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Epoustouflante Elise Mertens en demi-finale de l'Open d'Australie : "Ne stresse pas trop, Kim !"

Le match parfait. Comment qualifier autrement le quart de finale d'Elise Mertens à l'Open d'Australie face à la 4e mondiale Elina Svitolina ? La Limbourgeoise avait déjà épaté le monde jusqu'ici. Là, elle a réellement impressionné, dominant la partie d'un bout à l'autre pour finir sur un cavalier seul complètement inattendu et totalement justifié, 6-4, 6-0 ! "De très loin ce que je l'ai vue faire de mieux dans sa carrière", conclut Carl Maes, qui la connaît bien à l'Académie Kim Clijsters. Du coup, on finit par se dire qu'il n'y a pas de raison qu'elle s'arrête en si bon chemin. La dernière joueuse belge en demi-finale de Grand Chelem ? Kirsten Flipkens à Wimbledon en 2013. La dernière en finale ? Kim Clijsters à Melbourne en 2011, elle avait gagné. Prochain rendez-vous : la demi-finale contre Caroline Wozniacki, 2e à la WTA, ex-numéro 1 mondiale, jeudi à 4 h du matin belge.

 

"Elle a une chance"

Si, jusque là, Elise Mertens nous avait conviés à des matches à rebondissements, son quart de finale contre l'Ukrainienne Elina Svitolina, à l'exception d'un jeu de service manqué au premier set, fut au contraire d'une logique linéaire et d'une fluidité exemplaire. Svitolina n'est pas parvenue à glisser le moindre grain de sable dans la mécanique agressive, offensive et intelligente de notre compatriote, qui a même infligé à l'Ukrainienne une roue de bicyclette pour conclure. Certes, pour la troisième fois en trois matches, Mertens a eu en face d'elle une adversaire se plaignant d'un problème physique. Dans le cas de Svitolina, un pépin à la hanche droite depuis sa victoire au tournoi de Brisbane, pépin qui ne l'avait cependant pas empêchée d'arriver en quarts de finale (elle n'a jamais atteint les demis en Grand Chelem) sans qu'il en soit question. "Il y a eu des jours avec et des jours moindres comme aujourd'hui, j'ai un tennis très physique, j'avais du mal à m'appuyer, j'ai très mal servi et en retour ce n'était pas génial non plus", s'est défendue Svitolina. "Cela dit, elle a très bien joué, elle est en confiance, elle lâche ses coups et est très solide, je ne sais pas si elle peut gagner le tournoi, mais elle a une chance", 

"Sur un petit nuage"

Elise Mertens était forcément aux anges après ce qui est à la fois la meilleure performance et le meilleur match de sa carrière. "C'est incroyable ! J'avais joué contre Elina l'an dernier et ça avait vraiment été dur (défaite 6-2, 6-4 sur la terre battue d'Istanbul, ndlr). A l'époque, je n'avais pas su quoi faire pour la contrer. Cette fois, j'avais un plan, j'ai voulu être agressive d'un bout à l'autre et tout a fonctionné (15 points marqués sur 20 montées à la volée, ndlr), j'étais sur un petit nuage. Bien sûr que je ne m'attendais pas à me retrouver en demi-finales de cet Open d'Australie ! Vous me l'auriez dit il y a dix jours j'aurais ri. J'étais déjà heureuse d'avoir su défendre mon titre à Hobart. Une fois à Melbourne, comme j'affrontais une qualifiée au premier tour, j'espérais juste ne pas perdre d'entrée, je n'avais pas d'attente particulière pour la suite. Sur ma lancée, j'irai encore passer une heure sur le court à l'entraînement mercredi, quand on gagne on pense moins à la fatigue, je n'ai rien à perdre, aucun point à défendre, et j'ai encore de l'énergie, je suis prête à y aller, je me dis que tout est possible en tennis."

Top 20

L'aventure continue donc, tandis que le monde découvre "cette autre Belge" à laquelle, outre la conférence de presse traditionnelle, l'organisation a proposé une "interview découverte" via Facebook où il a été pêle-mêle question du petit pays pluvieux qui est le sien, de chocolat, de bière, de frites sauce tomate, mayonnaise et oignons, de sa soeur qui est pilote, de ses quatre chiens, du capuchon qu'elle devra désormais arborer pour passer inaperçue, le tout agrémenté d'un large sourire qui ne se prend pas au sérieux. On a parlé du tennis féminin belge et de Kim Clijsters, aussi, forcément. "Quand je pense que, petite, je regardais ces matches à la TV, ceux de Kim, de Justine - la première fois j'avais cinq ans si je me souviens bien -, et maintenant c'est moi qui me trouve là sur le court, on est dans le domaine du rêve, du plaisir aussi, j'essaie d'en profiter, mais en même temps je suis quelqu'un de stable, qui garde les pieds sur terre, qui cherche à progresser et ne fait pas une fixette sur le classement (elle est déjà virtuellement Top 20, ndlr)." Elle communique aussi régulièrement avec Kim. "J'ai reçu un message d'elle hier, et encore un avant le match, elle me dit de ne pas stresser, qu'à ce stade de la compétition l'essentiel c'est le mental, je remarque que... c'est surtout elle qui stresse devant sa télé, elle me l'a avoué."

