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David Goffin, virtuellement 7e mondial, entre vraiment dans l'histoire

En sortant Nadal lundi soir (7-6, 6-7, 6-4) lors de son premier match au Masters de Londres - et même si Rafa a renoncé ensuite à poursuivre la compétition en raison de son problème récurrent au genou droit -, David Goffin est entré un peu plus dans l'histoire de notre tennis. Jamais encore un Belge n'avait battu un numéro un mondial ATP, une victoire qui vaut 200 points au ranking et lui permet de gagner encore une place, il pointe désormais virtuellement 7e mondial.
 

A l'occasion d'une année 2017 pourtant martyrisée par l'accident de Roland Garros qui lui a coûté son été, David Goffin aura encore passé un ou deux caps supplémentaires, avec en point d'orgue des succès marquants face à Djokovic, Kyrgios et Nadal, deux victoires en tournoi, dont un premier ATP 500, et une place désormais confortable parmi les dix meilleurs mondiaux. On peut évidemment arguer que des cadors comme Djokovic, Murray, Nishikori, Wawrinka ou Raonic ont écourté leur saison pour des raisons physiques, et que ce lundi Nadal n'était pas à 100 % de ses phénoménales capacités. Mais on doit alors convenir que David a lui aussi connu son lot de contretemps, à deux doigts de se briser la cheville à Paris, et qu'avec Rafa ils se sont malgré tout livré, durant les deux premiers sets du moins, une bataille haut de gamme digne des meilleurs matches du Masters. Le public a vibré au point que l'arbitre a dû appeler au calme, et les coups mirifiques du Majorquin, au pied du mur en fin de deuxième manche, n'avaient pas l'air de sortir de la raquette d'un grand blessé. Pour l'anecdote, seuls Roger Federer et Gilles Muller (un autre match monumental, à Wimbledon) ont d'ailleurs vaincu Nadal cette année au niveau Grand Chelem.

Quatre balles de match au deuxième set

Au cours de ce match qui aurait mérité d'être télévisé dans toute la Belgique plutôt que sur une chaîne payante, on a pu à nouveau juger de la progression réalisée par notre compatriote lors des derniers mois dans tous les compartiments du jeu, service (14 aces), volée, coup droit, revers long de ligne, dans l'agressivité et la prise de risques, mais également de la difficulté qu'il peut encore éprouver à confirmer une différence ou à conclure sur son engagement, même si sur l'ensemble de la saison il y a eu une amélioration là aussi. On a pu craindre, par moments, que ce soit pour lui le match des occasions manquées, alors qu'on peut vraiment dire qu'il a "fait" tout le match et la course en tête dans les trois manches. Avec courage et bravoure, cool comme toujours, et de temps en temps ratrappé par les nerfs comme parfois (deux doubles fautes alors qu'il servait pour le premier set, une alors qu'il servait pour le match au deuxième). 

Nadal, plusieurs fois breaké, a encore forcé l'admiration malgré ses difficultés, refusant de s'avouer vaincu, sortant des coups venus d'ailleurs dans les moments importants, même s'il a payé ses efforts dans un troisième set qu'il avait su forcer d'époustouflante manière. Dans la manche initiale, David a pris deux fois le service du numéro un mondial et servi pour le set, mais s'est fait rejoindre, avant de quand même s'imposer au tiebreak 7-5. Au deuxième set, rebelote, avec en prime quatre balles de match, dont trois à 0-40 sur le service de Nadal, toutes sauvées de magistrale manière par Rafa, avant un autre tiebreak où l'Espagnol poursuivit sur une impressionnante lancée (4-7). 

"Finir un match contre Rafa, c'est très dur"

"Cette fin de deuxième set a été dure à surmonter mentalement, honnêtement je ne sais pas trop comment j'y suis parvenu", convenait David, qui n'a pourtant pas trop accusé le coup. "En même temps, sur ces balles de match et sur le tiebreak je n'avais pas vraiment de regrets, c'est lui qui a super bien joué, il n'a pratiquement passé que des coups gagnants, il n'y avait pas grand-chose à faire, peut-être à une opportunité près." Alors qu'on pouvait craindre que la partie ne bascule alors côté numéro un mondial, c'est donc l'inverse qui s'est produit, Nadal a lâché du lest, s'est fait breaker deux fois, a encore refait une partie de son retard, mais cette fois la messe était bien dite. David pouvait savourer, des étincelles plein les yeux. "Après le deuxième set, je me suis juste dit qu'il fallait que je continue en essayant de ne pas me prendre la tête", expliquait Goffin, "finir le match quand on a en face de soi le champion le plus fort mentalement de tout le circuit, c'est très dur, même quand on sent qu'on a les cartes en mains, je suis heureux d'avoir pu trouver la clé. J'ai bien vu qu'il avait un peu mal au genou, qu'il ne bougeait pas tout-à-fait à 100 %, mais ça reste un joueur très difficile à battre, il frappait vraiment très fort, sortait des balles incroyables, j'ai su rester calme, et concentré sur ce que j'avais à faire. Commencer par une telle victoire, dans un tournoi comme le Masters et dans une telle ambiance, c'est de la confiance emmagasinée pour la suite, quoiqu'il arrive. Je suis là pour donner mon maximum, dans le premier match c'est passé, on verra lors des deux autres si je peux aller en demi-finale." 

Quant au constat de Nadal, il était on ne peut plus clair : "J'ai vraiment essayé, je me suis battu pendant tout le match en pensant que ce serait sans doute le dernier cette saison. Je l'ai compris pendant la partie. Je n'ai pas décidé d'arrêter la compétition il y a cinq minutes, je l'ai fait sur le court. Même si j'avais gagné, j'aurais déclaré forfait parce que je n'y prenais aucun plaisir, c'était déjà un miracle d'être si proche au score. Cela n'aurait pas de sens de continuer. Mon engagement était d'essayer, c'est un tournoi très important que j'ai trop souvent manqué dans ma carrière (il ne l'a jamais gagné, ndlr). Je suis certainement le joueur, dans le haut du classement, qui a eu le plus de blessures durant sa carrière. C'est un défi. Mais on a l'expérience avec cette blessure, on espère pouvoir bien la gérer, on va essayer d'être prêt pour le début de la saison prochaine."

Mercredi contre Dimitrov

La sortie de Rafael Nadal, que, sur sa valeur, on pouvait voir victorieux dans ses trois matches, rebat évidemment les cartes pour la suite. Son remplaçant dans les deux derniers matches de poule, Pablo Carreno Busta, est d'autant moins du même calibre que depuis sa belle demi-finale à l'US Open il n'a plus gagné qu'un match (contre Pella), s'inclinant au premier tour à Pékin face à Steve Darcis. A-t-il dès lors les moyens de jouer les trouble-fêtes face à Goffin, Dimitrov et Thiem qui se disputent les deux places en demi-finales ? Pour David, le prochain rendez-vous c'est ce mercredi, 15 h (direct sur Voo Sport World), face à Grigor Dimitrov qui a lui aussi remporté son premier match, en trois sets, face à Thiem que David rencontrera vendredi. Tout reste ouvert.
 

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