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David Goffin premier Belge qualifié pour le Masters et "impatient d'y être"

David Goffin a vécu un moment rare jeudi soir dans le palais des sports de Bercy. Une heure vingt après avoir été dominé par Julien Benneteau en huitième de finale du Masters 1000 parisien, il a appris qu'il était quand même officiellement qualifié pour le Masters grâce à la victoire de l'Américain Jack Sock (que David avait éliminé la semaine dernière à Bâle) sur Lucas Pouille, un des deux joueurs qui pouvaient encore le priver de la consécration londonienne. La déception a vite fait place au soulagement et au bonheur mérité.

On a beau dire, et beau faire, le sportif de haut niveau n'arrive pas toujours à triompher de la fatigue et de la pression, deux éléments qui ont sans doute rattrapé David Goffin jeudi en huitième de finale du Masters 1000 de Paris/Bercy. Deux éléments auxquels il faut néanmoins ajouter le gros match de son adversaire, Julien Benneteau, que notre compatriote avait pourtant éliminé au premier tour de l'US Open. Après avoir déjà "sorti" Jo-Wilfried Tsonga, le vétéran français (35 ans), qui n'avait rien à perdre, a souligné après coup : "Il n'y a pas eu beaucoup de matches, dans ma carrière, où j'ai joué aussi bien que celui-ci... j'étais comme sur un nuage." 

Fraîcheur

On ne dira pas la même chose de notre compatriote qui a commis beaucoup de fautes non provoquées et subi la loi d'un Benneteau patron sur le court qui en a, notamment, imposé avec 14 aces et 89% de points sur son premier service (3 aces et 59 % pour Goffin). Etait-ce la rencontre de trop pour David, lors de son... sixième tournoi d'affilée, son seizième match en six semaines, entre Chine, Japon, Belgique, Suisse et France ? Il est clair que le Liégeois n'était plus de première fraîcheur, mais qui s'en étonnera alors qu'il a plutôt mieux "tenu" la distance que d'autres au retour d'Asie ? Peut-être le Masters, en vue duquel il s'est imposé ce "marathon", s'est-il aussi insinué un peu trop dans la tête sous forme de pression - une victoire et il était officiellement assuré d'y être -, alors que son box était rempli à ras bord de proches et qu'il y avait une sorte d'ambiance de Coupe Davis à l'avantage du Français sur un court numéro un où les gens "collent" au terrain ? "Ce n'était effectivement pas mon jour", relevait David, "je n'avais pas complètement récupéré de la rencontre tardive de la veille, j'avais mal dormi, je n'avais pas la tête au match sur ce petit court, et mon adversaire était bon", confessait-il.

Un "marathon" payant

Toujours est-il que le double 6-3 concédé en 1 h 07 ne souffre aucune discussion, et déjà on cauchemardait en imaginant une finale Del Potro-Pouille, gagnée par ce dernier, seul cas de figure (alors plausible) pouvant empêcher le Liégeois de s'asseoir dans un des deux derniers fauteuils au festin des maîtres - il aurait été devancé à la fois par l'Argentin et le Français. Fort heureusement pour le petit clan belge présent à Paris, la délivrance est venue de la partie qui commençait alors tout juste sur le court central et à l'issue de laquelle l'Américain Jack Sock eut finalement raison de Lucas Pouille (7-6, 6-3). On ne s'y attendait pas vraiment, mais le bonheur, et le soulagement, n'en furent que plus grands, au terme d'une aussi longue "marche" à la fois épuisante et enivrante. 

