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Après Nadal, Goffin s'offre Federer et retrouve Dimitrov en finale : "Une sensation indescriptible"

A 26 ans, David Goffin n'a encore jamais atteint une demi-finale en Grand Chelem, ni une finale en tournoi ATP Masters 1000, mais ce n'est que partie remise à en juger par son parcours cette semaine lors du prestigieux Masters londonien dont il dispute la finale ce dimanche (19 h) face à Grigor Dimitrov, après avoir battu Rafael Nadal (lundi) et Roger Federer (hier, 2-6, 6-3, 6-3) en six jours. "C'est la plus grosse surprise de l'année", a décrété Tim Henman à la BBC, "et c'est mérité. Même si on a beaucoup joué, quand on gagne contre les numéro un et deux mondiaux lors de la même semaine, on doit se sentir bien." Quelle performance ! David progresse année après année, palier par palier, mais, là, c'est un peu comme s'il grimpait les marches quatre à quatre.



 

Abasourdis. Il n'y a pas d'autres mots pour décrire la réaction de tous, spectateurs et spécialistes, samedi après-midi dans la sublime arena londonienne O2 qui accueille le Masters, officieux championnat du monde entre les huit meilleurs de la saison. Personne, mais alors absolument personne, n'accordait une chance à David Goffin face à Roger Federer. Et il y avait de bonnes raisons à cela. D'abord, les six déroutes d'affilée concédées par Goffin face au meilleur joueur de l'histoire auquel il n'avait arraché que deux sets, la dernière démonstration en date étant le 6-1, 6-2 d'il y a trois semaines à Bâle où il n'y avait pas eu match. Ensuite, le jeu de notre compatriote dont ce dernier indiquait encore la veille qu'il convenait très bien au numéro deux mondial, un numéro deux mondial qui, à 36 ans, avait également pu prendre le temps nécessaire pour se préparer à son dernier grand objectif dans des conditions de jeu qu'il affectionne, alors que David, entraîné dans une sorte de spirale infernale menant audit Masters, en était à son 26e match en deux mois. A plusieurs reprises, précédemment, on avait d'ailleurs senti le Liégeois un peu au bout du rouleau, au plan énergétique et psychologique, mais en même temps c'est quelqu'un qui aime enfiler les matches et, l'air de rien, physiquement c'est un phénomène dans son genre. 

Henman : "La plus grosse surprise de l'année"

"A le voir jouer mercredi en match de groupe contre Dimitrov et faire deux jeux, on aurait pu penser de l'extérieur que David Goffin avait déjà la tête en finale de Coupe Davis", expliquait Tim Henman, consultant télé à la BBC, "alors que ce que l'on vient de vivre est tout simplement la plus grande surprise de l'année (avec sans doute l'élimination de Nadal par Muller à Wimbledon, ne soyons pas chauvins, ndlr) et une victoire pleinement méritée. Je ne dirai pas que Federer a très bien joué, je l'ai trouvé un peu plat à part en première manche lorsqu'on a cru que le match prendrait la tournure attendue (2-6, 9 balles de break pour le Suisse, aucune pour le Belge, ndlr), c'est dur pour lui de conclure une aussi belle année de la sorte, mais Goffin a été brillant et même sensationnel aux deuxième et troisième sets dès qu'il a mené 3-0 sur un break superbe en début de deuxième, il a mieux servi et commis moins de fautes. On pouvait penser qu'il ne tiendrait pas jusqu'au bout, mais il l'a fait." 

Federer : "Une saison fantastique, jusqu'à aujourd'hui"

"Cela a été difficile de se faire breaker au début du deuxième set, alors que j'ai eu des occasions d'égaliser à un partout, et de maintenir la pression sur lui", confirmait Federer. "Je n'ai pas été assez précis au service, il a aussi très bien retourné. Avec le recul, je pense que cela a été un moment-clé, celui où les choses ont vraiment tourné en sa faveur, il se sentait mieux, ne ratait plus grand chose. Il a élevé son niveau de jeu, et je n'ai plus pu suivre. Peut-être que j'ai baissé un peu quand lui s'améliorait. Peut-être que je n'ai jamais atteint mon meilleur niveau, parce que si au premier set ça allait, lui ne jouait pas super. C'est effectivement un peu triste de conclure là-dessus. Mais au final, il a extrêmement bien joué, c'était lui le meilleur sur le terrain. Je suis déçu parce que c'est un court indoor sur lequel j'aime jouer, mais j'ai eu des occasions et je les ai manquées, lui a été très concentré sur les siennes, c'est ce qui a fait la différence. J'ai vécu une année fantastique. Je suis tellement content d'avoir joué à ce niveau du début à la fin. Jusqu'à aujourd'hui."

