai été les voir immédiatement dans le vestiaire, Thierry (Van Cleemput) et lui, je n'ai jamais caché que je les apprécie énormément. David avait très mal, il craignait que sa blessure soit sérieuse, Thierry essayait de le rassurer. On a tous été confrontés à ce genre d'accident dans une carrière, c'est un fait de jeu, les chevilles sont très sollicitées quand on joue au tennis, je me souviens particulièrement d'une entorse de Michael Stich qui faisait vraiment peur, ce sont des images douloureuses, presque violentes."

"Impossible de dire quand il pourra rejouer"

Tandis que David Goffin revenait de clinique et entamait un traitement sans attendre, c'est son coach Thierry Van Cleemput qui est venu en conférence de presse avec des nouvelles plus rassurantes que les première rumeurs le faisaient craindre. "Difficile de porter un diagnostic précis, vu le gros hématome constaté des deux côtés de la cheville, mais, dans un premier temps, l'IRM n'a pas révélé d'arrachement osseux ou de déchirure des ligaments qui auraient débouché sur une indisponibilité de longue durée. Quand on se tord la cheville cela peut être très impressionnant, et on a vécu quelque chose de très émotionnant. Personnellement, je n'ai découvert la scène qu'après coup, je suivais la balle comme tout le monde. Le corps médical a bien fait les choses, le contact a été immédiatement noué avec le Dr Joris en Belgique, et un drainage d'urgence a déjà été mis en place avant notre retour au pays. On pourra seulement en dire plus lundi, il faut toujours attendre 48 heures quand il y a un oedème. Ne me demandez pas s'il pourra jouer sur herbe... ou quand, pour l'heure c'est impossible à dire, je peux seulement avancer que pour Rosmalen cela devrait être trop juste." A propos des fameuses bâches, Thierry a préféré botter en touche : "Les organisateurs d'un tournoi comme Roland Garros savent qu'ils doivent assurer une sécurité maximale sur le court, ils tireront certainement les leçons de ce qui est arrivé."

Sur accident, David a vu ainsi s'envoler la perspective des beaux matches qu'il avait en tête pour les jours à venir, alors qu'il était bien entré dans un tournoi dont il a été quart de finaliste l'an dernier et où il était considéré comme un réel outsider. Il ne pourra défendre ses chances et ses points à la loyale, c'est frustrant. Mais en même temps, s'il pense aux quelques heures où il a craint d'être écarté des courts pour des semaines, voire des mois, il se dira sans doute aussi que, dans son malheur, il a limité la casse.

L'hommage de Nadal à Goffin : "J'ai toujours pensé que cette bâche était dangereuse"

L'accident de David Goffin n'est pas loin d'avoir provoqué un "bâche gate" à Roland Garros. C'est passé inaperçu, mais Gilles Muller s'est également tordu la cheville dans les mêmes conditions le premier dimanche - certes sur le Court 1 où il y a moins de recul - et a dû renoncer au double. De Thierry Van Cleemput qui dit qu'il faudra prendre des décisions à la lumière de ce qui s'est passé à Guy Forget qui estime que le joueur doit tenir compte des limites du terrain, tout le monde a (donné) son avis. Rafael Nadal n'y est pas allé par quatre chemins. Cette bâche, il ne l'a jamais appréciée et l'a clairement fait entendre tout en rendant hommage à David Goffin : "Je trouve terrible ce qui lui est arrivé. C'est vraiment la malchance. Oui, cette bâche, là derrière, j'ai toujours pensé qu'elle était dangereuse, qu’elle n’était pas bien à sa place. Le pauvre, c'est tombé sur lui, j'en suis désolé, parce qu'il jouait très bien, il avait toutes les chances d'arriver en huitièmes de finale, et parce que c'est une personne extraordinaire, j'espère au moins qu'il n'y a effectivement rien de grave." Egalement proche de notre compatriote, Lucas Pouille ne pense pas exactement pareil, remarquant que l'on ne peut "pousser les murs du court". "A un moment, j'ai fait une glissade, et mon pied est arrivé quasiment au niveau du mur, si on se prend le juge de ligne on va dire qu'il est à la mauvaise place, les dimensions du court sont là, pour moi c'est d'abord la faute à pas de chance. La fameuse bâche n'était pas avancée plus que d'habitude, elle a tout le temps été à cet endroit-là, et s'il n'y a pas de bâche, qu'il pleut, que le court est mauvais pendant plusieurs heures, on va dire : comment ça se fait, il n'y a pas de bâche..." 

 

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