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Anvers : cruelle déception pour David Goffin... et pour l'European Open

Les organisateurs du tournoi d'Anvers, qui avaient mis les petits plats dans les grands pour cette édition, ne méritaient pas ça. Autrement dit de voir disparaître dès son premier match la tête d'affiche du tournoi, David Goffin, et de perdre le même jour deux autres têtes de série, Gaël Monfils et Diego Schwartzman, tandis qu'à la manière d'un certain Tsitsipas il y a deux ans les jeunes Sinner et Humbert impressionnaient la nombreuse assistance. 

Un tournoi qui ne lui réussit décidément pas

Quelle désillusion, aussi bien pour un Goffin crucifié que pour l'organisation de l'European Open ! Même si on sait qu'entrer dans un tournoi, dans des conditions complètement différentes de la dernière compétition disputée à l'autre bout du monde, est parfois chose délicate, personne ne s'attendait à ce que David, que l'on avait quitté en Asie dans une forme appréciable, rate la première haie à Anvers. Lui le premier, à en juger par la mine sombre avec laquelle il déserta rapidement le court. La frustration, pour utiliser un mot faible, semblait énorme. Décidément, ce tournoi qui lui tient à coeur et compte beaucoup sur lui, mais tombe  mal dans son programme, ne lui réussit pas, au contraire des rendez-vous japonais et chinois qui le précèdent. La pression liée au contexte joue aussi son rôle, on a eu l'impression d'un Goffin aussi tendu qu'il avait pu paraître la plupart du temps libéré à Shanghai contre Federer. Enfin, il avait lui-même mis en garde quant aux progrès du jeune Ugo Humbert, 21 ans, ainsi que sur ses qualités au service, et le Français a joué un match de feu, passant la bagatelle de 78% de premières balles pour 59% à notre compatriote qui n'a su forcer qu'une balle de break sans la transformer. Reste que le score (3-6, 1-6 en 1 h 07) est lourd pour un joueur de ce niveau... comme d'ailleurs celui de Monfils dont nous parlons plus bas, et de Fognini, autre candidat au Masters qui rejouait directement en rentrant d'Asie, "laminé" 1-6, 1-6 ce même jour à Stockholm, est-ce un hasard ? Tout se jouera désormais à l'ATP 500 Bâle dès lundi pour David, et ensuite à Bercy lors de l'ultime Masters 1000 de la saison. En attendant, huitième et dernier qualifié actuel pour le Masters, l'Italien Matteo Berrettini, qui, lui, ne jouait pas cette semaine, est le grand vainqueur du jour... par défaut puisqu'il maintient son avance (200 points sur Goffin, 10e) tout en profitant de quelques jours de repos.

"Le match de sa carrière jusqu'ici"

Au moment d'expliquer l'embardée, David balaya d'entrée les problèmes de tension dus au fait de jouer devant le public belge - "il y en a toujours un peu au début, mais à la longue pas plus que ça" - ou de "off day" - "je ne me sentais pas mal". "C'est Ugo qui a joué le match de sa carrière jusqu'ici", lançait-il. "Il a décidé d'entrer à fond dedans, de frapper fort des deux côtés sans se poser de questions, et tout a réussi, ça allait vraiment vite, c'était compliqué de suivre. J'ai essayé de m'accrocher, de varier, de me rapprocher de ma ligne, de saisir les petites opportunités que je sentais, mais il ne m'a jamais laissé revenir, il n'a pas flanché, il a tenu jusqu'au bout, y compris à la volée qui n'est pourtant pas son point fort. Il m'a neutralisé, empêché de jouer, il ne m'a rien laissé et ne m'a jamais permis de prendre mes marques. La mauvaise surprise c'est lui qui me l'a faite en jouant comme ça. On va voir la suite, car il est en général compliqué d'enchaîner pour quelqu'un qui livre une prestation pareille, au match suivant il peut retomber de haut." L'avis de Thomas Johansson, le coach du Liégeois, était plus nuancé : "C'est une combinaison de choses, Humbert a très très bien joué, on a tous été surpris et impressionné par son niveau, mais David a été trop défensif, il est resté trop derrière sa ligne de fond et il a moins bien servi qu'en Asie, on doit travailler ça pour les deux semaines à venir, je reste cependant positif, je sais le niveau qu'il peut atteindre. Je dois dire que je l'ai senti à la fois nerveux, fatigué et surexcité au moment d'aborder ce match, pour l'avoir moi-même vécu je sais que lorsqu'on veut montrer son meilleur tennis à son public on fait parfois des choses que l'on ne doit pas faire et on aboutit au résultat inverse."  

Une finale Wawrinka-Murray ?

