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David Goffin qui a pris un set à Rafael Nadal : "Il y a pas mal de positif à retenir"

Il n'y aura pas de Belge en deuxième semaine de Roland Garros, du moins en simple, aussi bien chez les dames que chez les messieurs. Ni Elise Mertens, battue 7-6, 4-6, 9-11 au terme d'un match épique et très haut de gamme par Anastasija Sevastova après avoir obtenu cinq balles de match, ni David Goffin, dominé par Rafael Nadal à l'exception d'un superbe troisième set (1-6, 3-6, 6-4, 3-6), le seul perdu par le Majorquin jusqu'ici, n'ont pu égaler leur performance de l'an dernier (quatrième tour), mais il y a heureusement du positif à retenir dans les deux cas.

1-8 pour commencer

Il faut essayer d'être agressif d'entrée, d'attaquer, de prendre la balle tôt, de dicter le jeu autant que possible, d'oser, de ne pas reculer, avait dit le coach de David Goffin, Thomas Johansson, avant la rencontre face au maître de la terre parisienne Rafael Nadal. C'est exactement ce qui s'est passé... mais à l'avantage du Majorquin dans le premier set et le début du deuxième, avec à la clé un début de partie à sens unique et un score de 1-8 (1-6, 0-2) "lessivant" littéralement notre compatriote. Pas vraiment le match que l'on attendait, ou espérait, même si tout le monde savait qu'il n'y a pas de challenge plus lourd à relever pour un champion de tennis qu'un affrontement avec Rafa Porte d'Auteuil. Il faut le dire, on retrouvait vraiment là le Nadal version broyeur injouable qui avait "explosé" Djokovic en finale à Rome, 92% des points sur sa première balle, 100% sur sa deuxième... mais aussi le Goffin (à peine 36% des points sur son premier service) qui s'était incliné sans grande résistance ou révolte face à Del Potro dans la capitale italienne. Bien sûr, c'était surtout un Rafa impressionnant qui le prenait à la gorge, l'étouffait et l'empêchait d'avancer comme il l'aurait voulu. "Une puissance de jeu à laquelle David n'est pas souvent confronté", soulignait Justine Henin sur les antennes françaises.

"Je suis rentré dedans, ça a payé"

Alors qu'on pouvait se demander ce que le Liégeois pourrait garder de positif d'une telle rencontre, il entra progressivement dans la partie en cours de deuxième set, et plus encore dans le troisième où il réussit non seulement à forcer enfin une balle de break, en fait deux, mais surtout à prendre l'engagement de l'Espagnol pour empocher la manche de superbe manière, la première abandonnée par le tenant du titre cette semaine. Ce set-là David peut certainement l'emmener avec lui pour la suite de la saison, même s'il n'a pu tout-à-fait poursuivre sur la même cadence au quatrième où Nadal ne réussit cependant à le breaker qu'une fois, c'était suffisant. "Le début a été très compliqué", confirmait David, "c'était dur de prendre mes marques sur le court Philippe Chatrier dont je n'ai pas l'habitude alors que, lui, c'est son jardin. Il joue si loin, cinq mètres derrière, on a l'impression d'un mur, de servir à 120 ou de jouer avec des balles douces, parce qu'il est si rapide, ses frappes sont si lourdes, il couvre si bien le court, avec une telle intensité, c'est si dur de faire un point. Je n'ai commencé à trouver l'une ou l'autre solution qu'au deuxième set sur mes jeux de service, avec quelques amorties, quelques bons coups droit, j'ai été plus agressif au troisième, je suis rentré dedans et cela a payé, j'ai enfin réussi à lui faire mal, et à saisir ma seule opportunité, mais c'est très très dur de jouer tout un match comme ça, il est tellement solide et consistant, il vous fait courir et vous n'arrivez pas à le passer, il ne fait aucune faute, ne donne rien, il sait comment en remettre une couche quand il le faut comme au quatrième set, dois-je vous rappeler que seuls deux joueurs sont parvenus à le vaincre ici ? Ce sera encore très difficile de le priver du titre dans dix jours."

"Dommage de changer déjà de surface"

"Je suis déçu évidemment, mais il y a aussi pas mal de positif à retenir du tournoi en général, et même de ce match-ci, dans lequel Nadal était tout simplement plus fort que moi", continuait Goffin, "j'ai l'impression d'avoir retrouvé ma combativité et mon jeu, de m'être vidé la tête. Je regrette seulement de devoir déjà changer de surface alors que je commençais seulement à me sentir vraiment à l'aise sur la terre battue. Le gazon c'est tout différent, il faut de nouveau un temps d'adaptation, je vais essayer de m'y mettre le plus vite possible." Avec des rendez-vous à Hertogenbosch, Halle et Wimbledon, c'est d'autant plus important qu'il n'aura aucun point à y défendre, alors qu'après cette élimination parisienne un tour plus tôt que l'an dernier il va se retrouver hors du Top 30, sans doute 33e. Quant à Rafael Nadal, forcément interrogé sur la perte du troisième set, et indirectement sur les quelques faiblesses (physiques ?) qu'elle peut éventuellement révéler, il bottait en touche : "Il ne s'est rien passé de spécial, ce sont des choses qui arrivent quand on joue contre quelqu'un qui a son talent. David est un grand joueur, qui a déjà montré qu'il pouvait gagner contre tout le monde, voilà tout. Heureusement au quatrième set j'ai pu remettre de nouveau un peu d'agressivité, cela a été la clé du match, mais je retiens surtout mon niveau de tennis du premier set, il était incroyable."