Carl Maes 

On a peut-être trop tendance à le passer sous silence, parce qu'il est jeune et que c'est le petit ami de la joueuse, mais l'entraîneur d'Elise, Robbe Ceyssens, joue un rôle important dans la progression de notre compatriote. "C'est un grand coach", a déjà proclamé Kim Clijsters, dont l'académie à Bree sert également de port d'attache tennistique au couple. "Je m'y sens comme à la maison", dit Mertens. Carl Maes, qui officie dans les belles infrastructures de Bree, connaît donc bien la nouvelle demi-finaliste de l'Australian Open. "Ce n'est pas la première fois que je regarde Elise jouer au tennis... la bouche ouverte, mais là c'est quand même la cerise sur le gâteau", dit-il. "On savait qu'elle pouvait atteindre un haut niveau et les derniers jours elle avait su résister au stress, mais je pense qu'elle s'est à nouveau surpassée. Les circonstances étaient évidemment différentes, c'est peut-être la première fois qu'elle n'était pas légèrement favorite, Svitolina devait gagner alors que, même si ça sonne comme un cliché, pour Elise c'était du bonus. Elle a vraiment très bien joué, contre Martic cela avait été également le cas, notamment en début de match, mais ici elle a tenu ce niveau durant deux sets. Quand on la connaît bien, on sent que sur la fin la tension monte et qu'elle devient moins agressive. C'est compréhensible, c'est nouveau pour elle, elle doit apprendre à vivre ce genre de moments, mais c'est le meilleur tennis que j'aie vu d'elle. Ce n'est pas quelqu'un qui s'envoie facilement des fleurs, même quand elle le devrait, elle travaille toujours de manière minutieuse et intense, très professionnelle, elle a une bonne dose de talent mais c'est surtout une grosse bosseuse. Cela mérite grand respect. Et je ne crois pas que le succès la changera, elle restera toujours Elise Mertens de Hamont-Achel comme Kim Clijsters est demeurée la fille de Bree."

"Qui a envie de jouer contre elle ?"

En demi-finale, ce sera donc Caroline Wozniacki, 2e mondiale, 27 ans, elle fut numéro 1 durant 67 semaines entre 2010 et 2012, mais n'a jamais remporté un tournoi du Grand Chelem, elle n'a joué que deux finales, les deux fois à l'US Open (2009/2014). Malgré la démonstration de ce mardi, Elise Mertens n'est pas favorite face à la Danoise qui a, elle aussi, passé un 6-0 (au premier set) à l'Espagnole Carla Suarez Navarro, s'imposant finalement en trois sets (6-7, 6-2) après avoir servi dix aces, mais "qui a envie de jouer contre Elise Mertens en ce moment ?", demande Carl Maes. "Elle n'a perdu qu'un match en 2018, le premier en exhibition lors de la Hopman Cup, face à Angelique Kerber, 7-6, 7-6, après une super rencontre. L'Allemande a depuis gagné Sydney, Elise a remporté Hobart et a battu Svitolina qui, elle, s'était imposée à Brisbane, alors que Wozniacki a perdu la finale à Auckland contre Julia Goerges, le compte est vite fait : pour l'instant, Elise compte parmi les meilleures, elle vient d'aligner douze victoires, n'a toujours pas perdu un set à Melbourne, elle joue top 10, ce n'est pas une garantie pour la suite mais cela signifie que personne ne saute en l'air à l'idée de la rencontrer, pour tout le monde c 'est attention danger." Même son de cloche chez Justine Henin : "Ce qui me plaît c'est qu'elle attaque, ose, prend des risques, même contre une Top 5, j'entends qu'elle subit la pression en fin de match, mais je remarque qu'elle s'en tire chaque fois à son avantage, elle prend sa chance et joue avec caractère, c'est beau à voir. Si j'ai un conseil à donner, c'est de ne rien changer, de préparer son match de la même manière. Je ne pense pas que son tournoi soit terminé, Wozniacki est quelqu'un qui permet de jouer, ce sera un match ouvert, tactiquement elle a sa carte à jouer. Il y a toujours des surprises en début d'année, certaines filles se cherchent, d'autres n'ont pas encore tout-à-fait digéré la saison précédente, il faut oser rêver." On ajoutera qu'il vaut sans doute mieux se coltiner Caroline qu'une des pointures de l'autre partie du tableau, genre Halep ou Kerber, mais il faut savoir profiter des circonstances.

Monami... le talisman

Dominique Monami, la capitaine de Fed Cup, vit de tout près l'extraordinaire odyssée de sa joueuse numéro un. "Je suis en vacances en Australie, et Elise a vraiment insisté pour que je sois là pour son quart de finale comme une sorte de "mama Fed Cup" (sourire), on est donc venus, et cela lui a apparemment porté chance, ce ne fut même pas un match accroché, il n'y avait pas photo, elle a très bien joué dès le début. Entre Suarez Navarro et Wozniacki, je préférais la Danoise en demi-finale, elle n'a pas de coups qui tuent, son jeu convient mieux à celui d'Elise qui a demandé qu'on soit de nouveau là jeudi... si on arrive à décommander nos billets d'avion ce sera le cas."
 

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