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Australian Open : Bemelmans crée la sensation, seule Van Uytvanck éliminée

La première journée (nuit pour nous) de l'Open d'Australie s'est clôturée sur deux bonnes et une mauvaise surprises pour le tennis belge. 
 

Malgré une inflammation à l'épaule ayant nécessité une infiltration et qui l'avait forcée à jeter l'éponge la semaine dernière à Hobart, Kirsten Flipkens est arrivée à passer le premier tour face à l'Américaine Alison Riske (WTA 84), celle-là même qu'elle aurait dû affronter au deuxième tour en Tasmanie. Quant à Ruben Bemelmans, sorti des qualifications, il a causé la sensation du jour dans le tableau masculin en prenant la mesure de Lucas Pouille en quatre manches. Seule fausse note : Alison Van Uytvanck n'a toujours pas réussi à trouver la confiance qui lui permette d'étaler sa vraie valeur tennistique, elle avait les moyens d'éliminer la Croate Petra Martic (WTA 81), mais elle a encore flanché dans les moments importants.

"Lille ? Pas de regret !"

Cela ne nous (re)vaudra pas le Saladier d'argent, mais, quelque part, Ruben Bemelmans a un tout petit peu vengé l'honneur belge face à celui qui, à Lille, a souverainement dominé Steve Darcis pour apporter le point décisif à la France en finale de Coupe Davis. Un contexte n'est évidemment pas l'autre, et Ruben avait d'ailleurs lui-même craqué lors du moment décisif du double au stade Pierre Mauroy. Rétrospectivement, il ne laissait d'ailleurs pas percer le moindre regret après ce premier tour australien. "A Lille, le choix qui a été opéré était normal, Steve avait amplement démontré qu'il pouvait gérer mieux que moi ce genre de cinquième match, on ne peut comparer les deux événements." Le fait est que, lundi, la pression n'était pas la même, et sans doute l'adversaire n'était-il pas non plus dans les mêmes dispositions, toujours est-il que le Limbourgeois s'est méritoirement imposé en quatre sets face au 18e mondial français. 

"La plus belle de ma carrière"

On a pourtant craint que ce match, entamé sur les chapeaux de roues (un double 6-4, plus de 70 % de premières balles, Pouille impuissant en retour), soit une fois de plus celui des occasions manquées pour notre compatriote qui eut la possibilité de conclure en trois manches, avec trois balles de break dont il ne profita pas en fin de troisième set, et surtout un tie-break où il mena 4-1, deux services à suivre, et qu'il perdit 4-7. Au quatrième set, il mena encore 4-1, mais sa qualité de service avait diminué (58 % de premières). Et c'est Pouille qui donna alors l'impression de prendre l'avantage, Bemelmans sauvant sept balles de break pour finalement forcer un nouveau tie-break, qu'il mena cette fois à bien (8-6) après avoir sauvé une balle de set à 5-6. "Battre un Top 20, que rêver de mieux pour commencer l'année ?", souriait-il, "je n'avais joué qu'un seul match avant de venir ici, perdu en Inde sur deux tie-breaks, mais je sentais que j'étais bien. Je pense que c'est la plus belle victoire de ma carrière, oui, j'ai certes déjà battu Kyrgios à Anvers mais il m'a quelque part un peu "donné" le match, ici je suis allé le chercher."

"Même à deux sets zéro, c'était chaud !"

"Lucas m'avait battu en trois sets au premier tour de l'US Open l'an dernier", continuait Bemelmans, "on n'a peut-être pas vu le meilleur Pouille dans les deux premiers sets, mais j'ai aussi très bien servi et joué le coup tactiquement comme il le fallait, j'ai été très solide. J'avais beau mener deux sets à zéro, cela restait encore très chaud, très ouvert, car par la suite il a mieux servi, il s'est montré plus agressif, j'étais un peu plus nerveux aussi, mais j'ai tenu. Quand on sauve autant de balles de break (12 sur 14 au total), c'est qu'on ne doute quand même pas trop (sourire)." 

"Au cinquième, on ne sait pas ce qui se serait passé"

Le Français, qui, dans le timing raccourci par la finale de la Coupe Davis, avait choisi de ne pas disputer de tournoi de préparation avant d'arriver à Melbourne, avait du mal à digérer la pilule : "Je n'étais pas loin de l'emmener en cinquième manche, après on ne sait pas ce qui se serait passé. Mes deux premiers sets ont été mauvais. Les conditions étaient difficiles, pas mal de vent, d'ombre et de lumière sur le terrain, j'ai essayé de me battre et ça a commencé à être de mieux en mieux, il me manque un peu de points importants gagnés, de balles de break concrétisées. Dans le quatrième set, j'ai pas mal d'occasions pour servir pour la manche, et dans le tie-break, sur la balle de set, je n'en mets pas assez sur le retour, puis j'en rate deux sur deuxième balle, c'est dommage. Je ne remets rien en cause, que ce soit la préparation qu'on a faite cet hiver ou l'entraînement, on a bien bossé en arrivant ici, mais c'est sûr que j'ai besoin de matches."