Cruel pour Elise Mertens : "Mon meilleur match, mais ce n'était pas mon jour"

S'il y a une balle que retiendront aussi bien Elise Mertens qu'Anastasija Sevastova au terme de la formidable bataille qui les a opposées sur le court Suzanne Lenglen - exactement 24 heures après un autre match féminin de haut vol au même endroit entre Naomi Osaka et Victoria Azarenka -, c'est le revers de la Lettonne extérieur ligne sur une des cinq balles de match que s'est octroyée notre compatriote dans la troisième manche au long cours (9-11) d'une partie emballante qui a duré plus de 3 h 15. "L'espace d'une seconde j'ai cru que j'avais gagné", grimaçait Elise. L'honnêteté commande de dire que Sevastova, dont le petit copain est Autrichien et dont le coach est conseillé par Thomas Muster, n'a pas volé sa victoire parce qu'après la première manche remportée par la Limbourgeoise au tie-break c'est elle qui a le plus souvent attaqué et fait le jeu, s'appuyant sur de belles frappes en coup droit, un redoutable premier service et des amorties du plus bel effet (23 rien que dans le troisième set !). Mais la qualification aurait tout aussi bien pu tomber de l'autre côté, dans la mesure où l'on a revu une Mertens proche de son meilleur niveau, résistante et résiliente en défense, jusqu'à tomber à plusieurs reprises dans la brique pilée, avec d'excellents contres qui lui ont notamment valu ces balles de match. Pour beaucoup d'observateurs, ce fut même "le" match féminin de la semaine.

"Aucune des deux ne méritait de perdre"

"Je ne crois pas avoir quelque chose à me reprocher", lançait Mertens déçue, "j'ai donné le maximum sur tous les points, sans tenir compte du score, c'est elle qui a très bien joué les moments importants. La balle est parfois tombée du bon côté de la ligne pour elle, mais il ne sert à rien de s'étendre là-dessus, c'est le tennis, j'ai tout essayé, je dois maintenant regarder vers l'avant. J'étais tout près, j'ai joué mon meilleur match de la saison sur terre battue, mais ce n'était pas mon jour, cela laisse un sentiment mitigé, pas très amusant. Je vais quand même le regarder ce match, l'étudier même, ce n'est pas très gai mais c'est important, on apprend aussi des défaites. Avec Roland Garros, la première moitié de saison s'achève, elle a été plutôt irrégulière en ce qui me concerne, je n'ai pas vraiment joué à mon niveau, mais j'ai l'impression d'avoir progressé mentalement au moment d'aborder la saison sur herbe avec beaucoup d'envie, je sens que le top 15 est de nouveau à ma portée." "Aucune des deux ne méritait de perdre", confirmait joliment la gagnante, "je ne crois d'ailleurs pas avoir déjà disputé un match aussi long, c'était incroyable, elle renvoyait tout, je ne suis pas une meilleure joueuse qu'elle, la réussite était de mon côté, si on rejoue je peux tout aussi bien perdre. Je suis restée agressive d'un bout à l'autre, y compris sur les balles de match, elle a dû beaucoup courir, c'est peut-être ce qui a fait la différence à la fin."

Le rêve d'enfant de Joran Vliegen en double

Avant de fouler le gazon, il reste peut-être une belle aventure à vivre pour Elise Mertens sous les frondaisons d'Auteuil. Elle dispute en effet le double avec la Bielorusse Aryna Sabalenka. "On est toutes les deux éliminées en simple, et on joue le double pour le gagner, on forme une bonne paire." Toujours en double, Kirsten Flipkens et sa partenaire suédoise Johanna Larsson poursuivent également leur route avec ambition, 6-2, 6-0 face aux Russes Diatsjenko/Dzalamidze. Enfin, il reste un dernier petit Belge en course, l'invité surprise qui vit un conte de fée, Joran Vliegen, pour une fois orphelin de son partenaire habituel Sander Gille. L'histoire est inédite. Nos deux compatriotes, que l'on a surtout vu en tournois Challenger et en Coupe Davis, ne possédant pas ensemble le classement nécessaire pour entrer en Grand Chelem, l'unique possibilité du moment était de se séparer. Cela a marché pour Joran, 85e mondial en double, qui a lancé quelques messages via WhatsApp et a vu le Kazakhe Kukushkin y répondre positivement. Résultat, les voilà au troisième tour, après leur victoire sur la paire Pablo Cuevas/Feliciano Lopez, 6-3, 3-6, 6-4. "Passer le premier tour c'était déjà unique pour moi, mais aller plus loin... c'est comme un rêve d'enfant qui se réalise, je dois me retenir de ne pas demander des autographes à tous ces champions que je côtoie ici", sourit-il. "J'espère pouvoir renouveler l'expérience, mais si possible avec Sander, on va essayer de jouer le plus de tournois ATP possibles pour y récolter les points nécessaires, même si ce n'est pas évident, le niveau y est bien plus élevé."
 

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