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Coupe Davis, Belgique-Australie 3-2, deuxième finale en trois ans : "On mérite de le soulever une fois, ce Saladier !"

C'est décidément l'équipe du dimanche (sans voiture à Bruxelles). Menée 1-2 après un double sans espoir, la Belgique a réussi le même exploit que face à l'Argentine il y a deux ans, renverser le score lors des deux derniers simples. A cette différence près que David Goffin a dû écarter un joueur du calibre de Nick Kyrgios, qu'il n'avait jamais battu. "Il a joué comme un Top 2 mondial", a résumé Steve Darcis, à nouveau le roi du cinquième match. C'est dingue, on va jouer une deuxième finale de Coupe Davis en trois ans. En France cette fois. A Lille ou à Paris, qu'importe. "Les gens ne réalisent pas vraiment ce que cela signifie", dit le capitaine Johan Van Herck. "On ne réalise pas trop ce qui nous arrive non plus", rigole Steve, "mais on mérite de le soulever une fois, ce Saladier !". 

Le Palais 12 a vibré pendant trois jours comme à un concert de Stromae, sauf que, rien que vendredi et dimanche mis ensemble, cela a duré plus de douze heures, pour finir en apothéose. Le grand vaisseau de Brussels Expo et ses 8.000 places, plein à ras bord, a tangué, bras levés au ciel. On se souvient qu'il y a deux ans, à Forest, on avait déjà vécu un moment inoubliable, mais la salle comble du dimanche avait été complétée par quantité d'invitations pour que les joueurs aient l'ambiance qu'ils méritent. Cette fois, il n'a pas fallu faire appel aux sponsors, les gens sont venus. Et le moins que l'on puisse dire est qu'ils en ont eu pour leur argent. Il y a deux ans, David Goffin et Steve Darcis avaient déjà remonté le 1-2 concédé le samedi, avec cet esprit de corps qui symbolise l'équipe de Johan Van Herck, mais face à l'Australie on a pu assister en prime à "un affrontement niveau Top 2 mondial" dixit Steve Darcis évoquant le Goffin-Kyrgios qui a tenu le public en haleine, et l'a mis en joie, durant trois heures. 

"Il a embrassé la ligne"

Alors qu'on se demandait dans quel état il se présenterait pour cette joute cruciale, on a vu le meilleur Goffin depuis des lustres, qui a fini par écoeurer un Kyrgios pourtant parfaitement concentré sur son sujet. Evidemment, c'était à Bruxelles, et sur terre battue, mais quand même. Après avoir perdu la première manche sur des services intouchables de l'Australien, il a progressivement pris la mesure de son adversaire, tout en servant comme il ne l'a jamais fait, qui aurait imagine qu'il finirait le match en passant à peine quatre aces de moins que le prodige des antipodes ? Il a fini sur un jeu blanc, et sur un ace. "Valait mieux, au plus ça durait au plus cela devenait tendu", a-t-il confessé. "Il est allé embrasser la ligne qu'il a touchée avec son dernier service", indiquait le président fédéral André Stein, "c'est dire son état d'esprit." On a bien deux "Mister Davis Cup", se rend-on compte que David a gagné 19 des 22 matches disputés sous le maillot national ? "C'est toujours difficile de jouer un match à 2-2", ajoutait Steve Darcis, "mais comment ne pas être inspiré quand on voit un match comme celui de David ?" Les Australiens avaient changé d'homme, et lancé Jordan Thompson, 70e mondial, pour conclure en lieu et place du John Millman de vendredi. Mais rien n'y a fait. On ne va pas dire que Steve - qui avait déjà poussé Kyrgios aux cinq sets ne l'oublions pas - a déroulé, mais on a rarement eu l'impression que l'Australien pouvait inverser le cours de l'histoire. "Tout le crédit revient aux deux joueurs belges qui ont joué deux grands matches, Nick (Kyrgios) n'a pas fait une mauvaise partie, mais David Goffin a été de mieux en mieux au fil de la rencontre, il était difficile de trouver des zones où il n'était pas", convenait le capitaine "aussie" Lleyton Hewitt très déçu et auquel la Belgique ne réussit décidément pas. 

David Goffin : "Quelle émotion, quelle fierté !"

C'est un véritable "match référence" qu'a donc disputé David Goffin face à Nick Kyrgios, "certainement mon meilleur en Coupe Davis, et celui où j'ai le mieux servi de toute ma carrière, je n'avais encore jamais passé vingt aces en quatre sets." Match référence non seulement tennistiquement, mais aussi sur le plan mental. Ceux qui trouvaient ce garçon naturellement introverti pas vraiment fait pour la bagarre, d'abord ne connaissent pas vraiment le fond du bonhomme, mais ensuite ont dû être épaté par la manière dont le garçon s'est engagé dans ses deux matches du week-end, malgré une préparation et un état physique brinquebalants. "C'est une grosse émotion et une grande fierté", a-t-il lancé tout sourire après sa première victoire contre Nick Kyrgios, un Kyrgios par ailleurs très déterminé (des services à 225km/h pour gagner le tiebreak du premier set, une deuxième balle à 210 !) et impeccable dans l'attitude, malgré une raquette cassée de frustration, et d'une sportivité exemplaire. "David était trop bon aujourd'hui, quand il joue comme ça c'est tout simplement un des meilleurs joueurs du monde sur terre battue." 