Goffin : "J'ai très bien servi, cela m'a beaucoup aidé"

Si après la victoire épique de Goffin contre Nadal on avait mis l'accent sur le problème de genou du Majorquin, en oubliant que David jouait depuis des semaines avec un mal du même genre, plus ou moins gênant selon les moments, rien de tout cela face à Federer sinon qu'à la surprise générale c'est lui qui a donc fini par asphyxier et écoeurer le Suisse en jouant, le plus souvent libéré, son meilleur tennis, cela doit fichtrement donner confiance après un marathon aussi exigeant et épuisant depuis septembre. Il avait dit avant le match, lui-même quelque peu incrédule, qu'il lui faudrait trouver quelque chose de nouveau pour éviter de se faire encore corriger par son "modèle". Alors qu'était-ce ? "Je dirais que c'était mon jour, "the feeling of the day" comme on dit ici, une sensation impossible à décrire, il n'y a pas de mots, battre deux légendes comme celles-là en quelques jours, surtout Roger mon idole depuis que je suis tout petit, c'est vraiment très spécial, la plus belle victoire de ma carrière certainement", souriait-il aux anges, "j'étais un peu nerveux au début, j'ai commencé à bien sentir la balle au deuxième set, le secret c'était de jouer vite, en tout cas plus vite que dans la première manche. J'ai essayé d'être plus agressif et ça a payé, j'ai frappé de grands coups droits, j'ai été meilleur en revers, et quand on me voit au filet c'est que ça tourne bien pour moi (rire). J'ai très bien servi aussi, oui surtout j'ai très bien servi et jusqu'à la fin, cela m'a beaucoup aidé lors du dernier jeu où j'étais de nouveau un peu nerveux (sourire). A vrai dire, je ne me rends pas encore vraiment compte de ce qui arrive, mais c'est mieux ainsi car il reste un match très difficile à jouer."

Cinquième mondial s'il gagne la finale

Le voilà donc en finale du Masters, un exploit que personne ne peut plus ignorer désormais, y compris ceux qui font perpétuellement la fine bouche. Assuré d'être septième mondial, il se rapproche désormais à 30 points de Marin Cilic sixième, mais si d'aventure il gagne la finale il deviendra cinquième au ranking ATP. Il retrouve donc Grigor Dimitrov ce dimanche soir quatre jours après l'avoir "subi" en poule (0-6, 2-6). Au moment d'évoquer l'ultime étape d'une extraordinaire épopée (du moins avant un dernier challenge en Coupe Davis pour conclure en beauté), il ne savait pas encore qui il y affronterait, Dimitrov ou Sock (qu'il avait éliminé à Bâle) ? "Si vous avez suivi les derniers résultats, vous connaissez la réponse", rigolait-il. Son vœu n'a pas été exaucé. Le Bulgare s'est qualifié, mais difficilement malgré un nouveau 6-0 (au 2e set), à l'occasion d'une deuxième demi-finale qui s'est terminée après 22 h locale (4-6, 6-0, 6-3). C'est une des particularités de ce "tournoi des maîtres" de pouvoir se retrouver face à un adversaire que l'on a déjà rencontré plus tôt dans la semaine. Dimitrov forcément part favori au vu de son écrasante domination lors du premier match et du fait que son tennis n'a jamais trop réussi à David, mené 4-1 au bilan des confrontations directes. Ceci étant, c'était également le cas avec Federer, et le Bulgare n'a pas reproduit le même niveau de jeu samedi face à Sock, il l'a reconnu, alors que David, mercredi dernier, n'avait pas vraiment digéré le match précédent contre Nadal. Qu'en sera-t-il cette fois au lendemain du moment historique vécu face à Federer ? "Ce sera de toute façon différent de ce qui s'est passé auparavant, il s'agit d'une grande finale, cela ne se compare à rien", répond Goffin.

Pour la petite histoire, David Goffin n'est que le sixième joueur à éliminer à la fois Nadal et Federer dans le même tournoi, après Djokovic, Nalbandian, Davydenko, Del Potro, Murray, et le troisième au Masters après Davydenko (2009) et Djokovic (2013/2015). Le nombre de grands joueurs qu'il n'a pas encore battu a en tout cas rétréci drastiquement cette année avec ses victoires face à Djokovic, Kyrgios, Nadal et Federer. "Cela donne confiance, en espérant que cela me permette encore de passer des caps à l'avenir et de monter au classement", conclut notre compatriote.

 

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