Plus tôt dans la journée, deux autres têtes de série du tournoi avaient donc déjà été éliminées dès le deuxième tour. Le 15e mondial argentin Diego Schwartzman a subi la loi du Roumain Marius Copil, 92e à l'ATP, "un des meilleurs serveurs du circuit" dixit Murray, qui avait éliminé Ruben Bemelmans lors des qualifications et fêtait ce jeudi son 29e anniversaire. Copil a quitté le court fort d'un gros ticket pour les quarts de finale (contre Andy Murray) et d'un superbe gâteau d'anniversaire offert par la direction du tournoi. Quant à Gaël Monfils, à deux doigts d'une qualification pour le dernier carré lors du dernier US Open, il a confirmé qu'il n'avance plus depuis lors. Il n'a été que l'ombre de lui-même face à l'épatante révélation transalpine (décidément le tennis italien...), Jannik Sinner, 18 ans et déjà aux portes du top 100 - 119e mondial, il pourrait entrer dans les 100 pour la première fois en cas de victoire ce vendredi contre l'Américain Tiafoe. La partie a duré à peine une heure, le Français se montrant incapable de tenir l'intensité et le rythme imprimés par son jeune adversaire. Quant à Andy Murray, il a joué à un autre niveau qu'au premier tour pour se défaire de Pablo Cuevas 6-4, 6-3, malgré les 14 aces passés par l'Uruguayen (pour 12 au Britannique). "J'ai dit en arrivant que je pouvais gagner le tournoi si j'évoluais à mon meilleur niveau", soulignait Murray, "comme j'ai joué le premier match ce n'était certainement pas le cas, comme aujourd'hui par contre j'ai une chance, je me sentais beaucoup mieux, plus confortable sur le court, je bougeais bien, les frappes étaient clean. Néanmoins, je vous rappelle que, depuis mon retour, je n'ai encore jamais aligné plus de trois matches de suite durant la même semaine." Alors que l'organisation annonce "sold out" pour le week-end, que peut-on souhaiter de mieux désormais, pour le prestige de l'événement, qu'une finale Wawrinka-Murray en guise d'apothéose dimanche ?

Vliegen et Gillé en course pour le titre

On en parle moins, mais deux Belges ambitionnent toujours de remporter le tournoi. Depuis la mi-juillet, notre paire de double de Coupe Davis Sander Gillé et Joran Vliegen a récolté trois titres ATP 250 (Bastad, Gstaad, Zhuhai) et disputé une finale (Kitzbuhel), là voilà à présent en demi-finale à Anvers après avoir gagné ses deux premiers matches . "Si on pouvait choisir, accrocher l'European Open serait sûrement le plus beau de nos trophées jusqu'ici", disent-ils. "Jouer chez nous c'est spécial, on est plus suivis et sollicités, les amis viennent nous voir, comme on livre une bonne saison les gens attendent qu'on gagne, cela prend de l'énergie et ajoute de la pression, mais en même temps c'est plaisant et motivant. D'autant que Johan Van Herck est présent et qu'il livrera sa sélection pour Madrid en début de semaine prochaine (avec ou sans Steve Darcis - "l'émotion n'entre pas en ligne de compte", a prévenu le capitaine hier, ndlr), c'est toujours bien de confirmer chez soi la bonne impression laissée ailleurs. Les deux dernières années, on avait chaque fois perdu ici de justesse au premier tour. Maintenant, on remarque des scouts dans la tribune, les concurrents commencent à nous connaître, ils savent qu'ils risquent de devoir nous affronter dans le futur, c'est un chouette feeling."

"A présent, on gagne quand même un peu d'argent"

A 26 et 28 ans, les deux compères pourraient avoir de belles années devant eux dans une discipline où l'on peut jouer plus longtemps qu'en simple. Pour l'heure, ils sont en quête de points pour encore progresser au ranking et avoir accès aux ATP 500 et aux Masters 1000, là où on gagne le plus d'argent et de points, les Grand Chelems exceptés. Jusqu'ici, ils voyagent seuls et s'occupent de tout eux-mêmes, s'entraînent à Genk d'où on les supervise par "Whats App", et essaient d'épargner pour se payer un coach sur le circuit la saison prochaine. Avec respectivement 125.000 et 170.000 dollars de prize money brut cette saison, compte tenu des frais à assumer, ils ne roulent toujours pas sur l'or, mais "à présent on gagne quand même un peu d'argent", sourient-ils. En demi-finale, ils affronteront samedi les Argentins Pella et Schwartzman. 

Le programme anversois de ce vendredi
Quarts de finale

14 h Sinner-Tiafoe suivi de Wawrinka-Simon.
18 h 30 Murray-Copil suivi de Pella-Humbert.
 

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