8e mondial ce lundi

Après avoir été le premier joueur belge à intégrer le Top 10 en février dernier, il est donc également le premier à se qualifier pour le Masters en tant que "titulaire" (il était déjà réserviste l'an dernier), alors qu'il n'a quasiment pas joué pendant deux mois cet été, et il occupe désormais la 8e place mondiale. Chapeau bas. Bien sûr, le programme est lourd. "On a en quelque sorte été pris au piège avec les deux victoires, à Shenzhen et à Tokyo, après une semaine de Coupe Davis très exigeante", expliquait son coach Thierry Van Cleemput, "David s'est retrouvé en bonne position pour le Masters, tout s'est enchaîné, on ne pouvait pas laisser tomber Anvers, et à Bâle je lui avais même conseillé d'arrêter après le premier tour, mais il a voulu continuer et il est allé en demi-finale. Aucun regret, bien sûr, la saison est déjà réussie." Le revers de la médaille c'est que pour la troisième année consécutive, Goffin ne pourra pas se préparer cet hiver comme il le faudrait pour la prochaine saison, alors qu'il en aurait besoin. Mais en cette fin d'année il va pouvoir participer à deux évènements dont la grande majorité des joueurs pros ne peuvent que rêver, en découdre parmi les huit meilleurs de l'année ("c'est quelque part incroyable", sourit-il) et disputer la finale de la Coupe Davis, seuls les plus grands ont pu accrocher les deux lors d'une même saison. 

Il les a déjà tous battus sauf Federer et Nadal

"J'aurais préféré me qualifier en gagnant mon match, et puis Lucas (Pouille) est un ami, mais je suis tout de même très content", souriait-il au micro de l'ATP. "C'est le rêve de tous les joueurs de disputer le Masters et c'est la première fois pour moi. Un beau cadeau, qui compte beaucoup à mes yeux, je suis impatient d'y être." Auparavant, il aura enfin quelques jours (une huitaine, mais il ralliera déjà Londres jeudi) sans compétition, espérons que cela lui suffise pour se régénérer, se ressourcer, redevenir conquérant, avant d'enchaîner deux semaines "historiques". Car même s'il ne sera favori ni au Masters (12/19 novembre), cela va sans dire, ni en finale de Coupe Davis, contre les Français chez eux (24/26 novembre), il a certainement des arguments à faire valoir dans les deux cas. Oui même au Masters dont il a déjà battu tous les participants, à l'exception de Federer et de Nadal. Bien sûr, l'absence de pointures comme Djokovic, Murray, Nishikori, Wawrinka ou Raonic a rendu le débat plus ouvert, mais où aurait fini David si, comme ses rivaux de Londres, il avait pu continuer à jouer sur sa valeur durant l'été ? L'accident de Roland Garros rend sa performance d'autant plus méritoire et méritée. Quant au plateau londonien, il garde belle allure avec, au delà des deux grands favoris, les Zverev, Thiem, Cilic et autre Dimitrov.

Une progression continue

"Ce fut une dure saison", résumait David toujours pour l'ATP, "elle a très bien commencé, les six premiers mois ont été vraiment bons, j'ai joué deux finales (Sofia et Rotterdam, ndlr) et j'ai réalisé quelques résultats sur terre battue (il a notamment battu Djokovic à Monte Carlo, ndlr)." Coupé dans son bel élan par la maudite bâche parisienne, il a mis du temps à revenir. On a alors espéré que le fait d'avoir dû "zapper" l'été lui donnerait du "bois de rallonge" pour la fin de saison. Ce fut le cas. Avec le formidable match de relance contre Kyrgios en Coupe Davis. Et puis la tournée en Asie... "je ne m'imaginais pas y réussir de tels résultats, ce fut un peu une surprise pour moi aussi." Pour la première fois, cette année, il a dépassé les 50 matches gagnés, depuis fin août il en a remporté 21 contre 5 perdus, et s'est installé dans le Top 10. C'est la meilleure saison de sa carrière... comme toutes les précédentes. Car là où David impressionne peut-être le plus, à 26 ans, c'est dans cette progression continue, palier par palier, qui, n'en doutons pas, n'est pas terminée, il passe insensiblement mais régulièrement des caps, l'amélioration au service, à la volée, en coup droit est significative en 2017, le travail (on n'oublie pas son coach), le talent, et la volonté permanente qui l'anime d'être toujours meilleur, paient année après année, malgré des zones de préparation bousculées, de quoi être fier de soi... et nous de lui.
 

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