Un deuxième tour qui reste accessible

Ruben Bemelmans (ATP 117) ne partira bien sûr pas favori lors d'un deuxième tour qui pourrait, en cas de victoire le ramener aux portes du Top 100, mais il a en principe beaucoup plus de chances sur le papier de s'imposer qu'au premier. Après avoir remporté, à tout juste 30 ans, la toute première victoire de sa carrière à l'Australian Open, il rencontrera en effet mercredi le Géorgien Nikoloz Basilashvili (ATP 61), 25 ans, qu'il n'a encore jamais affronté et qui a éliminé au premier tour en quatre sets l'Autrichien Gérald Melzer, 102e mondial. A priori pas une montagne, donc. "C'est quelqu'un qui frappe sur tout et parfois les yeux fermés", dit Ruben. "Il faudra que je continue à bien varier mon jeu. Je pense que si j'y parviens, je peux lui faire mal. Dans mon esprit, je reste outsider, mais je sais que j'ai les moyens de le battre". 

Kirsten "la divine surprise"

Alors qu'elle avait dû déclarer forfait à Hobart et subir une infiltration dans une épaule douloureuse ("vendredi, j'avais encore dû me brosser les dents de la main gauche", souriait-elle), Kirsten Flipkens n'était pas sûre du tout d'être en état de performer in extremis face à Alison Riske qui l'avait chaque fois battue jusqu'ici. Un premier tour à Melbourne Park vaut toujours son pesant de dollars, même australiens, mais qu'en attendait-elle sportivement ? "Un grand cadeau, une divine surprise", pouvait-elle conclure après coup. "Ce n'était pas facile mentalement et physiquement, même si ça allait beaucoup mieux que la semaine dernière, l'infiltration a fait son effet, mais ce n'est toujours pas du 100 %, je prends encore des anti-inflammatoires et des anti-douleurs. En plus, j'ai perdu le premier set 6-2. Mais je sentais que je n'étais pas balayée, que si j'arrivais à accrocher la deuxième manche j'aurais ma chance, j'étais prête à me battre. J'ai eu trois balles de set à 5-4 que je n'ai pas prises, on a été à 6-6 au tie-break, elle était à deux points du match, mais c'est moi qui les ai gagnés." Ainsi que le troisième set, 6-3, dans la foulée. Mercredi, au deuxième tour, elle rencontrera la Slovaque Magdalena Rybarikova (WTA 21), 29 ans, qui avait atteint les demi-finales à Wimbledon l'an dernier mais qu'elle avait battue en deux sets quelques semaines plus tard à New Haven.    

Elise à l'aise

Pour vous dire à quel point cela a été vite pour elle la saison dernière, Elise Mertens n'avait encore jamais joué un match à l'Australian Open. Elle n'en fait pas moins partie, désormais, des filles dont il convient de se méfier sur le circuit WTA. Elle est arrivée de Hobart, où elle a gagné pour la deuxième année d'affilée, "un peu fatiguée", mais cela ne s'est guère vu face à la qualifiée slovaque Viktoria Kuzmova (6-2, 6-1 en moins d'une heure). "Elle est très jeune, plus jeune que moi (sourire), elle frappe très fort dans la balle, je devais être agressive et concentrée pour éviter toute mauvaise surprise, et je l'ai été, mais il y avait quand même moins de pression que dans une finale, des finales on n'en joue pas tous les jours, j'ai d'ailleurs reçu quelques félicitations, dont celles de David Goffin." Le deuxième tour risque d'être moins "confortable" pour notre numéro une, face à l'Australienne 23e mondiale, Daria Gavrilova, probablement sur un grand court. Elle l'a battue tout récemment en exhibition à la Hopman Cup, en trois sets. "C'est la quatrième fois déjà que je vais la rencontrer", précise-t-elle. "Je sais donc comment elle joue. Elle a un bon coup droit et essaie de mettre beaucoup d'intensité dans ses frappes, mais je joue bien pour l'instant, et je ne crains pas les grands courts, je les aime au contraire."

Alison et ses "démons"

Ce n'est pas encore cette année que l'on reverra à Melbourne l'Alison Van Uytvanck dont le potentiel tennistique méritait les éloges au delà de nos frontières. Son (large) registre de jeu est encore là, mais elle n'arrive toujours pas à l'exprimer pleinement. Ces deux dernières années, la 77e mondiale était tombée d'entrée à l'Australian face à Serena Williams et Victoria Azarenka, ce qui n'était évidemment pas un bon tirage. Mais avec la Croate Petra Martic - 81e mondiale, elle a été Top 50 - elle avait hérité d'une adversaire à sa hauteur. Il y avait effectivement la place, mais ce n'est pas passé (6-7/5, 3-6). "Je n'ai pas assez bien joué, ce n'est pas plus compliqué que cela", a-t-elle reconnu. "Au premier set, il n'a pas manqué grand-chose, mais dans les moments importants mon service et mon coup droit m'ont lâchées. Je voulais tellement gagner, je me mets trop de pression, c'est toujours la même chose, une question de confiance, de stress. Mon coach Alain Devos est toujours calme et de bon conseil, mais il ne peut jouer le match à ma place, je dois essayer d'oublier et continuer à travailler, mais ce n'est pas amusant, même si depuis quelques jours je peinais à à trouver le bon rythme je m'étais imaginé autre chose."
 

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