"Si on la gagne, on sera au delà de l'historique"

Si l'on entend bien les deux joueurs, le premier break du match, celui réalisé par David dans la deuxième manche, fut déterminant : "Kyrgios est resté dans le match grâce à son service, j'étais meilleur que lui dans l'échange, et après l'avoir breaké je me suis senti plus à l'aise", confirmait David. "De la pression, il y en avait, mais dès le matin je me suis senti ok, prêt à une "big fight". Je me sentais mieux physiquement, c'était un match différent de vendredi, avec des rallyes plus courts. Quand on arrive à prendre la vague d'un tel public, à l'utiliser positivement, on peut donner plus encore. Je me suis arraché. On a décidément de bonnes "stats" le dimanche (sourire). Une deuxième finale en trois ans, c'est historique. Et si on la gagne, on sera au delà (re-sourire)." Après un tel match, et même deux - plus de 6 h 30 au total -, on peut penser qu'on ne parle plus des bobos ? "C'est maintenant que l'on va voir", concluait David, "j'ai quand même reçu pas mal de piqures anti-inflammatoires, je ne sais ce que cela donnera quand elles ne feront plus effet. Mon prochain rendez-vous, c'est Metz cette semaine, et j'ai demandé à ne commencer que jeudi. Je suis quelqu'un qui arrive à enchaîner les matches, je les joue plus calmement, j'arrive à bien récupérer, Steve a plus de mal à se remettre d'un week-end pareil." Deuxième tête de série en Lorraine, Goffin est bye au premier tour et affrontera le vainqueur de Benneteau-Almagro au deuxième.

Johan Van Herck : "A quel endroit, sur quelle surface, aucune importance"

Après Belgique-Grande Bretagne il y a deux ans, on aura donc droit à un France-Belgique que nos voisins du sud présentent déjà comme une occasion unique pour les Tsonga, Pouille, et le double Herbert-Mahut, d'enfin regagner la Coupe Davis seize ans après leur dernière consécration et trois après la cruelle désillusion lilloise face à la Suisse de Federer/Wawrinka. Du 24 au 26 novembre, où jouera-t-on cet alléchant derby ? "Deux lieux d'accueil étaient évoqués", écrit le site de L'Equipe. "La nouvelle Arena de Nanterre, qui sera inaugurée le 19 octobre et dont la capacité maximale sera de 40 000 places, semblait l'option prioritaire. Car le retour à Villeneuve-d'Ascq, suggéré par Noah, semble compromis par la programmation, le 25 novembre dans l'enceinte nordiste, du test-match de rugby France-Japon. Il faudra choisir le lieu, mais aussi la surface, la terre battue ayant, dans le passé, régulièrement été retenue." "Je m'en fiche de savoir où et sur quelle surface on va jouer", dit Johan Van Herck. "C'est leur problème, nous on peut jouer sur tout ce qu'on veut, et on va pour la gagner cette coupe. Je viens de vivre ma semaine la plus difficile en tant que capitaine, je ne l'oublierai jamais. Au fond de moi, je n'étais pas optimiste en l'abordant, sans Joris (De Loore) et avec un David aussi incertain physiquement. On a déjà prouvé qu'on pouvait le faire dans les moments chauds, et l'expérience de 2015 va nous aider." 

Les résultats 
David Goffin - John Millman 6-7 (4/7), 6-4, 6-3, 7-5. 
Steve Darcis - Nick Kyrgios 3-6, 6-3, 7-6 (7-5), 1-6, 2-6.
John Peers/Jordan Thompson - Ruben Bemelmans/Arthur De Greef  3-6, 4-6, 0-6.
David Goffin - Nick Kyrgios 6-7(4), 6-4, 6-4, 6-4.
Steve Darcis - Jordan Thompson 6-4, 7-5, 6-2.


Le premier tour 2018, ce sera chez nous!

On ne connaît évidemment pas encore le tirage au sort du groupe mondial de la Coupe Davis 2018, mais on sait déjà deux choses,  la première; c'est que la Belgique sera tête de série, et la seconde qu'en tant que finaliste elle pourra décider de recevoir l'adversaire qui lui sera désigné. Ce premier tour début février se disputera donc chez nous, et selon l'alternance en vigueur en zone francophone.


 

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